Luc Boltanski
De la critique
Précis de sociologie de l’émancipation
Paris, Gallimard (Essais), 2009, 294 p., ISBN:9782070126569, 19,90€
Sélectionné par Nomôdos
Selon les mots de son auteur, cet ouvrage livre une "construction théorique visant à dévoiler, dans leurs dimensions les plus générales, l’oppression, l’exploitation ou la domination, quelles que soient les modalités sous lesquelles elles se réalisent". Comment, en cette période morose, réarmer la critique, et dans quelle mesure une sociologie peut-elle nourrir un tel projet? Ce travail conduit à réélaborer des notions centrales pour la sociologie comme celles de pratique, de réalité sociale mais aussi d'institution. Cet ouvrage constitue, à cet égard, une remarquable réévaluation du "pouvoir des institutions". Un livre à méditer.
Nomôdos
Sources images (excepté Le choix de Nomôdos): http://www.gallimard.fr/
Présentation éditeur de
Luc Boltanski, De la critique.Précis de sociologie de l’émancipation, Paris, Gallimard (Essais), 2009 (294 p.)
Le rapport que la sociologie entretient avec la critique sociale n'a cessé de hanter cette discipline depuis les origines. La sociologie doit-elle être mise au service d'une critique de la société, ce qui suppose de rendre compatibles description et critique? La critique détourne-t-elle la sociologie de son projet scientifique ou en est-elle la finalité sans laquelle la sociologie ne serait qu'une activité vaine, détachée des préoccupations que nourrissent les personnes en société? Cette question a déterminé les couples d'oppositions fondateurs – entre faits et valeurs, idéologie et science, déterminisme et autonomie, structure et action, approche macro et micro sociales, explication et interprétation, etc. Elle dicte deux des principaux programmes qui aujourd'hui configurent la discipline : la sociologie critique des années 1970, particulièrement dans la forme que lui a donnée, en France, Pierre Bourdieu; la sociologie pragmatique de la critique, développée dans les années 1980-1990.
Dans la sociologie critique, la description en termes de rapports de forces met l'accent sur la puissance des mécanismes d'oppression, sur la façon dont les opprimés les subissent passivement, allant, dans leur aliénation, jusqu'à adopter les valeurs, intériorisées sous la forme d'idéologies, qui les asservissent.
La sociologie pragmatique décrit les actions d'hommes révoltés mais dotés de raison, porte l'accent sur leur capacité, dans certaines conditions historiques, à se lever contre leur domination, à forger des interprétations nouvelles de la réalité au service d'une activité critique.
Luc Boltanski propose ici un cadre permettant d'articuler ces deux approches, apparemment antagoniques – l'une déterministe et réservant le beau rôle à la science éclairante du sociologue, l'autre soucieuse de se tenir au plus près de ce que disent et font les personnes. Ce travail d'unification le conduit à réélaborer des notions centrales pour la sociologie comme celles de pratique, d'institution, de critique et, finalement, de "réalité sociale". Il a pour ambition de contribuer au renouvellement actuel des pratiques de l'émancipation.
Dans la sociologie critique, la description en termes de rapports de forces met l'accent sur la puissance des mécanismes d'oppression, sur la façon dont les opprimés les subissent passivement, allant, dans leur aliénation, jusqu'à adopter les valeurs, intériorisées sous la forme d'idéologies, qui les asservissent.
La sociologie pragmatique décrit les actions d'hommes révoltés mais dotés de raison, porte l'accent sur leur capacité, dans certaines conditions historiques, à se lever contre leur domination, à forger des interprétations nouvelles de la réalité au service d'une activité critique.
Luc Boltanski propose ici un cadre permettant d'articuler ces deux approches, apparemment antagoniques – l'une déterministe et réservant le beau rôle à la science éclairante du sociologue, l'autre soucieuse de se tenir au plus près de ce que disent et font les personnes. Ce travail d'unification le conduit à réélaborer des notions centrales pour la sociologie comme celles de pratique, d'institution, de critique et, finalement, de "réalité sociale". Il a pour ambition de contribuer au renouvellement actuel des pratiques de l'émancipation.
Source: http://www.gallimard.fr/