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6 janv. 2011

ÉHESS, CENJ "Y. Thomas" Sém de casuistique 2011-"L’art d’interroger": S. Ferraro, "La parole à l’accusé", Paris, 11 janv 2011

École des Hautes Études en Sciences Sociales
Centre d'étude des normes juridiques "Yan Thomas"
en collaboration avec
L’Ecole Nationale de Magistrature, Paris

Séminaire de casuistique 2011
L’art d’interroger
Droit, sciences sociales et histoire

Mardi 11 janvier 2011
105 Bd. Raspail
18h/21h, salle 7

Salvatore Ferraro
(chercheur et condamné)
La parole à l’accusé
Ce qu’être interrogé veut dire lorsqu'on est jugé pour «crime philosophique»

En mai 1997, on assassine une jeune étudiante à l’Université de Rome « La Sapienza ». Deux doctorants de philosophie du droit sont inculpés, accusés d’avoir mis en œuvre un crime parfait, comme dans le film La corde d’Alfred Hitchcock. C’est l’affaire Marta Russo, qui fait aussitôt la une de la presse italienne et européenne. Après plusieurs procès, les deux doctorants sont jugés coupables, malgré l'évidence des failles qui émaillent les différentes phases de l’affaire. A partir du cas qu'il a personnellement et doublement vécu en qualité de chercheur et d’accusé (condamné), Salvatore Ferraro nous éclairera sur les stratégies de l’interrogatoire policier et judiciaire.

L’intervention aura lieu en italien avec traduction consécutive.
Séminaire de casuistique 2011
L’art d’interroger
Droit, sciences sociales et histoire

Le Centre d’étude des normes juridiques - Yan Thomas, dans le cadre de son séminaire collectif mensuel de « casuistique juridique », a décidé de consacrer dès octobre 2010 une série de séances à « L’art d’interroger ». Instrument d'accès à la vérité et producteur de connaissance, l’acte d’interroger interpelle les sciences sociales à plusieurs égards. Comme procédure susceptible de s'appliquer à divers contextes sociaux, l'interrogation a fait l'objet d'un travail de formalisation plus ou moins poussé, affiné tant par les savants que par les praticiens censés s’en servir. Elle figure une véritable téchnè au sens aristotélicien du terme, c'est-à-dire un art.

Si les historiens peuvent constater, à titre de source documentaire parmi d’autres, les potentialités cognitives attachées aux interrogatoires, d’autres disciplines ont érigé en véritable protocole de travail l’acte d’adresser des questions à quelqu’un. A différence des historiens qui trouvent cette source comme un legs du passé – exception faite, bien sûr, des études qui se réclament de l’histoire orale – les juristes, les sociologues et les anthropologues la constituent plutôt comme un outil heuristique essentiel à leur démarche investigatrice. L'examen des prévenus et des témoins dans un procès, les interrogatoires policiers, les questionnaires et les sondages de l’enquête sociologique, le recueil d’informations auprès de dénommés « autochtones » : voici autant de situations qui ritualisent une interaction linguistique dont l’issue est loin de correspondre aux intentions des parties ou de satisfaire aux attentes de ceux qui formulent les questions.

Cette réflexion s’achèvera le 4 février avec une journée d’étude où historiens, sociologues, anthropologues, juristes, linguistes, écrivains et magistrats seront mis en présence pour une journée articulée en études de cas dont devra pouvoir se dégager une réflexion générale.