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8 août 2009

Colloque: "Enfermements. Le cloître et la prison. Ve-XVIIIe siècles", Clairvaux, 22-24 oct. 2009

Information transmise par Fr. Audren:

Colloque international

Enfermements.
Le cloître et la prison. Ve-XVIIIe siècles

Clairvaux

(Troyes, abbaye de Clairvaux, et Bar-sur-Aube)

22-24 octobre 2009

Direction scientifique du colloque
  • Isabelle Heullant-Donat,
  • Julie Claustre-Mayade,
  • Elisabeth Lusset

Organisé par
  • Association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux
  • Centre d’Études et de Recherche en Histoire Culturelle (CERHIC-EA2616)
  • Avec le soutien et la participation du Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (LAMOP/UMR CNRS 8589), de l’université de Reims Champagne-Ardenne, de l’Institut universitaire de France (IUF), de la DRAC Champagne-Ardenne, de la Région Champagne-Ardenne, du Conseil Général de l’Aube, de la Communauté de l’agglomération troyenne (CAT), de la ville de Troyes, de la ville de Bar-sur-Aube, de l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ), de l’Administration pénitentiaire et du Centre pénitentiaire de Clairvaux.
Présentation
Réclusion, claustration, emprisonnement, incarcération, détention, internement, isolement... Les mots synonymes d’enfermement sont aussi nombreux que les réalités auxquelles renvoie la notion. Ils illustrent les pistes, nombreuses, ouvertes aux spécialistes des sciences humaines et sociales en général, et aux historiens en particulier.

L’idée d’organiser un colloque sur ce thème est née de l’intérêt pour les Ordres religieux apparus en Occident aux XIIe (Ordres religieux militaires) et XIIIe siècles (Ordres Mendiants), qui proposent à leurs membres une vie partagée entre le siècle et la clôture, mettent en place un contrôle accru de celle-ci (système des visites, instance centralisée du chapitre général) et révèlent ainsi un changement d’attitude, tant dans l’appréhension du monde que dans la manière de considérer la perfection spirituelle et l’idéal de vie chrétienne.

Ces évolutions doivent être mises en perspective avec la valeur (préventive, punitive, préservative, coercitive...) de l’enfermement dans les sociétés occidentales telles qu’elles apparaissent avant l’époque du « grand renfermement ». Clausura religieuse et enfermement répressif sont en effet deux versants d’une même pratique de contention des corps entre des murs. Des travaux récents, annoncés dans les mois à venir ou en cours, chez les antiquisants, les médiévistes et les modernistes montrent que ce champ d’investigation est très fécond et revêt une authentique dimension internationale.

Certes, on dispose de deux synthèses d’histoire générale des prisons et de collectifs sur la réclusion féminine. Mais il apparaît nécessaire d’établir des liens d’une part entre des recherches très dispersées en historiographies nationales et en spécialités (droit romain, droit canon, histoire religieuse, histoire sociale, histoire culturelle, etc.), mais aussi et surtout entre des recherches qui dissocient les lieux d’étude (le monastère ou le béguinage, la prison, l’hôpital...).

En effet, les questions des conditions de vie en milieu clos, de la valeur de l’enfermement et des résultats qu’on en escompte sont probablement liées au sein d’une société donnée, même si la pénologie et les « politiques pénitentiaires » s’inscrivent parfois, on le sait, dans une grande distance rhétorique par rapport aux pratiques d’enfermement. Les travaux désormais anciens de Michel Foucault (1975) suscitèrent en leur temps une forte polémique, irritant grandement nombre d’historiens ; mais en suggérant l’existence de pratiques communes dans des lieux et des institutions divers, ils ouvrirent néanmoins des perspectives qui ont été diversement explorées selon les périodes et les écoles historiques.

L’objectif est donc triple :
-Tout d’abord, tirer les enseignements de trois décennies d’études sur l’« archéologie de la privation de liberté » ;
-Ensuite, établir des ponts entre Antiquité, Moyen Âge et Époque moderne afin de réévaluer la notion de « modernité » à travers ce prisme ;
-Enfin, retrouver la profondeur historique d’un champ de pratiques qui connaît actuellement un renouvellement radical dans toutes les pénologies du monde occidental, comme le montrent en particulier les travaux de Denis Salas.

