Catherine Virlouvet
La plèbe frumentaire dans les témoignages épigraphiques : essai d’histoire sociale et administrative du peuple de Rome antique
Rome, École française de Rome (Collection de l'École française de Rome 414), 2009, 300 p., ill. n/b, ISBN:978-2-7283-0841-5, 45,00€
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Depuis la fin de la République, une part importante des citoyens romains de Rome reçoit mensuellement de l’État des quantités importantes de blé. Les spécialistes ont montré depuis longtemps que cette mesure ne s’apparente pas aux dispositions caritatives connues par d’autres sociétés. Le simple fait que l’accès à ces subsides dépendait à l’origine du statut juridique et non du niveau de fortune le prouve amplement. Qui sont plus précisément ces citoyens membres de la plèbe frumentaire ? Cette question n’a jamais vraiment été traitée en elle-même parce que les sources manquent. Les auteurs anciens, liés au milieu des élites auquel ils appartiennent pour la plupart, ont tôt fait de reléguer dans une masse indistincte de pauvres assistés les bénéficiaires du blé public qu’ils évoquent très rarement. Pour prendre la question par un autre biais et échapper à cette vision unilatérale de la société romaine, cet ouvrage rassemble et réédite, en les commentant, l’ensemble des témoignages épigraphiques laissés par les bénéficiaires eux-mêmes ou leur famille. Ces témoignages sont peu nombreux et recensent seulement les exceptions : affranchis, citoyens de fraîche date, femmes, enfants des deux sexes…, seuls les ayants droit qui ont accédé de manière exceptionnelle aux distributions de blé ont laissé à la postérité le souvenir de leur appartenance à la plèbe frumentaire. Peut-on malgré tout partir de ces exceptions pour mieux cerner la place des bénéficiaires du blé public dans la société de la Rome impériale ? C’est le postulat sur lequel repose cette étude. L’examen de l’aspect matériel des documents, l’étude du milieu familial et socioprofessionnel des ayants droit révèlent que ces catégories, si elles s’inscrivent nettement dans les milieux populaires romains, ne constituent pas pour autant la strate la plus misérable de ceux-ci comme on l’a longtemps supposé. Pour les hommes et les femmes évoqués dans ces inscriptions, l’accès aux distributions de blé constitue clairement une distinction qui manifeste leur intégration au sein d’une plèbe frumentaire considérée comme une partie privilégiée de la population romaine dans ces milieux.