Histoire et archéologie des mondes chrétiens et musulmans médiévaux (UMR5648) Laboratoire d’histoire des théories linguistiques (UMR7597) avec le soutien
de l’École pratique des hautes études
de l’Institut universitaire de France
et de l’Université Lumière Lyon 2
de l’École pratique des hautes études
de l’Institut universitaire de France
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Colloque international
Le pouvoir des mots au Moyen-Age
Lyon 22-24 juin 2009
Le pouvoir des mots au Moyen-Age
Lyon 22-24 juin 2009
Adam nomme les animaux (Paris, BnF lat. 3630, f. 82v)L’idée d’un pouvoir ou d’une efficacité des paroles émerge de la lecture de sources fort différentes au Moyen Age, qu’il s’agisse de textes doctrinaux ou d’ouvrages à vocation pratique. On aimerait, dans cette rencontre, tenter de les confronter, de voir, dans une perspective anthropologique, s’ils se laissent interroger au moyen de questions semblables, et corrélativement, quelle est la spécificité des uns et les autres. Les domaines auxquels on peut penser sont la médecine (incantations), la magie (formules), la prédication (sermons et exempla), la poésie, la politique (discours et actes écrits), les rites d’engagement (promesse, serment, vœu), les pratiques judiciaires (ordalies, aveux, qualification juridique), la religion (prière, sacrements, exorcismes, miracles, blasphèmes, bénédictions et malédictions), les approches conceptuelles et les constructions intellectuelles (théologie et philosophie, droit, rhétorique), les représentations figurées de la parole efficace. Voici un ensemble de questions qui permettraient d’amorcer les échanges :
- Quelles sont (s’il y a lieu) les règles qui régissent l’utilisation du discours efficace ?
- L’efficacité fait-elle l’objet d’un discours réflexif, normatif et/ou théorique, ou est-elle simplement décrite de façon pratique ? Fait-elle éventuellement l’objet d’un enseignement, d’une transmission, scolaire ou individuelle, publique ou ésotérique ?
- Quel est le rôle respectif des paroles elles-mêmes et de l’autorité de ceux qui les prononcent ? Est-ce que des paroles identiques prononcées par une personne non autorisée auraient le même effet ? Finalement, l’efficacité dépend-elle du discours (énoncé, parole etc.) lui-même, de l’identité ou l’autorité de celui qui le prononce, des deux et dans quelle mesure ?
- Considère-t-on que les paroles seules peuvent avoir un pouvoir, ou qu’elles ne l’ont que si elles sont entendues par d’autres, voire insérées dans un rituel, accompagnées de gestes, prononcées publiquement ? Quels sont les éléments de ce rituel s’il existe (ainsi, les paroles doivent être prononcées dans un temps ou un lieu donné, etc.) ? Comment envisage-t-on l’efficacité de paroles prononcées à distance ?
- Quel rôle jouent les différents constituants du discours : sa forme matérielle (phonique, graphique, musicale), sa signification, sa structure (logique, argumentative, etc.) ? Quelle est la part des formules standardisées et de la créativité langagière ? Envisage-t-on le problème de la différence des langues, de la traduction ? Le pouvoir est-il lié à une langue donnée (langue sacrée par exemple) ?
- Du point de vue du locuteur : y a-t-il des locuteurs privilégiés ? Leur pouvoir est-il toujours immédiat ou peut-il être délégué ? est-ce que la croyance en l’efficacité est un facteur décisif – ou inversement des paroles peuvent-elles être efficaces à l’insu de leur énonciateur ? est-ce qu’un défaut d’intention juste, un état de conscience déficient (folie, ébriété) joue sur l’efficacité (ce qui doit être important notamment dans le domaine juridique) ; peut-il y avoir mensonge ou simulation et quels en sont les effets ?
- Du point de vue de l’auditeur : le consentement, la confiance, la collaboration de l’auditeur sont-ils des facteurs jouant sur l’efficacité des paroles ? Les paroles peuvent-elles agir sans ce consentement (cf. le cas des baptêmes forcés). Les paroles peuvent-elles être efficaces sans auditeur (cf. miracles) ?
- L’efficacité implique-t-elle, outre le pouvoir intrinsèque des paroles, une cause extrinsèque, en particulier une coopération surnaturelle ? Cette coopération est-elle divine ou démoniaque ? Les paroles prononcées par des hommes ont-elles le statut de cause seconde (sine qua non, dispositive, occasionnelle), de telle sorte qu’elles nécessitent toujours une cause première efficiente ? Pourrait-il y avoir une efficacité purement « naturelle » (ce terme étant à définir) explicable par des causes physiques, ou par la seule vertu intrinsèque des paroles (on peut penser à la persuasio rhétorique) ?
- Quelle différence est faite entre des paroles efficaces et des paroles ordinaires, l’efficacité est-elle le propre d’une catégorie de locuteurs ou de paroles ? (on pense à la parole « inspirée » du prédicateur, ou au caractère singulier des formules sacramentelles)
- Y a-t-il une spécificité d’un discours chrétien, ou envisage-t-on que des paroles d’« infidèles » puissent être utilisées ?