Par une réflexion sur les enfermements, punitifs ou non, forcés ou volontaires, séculiers ou monastiques, il s’agit d’étudier, en tant que telle et dans son historicité, la clôture, les attentes que l’on place en elle, les valeurs qu’elle recèle, les objectifs qu’on lui assigne, les formes qu’elle prend. Ce croisement entre les histoires de l’enfermement répressif et celles de l’enfermement sanctificateur, qui s’ignorent trop souvent, peut-il aboutir à des vues cavalières sur une histoire commune de la clôture ? La récurrence des politiques de rétablissement de la clôture dans l’histoire des communautés religieuses aurait-elle une résonance séculière, par exemple à la fin du XIIIe siècle et au XVIIe siècle ? Trois volets thématiques seront proposés à l’étude pour des contributions en forme de bilans synthétiques, qui donneront lieu ensuite à une publication.

Vivre en milieu clos
Instrument de séparation et de soustraction au monde, la clôture revêt des modalités très variées. Les notions de « clôture active » et de « clôture passive », mobilisées par certains historiens, sont une façon d’aborder la perméabilité et la porosité des milieux dits « fermés ». Dans cette diversité des clôtures et des fermetures, genres et statuts ont leur place et doivent donc être pris en considération. Il convient aussi de prêter attention aux conditions d’existence en milieu clos, aux rythmes de vie, aux rituels comme aux événements qui viennent en rompre l’harmonie, la monotonie ou la dureté. Enfin, les durées d’enfermement, qu’il s’agisse du « temps d’emprisonnement » ou de celui de la clôture, sont très variables et sont révélatrices aussi des conceptions des milieux clos ou des vertus qu’on leur prête.

Conceptions et valeurs de l’enfermement
Il faudra en premier lieu explorer la très grande diversité du lexique de l’enfermement : clausura, domus disciplinae, carcer, locus separatus, prison large, prison fermée… À la fin du Moyen Age, alors qu’une littérature de l’enfermement se développe, la délivrance du prisonnier est un topos de l’hagiographie : on cherchera à savoir, par exemple, sur quelles spiritualités de la clôture ce topos s’adosse. Plus largement, le traitement réservé au confinement dans la théologie, les droits romain et canon ou la pensée juridique devrait être analysé afin de mieux comprendre les élaborations intellectuelles que ce thème a suscitées. On sait ainsi que la scolastique du XIIIe siècle intègre des séries de questions sur la licéité de quitter le cloître en cas d’extrême nécessité ou sur la possibilité d’évasion des condamnés à mort.
Comment juristes et théologiens se saisissent-ils de la question de l’enfermement ?

Objectifs et usages sociaux de l’enfermement
Pendant une très longue période, qui transcende les découpages académiques entre Antiquité, Moyen Age et Époque Moderne, l’emprisonnement n’est pas la clef de voûte du système pénal et il ne constitue pas la manière prédominante de châtier. Mais la peine d’enfermement ne saurait être considérée comme une invention de la modernité, elle est un élément de l’arsenal commun des peines bien avant, dans comme hors du droit canonique. Plus que sur la diffusion de cette peine, c’est sur le contenu notionnel attaché à la peine d’enfermement que l’on souhaite faire porter l’analyse historique. Qu’attend-on de la peine d’enfermement dans les sociétés pré-contemporaines ?
La notion de perfection personnelle et celle d’expiation ont vraisemblablement promu l’enfermement pénitentiel. Celle de coercition semble adéquate pour rendre compte de larges pans de l’enfermement antique et médiéval. Pour autant, des notions contemporaines sont-elles à écarter de l’analyse ? L’idée de « discipline » a guidé une grande partie des études classiques des années 1960-1970. Aujourd’hui, la notion d’« incapacitation », empruntée à la pénologie nord-américaine et qui gagne la pénologie européenne, est-elle susceptible de trouver une profondeur historique et d’éclairer en retour tout ou partie des réalités carcérales anciennes ?

Enfin, dans une perspective de sociologie historique de l’enfermement, on cherchera évidemment à définir quelles populations (statuts socio-économiques, genres) sont particulièrement exposées aux diverses formes d’enfermement.

Un tel projet trouve une inscription profonde dans le contexte local. En effet, c’est sur le territoire de la Région Champagne-Ardenne que se trouve Clairvaux, grande abbaye cistercienne et aujourd’hui Centrale abritant des quartiers de haute sécurité. La Région et l’État restaurent ce qui subsiste du site médiéval (bâtiment des convers) et à ce titre, le sujet peut intéresser la Région, notamment la Direction Régionale des Affaires Culturelles, ainsi que le Département de l’Aube dont les Archives conservent une très grande partie des archives de Clairvaux.

