Information transmise par Fr. Audren:
Unité de recherche Philosophies contemporaines (PHICO)
Équipe NoSoPhi (Normes, Sociétés, Philosophie)
Guerre et reconnaissance
Journée d'étude organisée par Thomas Lindemann et Julie Saada
Université d'Artois, Faculté de Droit de Douai
(salle des Actes)
6 mai 2010
Équipes de recherche organisatrices:
- NoSoPhi/Unité de recherche Philosophies contemporaines (EA356), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
- CERAPS (UMR 8026) CNRS, Université Lille2
Avec le soutien de l'Association Française de Sciences Politiques, du Centre d'Étude et de Recherche sur les Conflictualités Internationales (Science-Po Paris) et de l'équipe Éthique et Procédure (U. d'Artois).
Présentation
Les théories de la reconnaissance ont thématisé la « lutte pour la reconnaissance » dans des travaux philosophiques (A. Honneth), sociologiques (E. Goffman, A. Pizzorno), politistes (P. Braud) et «constructivistes». Mais si elles recourent à la notion de reconnaissance pour mieux rendre compte de la manière dont se nouent les conflits individuels et sociaux que ne le fait le concept d'intérêt, leur optique reste celle d'une analyse interne des luttes sociales. L'étude des demandes de reconnaissance ou des luttes pour la reconnaissance au plan international, comme des formes armées que peuvent prendre ces luttes (y compris internes) reste à explorer. Or, un certain nombre d'éléments justifient un rapprochement entre les théories de la reconnaissance et les analyses des conflits dans les relations internationales. Nous assistons en effet à une transformation profonde de la «grammaire» des conflits armés, qui concerne notamment l’effacement relatif des objectifs belliqueux matériels au profit des aspects symboliques et identitaires, renforcés par la globalisation qui expose les acteurs étatiques et non-étatiques constamment aux regards des autres. Les analyses «matérialistes» ou réalistes qui dominent les théories des relations internationales rencontrent dès lors des limites qui obligent à les transformer.
Comment les théories de la reconnaissance peuvent-elles fournir des instruments conceptuels nouveaux pour les domaines d'investigation propres aux relations internationales? Que peuvent-elles apporter à l'analyse des causes des conflits armés et de leur déroulement? En quel sens pourraient-elles être porteuses de demandes de droit(s) et appeler des transformations du droit des conflits armés ou du droit humanitaire? Peuvent-elles permettre de développer les théories du jus post bellum, récemment formulées dans les doctrines de la guerre juste? En tant qu'elle est appelée à juger les crimes de guerre ou les crimes de grande ampleur accompagnant les guerres, la justice pénale internationale doit-elle intégrer ces dimensions de la reconnaissance, aussi bien dans ses aspects formels qu'informels?
Il s'agira aussi d'interroger, à l'inverse, ce que la réflexion sur la guerre peut apporter aux théories de la reconnaissance, sous le double angle de l'approche descriptive et de l'approche normative. Existe-t-il des formes de reconnaissance spécifiques aux acteurs internationaux, qu'ils soient étatiques ou non-étatiques? Les luttes armées pour la reconnaissance, qu'il s'agisse de violence internationale, interne ou transnationale, appellent-elles à penser des modalités spécifiques de reconnaissance, encore impensées dans les théories de la reconnaissance?
Les théories de la reconnaissance ont thématisé la « lutte pour la reconnaissance » dans des travaux philosophiques (A. Honneth), sociologiques (E. Goffman, A. Pizzorno), politistes (P. Braud) et «constructivistes». Mais si elles recourent à la notion de reconnaissance pour mieux rendre compte de la manière dont se nouent les conflits individuels et sociaux que ne le fait le concept d'intérêt, leur optique reste celle d'une analyse interne des luttes sociales. L'étude des demandes de reconnaissance ou des luttes pour la reconnaissance au plan international, comme des formes armées que peuvent prendre ces luttes (y compris internes) reste à explorer. Or, un certain nombre d'éléments justifient un rapprochement entre les théories de la reconnaissance et les analyses des conflits dans les relations internationales. Nous assistons en effet à une transformation profonde de la «grammaire» des conflits armés, qui concerne notamment l’effacement relatif des objectifs belliqueux matériels au profit des aspects symboliques et identitaires, renforcés par la globalisation qui expose les acteurs étatiques et non-étatiques constamment aux regards des autres. Les analyses «matérialistes» ou réalistes qui dominent les théories des relations internationales rencontrent dès lors des limites qui obligent à les transformer.
Comment les théories de la reconnaissance peuvent-elles fournir des instruments conceptuels nouveaux pour les domaines d'investigation propres aux relations internationales? Que peuvent-elles apporter à l'analyse des causes des conflits armés et de leur déroulement? En quel sens pourraient-elles être porteuses de demandes de droit(s) et appeler des transformations du droit des conflits armés ou du droit humanitaire? Peuvent-elles permettre de développer les théories du jus post bellum, récemment formulées dans les doctrines de la guerre juste? En tant qu'elle est appelée à juger les crimes de guerre ou les crimes de grande ampleur accompagnant les guerres, la justice pénale internationale doit-elle intégrer ces dimensions de la reconnaissance, aussi bien dans ses aspects formels qu'informels?
Il s'agira aussi d'interroger, à l'inverse, ce que la réflexion sur la guerre peut apporter aux théories de la reconnaissance, sous le double angle de l'approche descriptive et de l'approche normative. Existe-t-il des formes de reconnaissance spécifiques aux acteurs internationaux, qu'ils soient étatiques ou non-étatiques? Les luttes armées pour la reconnaissance, qu'il s'agisse de violence internationale, interne ou transnationale, appellent-elles à penser des modalités spécifiques de reconnaissance, encore impensées dans les théories de la reconnaissance?
Programme
- 9h30. Ouverture. Tanguy Le Marc'Hadour, Jean-Gabriel Contamin et Fanny Vasseur.
- 9h45. Présentation générale. Thomas Lindemann et Julie Saada, Les théories de la reconnaissance dans les relations internationales. Enjeux symboliques et limites du paradigme de l'intérêt.
- 10h15. Philippe Braud (IEP de Paris), Violences symboliques et armées.
- 10h45. Justin Cook (U. Lille II, CERAPS), La question de la reconnaissance dans le conflit entre la Moldavie et la Transnistrie.
- 11h30. Aude Merlin (Université Libre de Bruxelles, Cevipol), Guerre des histoires et guerre des interprétations: la non-reconnaissance de l'histoire coloniale au cœur du deuxième conflit tchétchène.
12h30-14h. Déjeuner
- 14h. Okan Germiyanoglou (U. Lille II, CERAPS), La reconnaissance dans la lutte anti-terroriste.
- 14h30. Frédéric Mégret (U. McGill, Montréal), Désir de reconnaissance et tentation de l’irresponsabilité: le respect du droit international humanitaire par les acteurs non-étatiques en conflits armés.
15h30-15h45. Pause.
- 15h45. Christian Olsson (IEP de Paris), La reconnaissance et l'aliénation comme stratégie de pacification: le cas de l'intervention militaire internationale en Irak.
- 16h15. Olivier Ihl (IEP de Grenoble), Vote et processus symbolique de pacification: l'approche socio-historique.
- 16h45. Jean-Baptiste Jeangène-Vilmer (ENS Ulm), Les réparations auprès de la CPI: une reconnaissance des victimes?