Coordinateurs :
Nicole Bériou, Jean-Patrice Boudet, Alain Boureau, Laurent Mayali,
Irène Rosier-Catach, Silvana Vecchio
Programme
Lundi 22 juin 2009
9H15-9H30 O. Christin, Ouverture Lundi 22 juin 2009
Session 1
- 9H30-10H05 Irène Rosier (CNRS / EPHE, Paris), Questions croisées sur le pouvoir des mots
- 10H05-10H40 Aurélien Robert (CNRS, Tours), Pouvoir des sons, pouvoir des mots
- 10H40-11H15 François Boespflug (Univ. Strasbourg II), Pouvoir des mots, pouvoir des images
Session 2
- 11H50-12H25 Gabor Klaniczay (Central European University, Budapest), L'efficacité des mots dans les miracles, les visions, les incantations, et les maléfices au moyen-âge
- 12H25-13H00 Sylvain Piron (EHESS, Paris), La parole prophétique
Session 3
- 14H30-15H05 Costantino Marmo (Univ. Bologne), Intentio sermonis: l'autonomie du texte dans le traitement des expressions figurées ou multiples
- 15H05-15H40 Laurent Cesalli (Univ. Genève), Vis et officium: force et fonction des mots dans la logique médiévale
- 15H40-16H15 Bruno Ambroise (CNRS, Amiens), L'efficacité déontique des actes de parole: perspectives contemporaines sur les obligations nées dans les interactions discursives
Session 4
- 17H-17H35 Eléonore Andrieu (Univ. Bordeaux III), Les appropriations de la parole efficace par la littérature de langue romane : quelques exemples
- 17H35-18H10 Benoit Grévin (CNRS, Paris), L'étymologie en action ? Questions sur la pratique des annominationes de noms propres dans la rhétorique (dictamen) du XIIIe siècle
Mardi 23 juin 2009
Session 5- 9H00-9H35 Carla Casagrande (Univ. Pavie), Sermo potens. Retorica, grazia e passioni nella teoria della predicazione medievale
- 9H35-10H10 Franco Morenzoni (Univ. Genève), Signes, mots et images dans la prédication de Guillaume d'Auvergne
- 10H10-10H45 Carlo Delcorno (Univ. Bologne), La voix efficace du prédicateur. Les exempla de Bernardin de Sienne
Session 6
- 11H30-12H05 Giacomo Gambale (EPHE, Univ. Salerne), La potestas nocendi des mots
- 12H05-12H40 Silvana Vecchio (Univ. Ferrare), Potestas maledicendi. Liceità e efficacia della maledizione nella riflessione teologica médievale
Session 7
- 15H00-15H35 Martin Morard (CNRS, Paris), Le Psautier enchanté : fonctions magiques et thérapeutiques de la psalmodie médiévale
- 15H35-16H10 Julien Véronèse (Univ. Orléans), La parole efficace dans la théurgie médiévale (XIIe-XVe s.)
- 16H10-16H45 Jean-Patrice Boudet (Univ. Orléans), Le pouvoir des mots dans les brevets magiques
Session 8
- 17H30-18H05 Patrick Henriet (Univ. Bordeaux III), La formule pérenne ou la réification de la liturgie. A propos de l'autel portatif de Stavelot (vers 1150-1160)
- 18H05-18H40 Daniel Russo (Univ. Dijon), La lettre dans la chair, la lettre enseignée. Mots et statuts des mots dans l'iconographie franciscaine et dominicaine, à Florence, au XIVe siècle
19H00-20H30 Table ronde avec la participation de : Nicole Bériou (Univ. Lyon II), Joelle Ducos (Univ. Paris IV), Jean-Marc Mandosio (EPHE), Xavier Papais, Marylene Possamai (Univ. Lyon II), Nicolas Weill-Parrot (Univ. de Paris VIII) , Pascal Sanchez
Buffet
Mercredi 24 juin
Session 9 - 9H30-10H05 Laurent Mayali (Univ. of California, Berkeley), Les mots qui obligent dans la science juridique médiévale
- 10H05-10H40 Alain Boureau (EHESS, Paris), Le vœu
Session 10
- 11H15-11H50 Corinne Leveleux-Teixeira (Univ. Orléans), Prêter serment au Moyen Age : la virtus verborum au risque du droit (XIIe-XVe siècles)
- 11H50-12H25 Julien Théry (Univ. Montpellier III), La "commune renommée" (fama) : construction et qualification juridique de l' "opinion pubilque" au Moyen Age
- 12H25-13H00 Jean-Marc Mandosio (EPHE, Paris), Blesser avec des mots : la théorisation de l'injure chez les juristes médiévaux
Déjeuner
Session 11
- 14H30-15H05 Florence Chave-Mahir (CIHAM, Univ. Lyon II), L'exorcisme, une parole efficace contre le diable
- 15H05-15H40 Alessandra Pozzo (Paris), Un langage inspiré "efficace" : la xénolalie dans les récits hagiographiques du Moyen Age
- 15H40-16H15 Chiara Crisciani (Univ. Pavie), Le parole dei medici (sec. XIII-XV)
16H30-18H00 Discussion générale
Informations pratiques Le Colloque se tient dans l'Institut des Sciences de L'Homme,
14 avenue Berthelot, Lyon 7e Salle Marc Bloch
Source: http://htl.linguist.univ-paris-diderot.fr/pdm/
et programme pdf http://ciham.ish-lyon.cnrs.fr/pdf/Prog-Pouvoir-Mots.pdf