Comité scientifique
  • Elizabeth Brown, Professeur émérite, City University of New York (États-Unis)
  • Christian Carlier, Historien, chargé de mission à la Direction de l’Administration Pénitentiaire, rédacteur en chef de la revue Histoire pénitentiaire (France)
  • Giles Constable, Professeur émérite, Institut for Advanced Studies (Princeton), University of Iowa, Membre associé étranger de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres (Etats-Unis)
  • Benoît Garnot, Professeur d’Histoire moderne, Université de Bourgogne (France)
  • Claude Gauvard, Professeur d’histoire du Moyen Âge, Université Paris I – Panthéon Sorbonne – Institut Universitaire de France (France), Vice-Présidente de l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ)
  • Robert Jacob, Directeur de recherches et Professeur, CNRS - Université de Liège (France - Belgique)
  • Agostino Paravicini Bagliani, Professeur d’Histoire du Moyen Âge, Université de Lausanne, Membre associé étranger de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Confédération Helvétique)
  • Albert Rigaudière, Professeur de Droit, Université Paris II – Panthéon Assas, Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (France)
  • Xavier Rousseaux, Professeur d’Histoire du droit et de la justice, Université catholique de Louvain (Belgique)
  • Pierre Truche, Premier président de la cour de cassation, président de l’Association Française pour l’Histoire de la Justice, représenté par Sylvie Humbert, Maître de conférences en histoire du droit, Université catholique de Lille (France), membre du Conseil d’administration de l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ)
  • André Vauchez, Professeur émérite d’Histoire du Moyen Age, Université Paris X – Nanterre, Membre et Président de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (France)


Jeudi 22 octobre - Troyes (Aube)
Matin (9h) - Hôtel de ville de Troyes
- Allocutions des partenaires
-Introduction scientifique du colloque (10h)
Isabelle Heullant-Donat, Julie Claustre et Elisabeth Lusset

Session 1 : Conceptions et valeurs de l’enfermement
Président de séance : André Vauchez
Professeur émérite, Université Paris X – Nanterre
Président de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres

- Megan Cassidy-Welch (University of Melbourne), « Incarceration of the body and liberation of the spirit : a hagiographical motif »
- Julie Claustre (Université de Reims Champagne-Ardenne), « Les prisonniers desconfortés : les littératures de la prison au Moyen Âge »
- Daniel-Odon Hurel, (Université de Saint-Étienne, CNRS UMR 8584), « La prison et la charité : les enjeux contradictoires de l'enfermement pour faute grave dans l'Ordre de Saint-Benoît à l'époque moderne »

Débats animés par le Professeur André Vauchez

Après-midi (14h30) - Hôtel de ville de Troyes

Conceptions et valeurs de l’enfermement (suite et fin)
Président de séance : Giles Constable
Professeur émérite, Institut for Advanced Studies, Princeton
Membre associé étranger de l’Académie des Inscriptions et Belles lettres

- Elsa Marmursztejn (Université de Reims Champagne-Ardenne, Institut Universitaire de France), « Issues obligatoires. Clôture et incarcération dans la pensée scolastique des XIIIe et XIVe siècles »
- Elizabeth Makowski (Texas State University), « Papal Enclosure of Medieval Nuns : Prescription and Permutation »
- Isabelle Heullant-Donat (Université de Reims Champagne-Ardenne), « La cellule dans tous ses états »
-Julia Hillner (University of Sheffield), « Monastic Exiles : Imprisonment as Reform between Hagiography, Monastic Rules and Secular Law in the Early Medieval West »

Débats animés par le Professeur Giles Constable

Vendredi 23 octobre - Clairvaux
Matin (Départ de Troyes en autocar - 9 h)
- 10h-12h30 : Visite guidée de l’abbaye de Clairvaux (Aube)
Par Jean-François Leroux, Président de l’association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux

-12h30 : Déjeuner sur place au « lavoir de Clairvaux (mess des gardiens du centre pénitentiaire)
Sur inscription avec participation financière

Après-midi (15h) - Salle des spectacles de Bar-sur-Aube

Vivre en milieu clos
Président de séance : Christian Carlier
Historien, Direction de l’Administration Pénitentiaire
Rédacteur en chef de la revue Histoire pénitentiaire

- Elisabeth Lusset (Université de Reims Champagne-Ardenne), « Entre les murs. L’enfermement punitif des religieux criminels au sein du cloître (XIIe-XVe siècles) »
- Camille Degez (Direction du livre et de la lecture, Paris), « Les conditions de vie à la Conciergerie à l’époque moderne »
- Romain Telliez (Université Paris IV – Sorbonne), « Geôles, fosses, cachots : lieux carcéraux et conditions matérielles de l’emprisonnement en France à la fin du Moyen Âge. »

