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17 oct. 2011

D. Lapenna, "Le pouvoir de vie et de mort", PUF, 2011

Information transmise par Fr. Audren
Daniela Lapenna
Le pouvoir de vie et de mort


Paris, PUF (Fondements de la Politique), 2011, 384 p., ISBN:978-2-13-058881-8, 30€

Présentation éditeur
Cet ouvrage a pour but de remettre en cause la possibilité de fournir une légitimation philosophique au droit du souverain à prescrire la peine capitale.

La peine de mort est-elle moralement justifiable et juridiquement légitime ? Est-il possible de mettre en cause le fondement du droit souverain à condamner à mort ? 
À partir d’une analyse des différents modèles philosophico-politiques justifiant le pouvoir, et afin de problématiser le rapport entre le pouvoir souverain et la peine capitale, cet ouvrage tend à mettre en lumière la manière dont la source de légitimation du « pouvoir de donner la mort » a été défendue, tout au long des siècles, par la reconnaissance d’une base théologique à l’autorité. La tentative de déconstruire le lien entre théologie et politique et l’ouverture sur une vision normativiste du pouvoir constituent, au contraire, la base théorique de l’argumentation abolitionniste. À travers un travail théorique minutieux, mettant en lumière les insuffisances de la position favorable à la peine de mort ainsi que le concours d’éléments étrangers à la théorie du droit – tels que l’aspect rituello-sacrificiel – pour justifier l’exécution capitale, cette étude montre que si l’on place la dimension transcendante du pouvoir souverain avant l’identité morale de l’individu, alors la mise à mort du criminel peut être justifiée. Au contraire, une idée différente de la constitution du sujet impose de chercher un fondement ultime à l’inviolabilité de l’individu contre le pouvoir lui-même et donc de conclure à l’inadmissibilité morale de mettre à mort un homme, quel que soit le crime qu’il ait commis.

Auteur
  • Daniela Lapenna est docteur de recherche en philosophie politique et juridique et membre de l’équipe de recherche PHILéPOL de l’Université Paris Descartes.

Sommaire
Introduction
Avant-propos
  • La peine de mort dans le monde : la situation actuelle 
  • Considérations préliminaires sur la valeur de la peine
PREMIÈRE PARTIE. — THÉORIE DE L’ÉTAT ET MODÈLES JURIDIQUES
Chapitre premier. Le modèle « théocratique »
  • Le « peuple élu » et la loi du talion
  • Le Christianisme entre pouvoir spirituel et temporel
  • L’État islamique et la « shari’a »
Chapitre II. Le modèle « jusnaturalistico-contractualiste » 
  • Le droit de garder la vie et le fondement du droit de punir : le modèle Hobbesien
  • Le droit de se faire justice soi-même : la fondation du droit de punir selon Locke
  • La perte de la citoyenneté : le modèle pénal chez Rousseau 
Chapitre III. Le modèle « décisionniste »
  • La « décision exceptionnelle » : de Schmitt à Benjamin
  • La violence fondatrice comme « force de loi » : de Benjamin à Derrida
  • « Théologie politique » et « Homo sacer »
DEUXIÈME PARTIE. — ABOLITIONNISME ET ANTI-ABOLITIONNISME
Chapitre premier. L’approche « conséquentialiste » : la peine de mort comme dissuasion
  • L’abolitionnisme des Lumières
  • Une question d’utilité
  • La valeur morale de la prévention
Chapitre II. L’approche « déontologique » : la peine comme juste rétribution
  • Le modèle kantien
  • Le critère « œil pour œil » et « vie pour vie »
  • Les autres arguments du rétributivisme et les conclusions abolitionnistes
Chapitre III. Une approche « spiritualiste » : la peine comme expiation
  • La position d’Hegel
  • La rédemption attendue et la réhabilitation niée
TROISIÈME PARTIE. — PEINE CAPITALE ET REFLEXION ANTHROPOLOGIQUE : LA DYNAMIQUE SACRIFICIELLE
Chapitre premier. Le bouc émissaire
  • À travers la pensée de René Girard 
  • Dynamique sacrificielle et peine de mort
  • La « sacralité » du condamné
Chapitre II. Une perspective psychanalytique
  • « Éros et Thanatos »: la dynamique sacrificielle
  • Freud et Reik : la fascination de la peine capitale
Chapitre III. Le rituel de l’exécution
  • L’échafaud entre histoire et symbole
  • Le corps du condamné : entre « punir et surveiller »
  • Délit et péché : pouvoir souverain et puissance divine
Conclusion