Vivre en milieu clos (suite)
Président de séance : Jean-François Leroux
Président de l’association Renaissance de l’abbaye de Clairvaux
Historien du monde cistercien

-Louis de Carbonnières (Université de Lille II), « Prison ouverte, prison fermée, les règles procédurales de la détention préventive sous les premiers Valois devant la chambre criminelle du Parlement de Paris »
- Falk Bretschneider (École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris), « De l'hôpital au pénitencier. Recherches récentes sur l'histoire de l'enfermement dans le monde germanique (XVIIe-XIXe siècles) »

Débats animés par Monsieur Jean-François Leroux

19h : Dîner au Cellier des Moines, ancienne cave cistercienne de l’abbaye de Clairvaux à Bar-sur-Aube puis retour sur Troyes en autocar
Sur inscription avec participation financière

Samedi 24 octobre - Troyes (Aube)
Matin (9h30) - Hôtel de ville de Troyes

Vivre en milieu clos (suite et fin)
Présidente de séance : Elizabeth Brown
Professeur émérite, City University of New York

- Gregoria Cavero (Universidad de León), « L’hôtellerie et sa projection sur la clôture monastique : la tradition médiévale hispanique. »
-François-Olivier Touati (Université de Tours), « Enfermeries, infirmeries et léproseries du Moyen Âge à la Modernité : quels modèles ? »

Objectifs et usages sociaux des enfermements
- Guy Geltner (University of Amsterdam), « The urban prison : civic practice, religious discourse, and social stakes »
- Véronique Beaulande (Université de Reims Champagne-Ardenne), « Au pain de tristesse et de douleur : prison pénale, prison pénitentielle à la fin du Moyen Âge »
- James B. Given (University of California), « In the Shadow of the Prison : Inquisitors, Heretics and Others in Medieval Languedoc »

Débats animés par le Professeur Elisabeth Brown

Après-midi (14h30) - Hôtel de ville de Troyes

Objectifs et usages sociaux des enfermements (suite et fin)
Président de séance : Albert Rigaudière
Professeur de Droit, Université Paris II – Panthéon Assas
Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres

-Sylvie Joye (Université de Reims Champagne-Ardenne), « Les monastères féminins du haut Moyen Âge : rempart ou prison ? (Occident, Ve-Xe siècle) »
- Anna Benvenuti (Università degli Studi, Florence), « “Cellanae” et “reclusae” dans l’Italie médiévale. Modèles sociaux et comportements religieux »
-Marie-Elisabeth Henneau (Université de Liège), « Vivre et penser la clôture au féminin : normes, argumentations et modalités d’application chez les contemplatives du XVIIe siècle »
- Marie-Claude Dinet-Lecomte (Université de Picardie - Jules Verne), « Faux-semblants et avatars de l'enfermement à l'époque moderne ».

Conclusions du colloque
Claude Gauvard, Professeur, Université Paris I – Panthéon Sorbonne, Institut universitaire de France, Vice-Présidente de l’Association française pour l’histoire de la justice (AFHJ) Partenaires

Informations pratiques
Plans d'accès aux lieux du coloque, aller à : http://www.enfermements.fr/Colloque_Enfermements/Pratiques.html
S’inscrire au colloque
Aller à: http://www.enfermements.fr/Colloque_Enfermements/Inscription.html
Rq.: Inscription au colloque gratuite, participations pour visite et repas
Contact

- Contacter collectivement les organisateurs du colloque: colloque-enfermements@univ-reims.fr

- Contacter individuellement les organisateurs du colloque :

Isabelle Heullant-Donat, Professeur des Universités
Envoyer un courriel : ihd@wanadoo.fr
Téléphone : 33 (0)3 26 91 36 78
Fax : 33 (0)3 26 91 36 75

Julie Claustre-Mayade, Maître de Conférences
Envoyer un courriel : jmayadeclaustre@free.fr
Téléphone : 33 (0)3 26 91 36 78
Fax : 33 (0)3 26 91 36 75

Elisabeth Lusset, ATER, doctorante
Envoyer un courriel : elusset@free.fr
Téléphone : 33 (0)3 26 91 36 78
Fax : 33 (0)3 26 91 36 75

Jérôme Malois, webmaster et organisation logistique
Envoyer un courriel : jerome.malois@univ-reims.fr
Téléphone : 33 (0)3 26 91 36 78
Fax : 33 (0)3 26 91 36 75


Source: http://www.enfermements.fr/Colloque_Enfermements/Bienvenue.html