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1 févr. 2012

Univ. Strasbourg, Appel à communications: colloq, "Disciplines juridiques, disciplines scientifiques?" / "3e rencontre d’histoire des facultés de droit, XIXe-XXIe s.", Strasbourg, 11-12 oct. 2012 (limite: 1er mars 2012)

Information transmise par C. Pauthier:
Université de Strasbourg
Equipe Société, droit et religions en Europe (UMR 7012) 
Institut de recherches Carré de Malberg (EA 3399)
Appel à communications 
Colloque labélisé par la Fédération de recherche l’Europe en mutation
(FR Université de Strasbourg / CNRS n° 3241)

Disciplines juridiques, disciplines scientifiques? 
Troisième rencontre d’histoire des facultés de droit, XIXe-XXIe siècles

Strasbourg
Jeudi 11 et vendredi 12 octobre 2012 
(limite: 1er mars 2012)

(site du PRISME, Société, Droit et Religion, Univ. Strasbourg)
Sous l’égide du Réseau européen pour l’histoire de l’enseignement du droit*
avec le soutien 
Centre aquitain d’histoire du droit de l’Université Montesquieu Bordeaux IV
Centre toulousain d’histoire du droit et des idées politiques de l’Université de Toulouse 1 Capitole
UMR de droit comparé de l’Ecole de droit de la Sorbonne, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne. 


Présentation
Ce colloque international s’inscrit dans la suite de deux précédents colloques (Toulouse 2008 et Grenoble 2010) sur l’histoire des facultés de droit, dont les actes ont été rassemblés dans les publications suivantes: 
En plaçant l’accent sur les facultés de droit de province, les précédentes rencontres ont cherché à se tenir à l’écart d’une vision excessivement unitaire de l’histoire des facultés de droit et de l’enseignement juridique. Qu’une trame commune marque cette histoire depuis le rétablissement napoléonien, nul ne saurait le contester. Mais même aux siècles où la Nation devait effacer un peu les Provinces, les facultés de droit françaises n’ont pas manqué de révéler de fortes singularités, assises sur une déclinaison de territoires à conquérir ou à construire – espaces académiques, politiques, facultaires, scientifiques. Si ces singularités permettent de préciser, a minima, le regard porté sur l’enseignement du droit en France aux XIXe et XXe siècles, elles peuvent aussi servir de fil conducteur aux interrogations suscitées par la construction et la diffusion de la science juridique. 

De ce point de vue, et en raison même de ses fortes singularités, la faculté de droit de Strasbourg est exemplaire. Les spécificités locales, nationales et internationales de son histoire fournissent en effet un certain nombre de questions qui méritent d’être posées au-delà même de l’espace alsacien. Parmi ses singularités, on notera évidemment le rôle édificateur de la frontière. En effet, tantôt ligne mouvante de démarcation et de séparation, tantôt facteur d’échange et de rapprochement, celle-ci se place au cœur de la construction de la faculté strasbourgeoise, qu’elle façonne continument au gré des ruptures qui marquent son histoire. Le XIXe siècle éclaire ainsi l’élaboration progressive d’une spécificité alsacienne de l’enseignement du droit, par l’Etat français d’abord, et l’Empire allemand ensuite. Le XXe siècle, au moment des reconquêtes consécutives aux deux guerres mondiales, illustre les tensions entre la généralisation d’un modèle universitaire national et les résistances qui en demandaient alors l’inflexion, plus que le rejet. Dans chaque épisode, les enjeux paraissent essentiellement locaux. Rien n’est plus faux : ils interrogent l’évolution globale des facultés de droit françaises. 

De même, la réintégration des trois départements d’Alsace et de Moselle dans l’espace national français s’est immanquablement accompagnée d’une charge symbolique particulière. Quel droit enseigner et comment l’enseigner, quels juristes former, là où le droit français avait disparu pendant près d’un demi-siècle ? Au cœur des difficultés soulevées par ces questions générales, une en particulier intéresse aussi bien le cas particulier des universitaires de Strasbourg que l’ensemble des facultés de droit : celle de la place accordée aux religions, non seulement dans une Faculté entièrement reconstruite, soutenue et surveillée par un Etat républicain et laïque, mais plus largement dans l’ensemble des facultés de droit, à la fois maillons de réseaux catholiques plus larges et soumises à la concurrence des facultés libres, c’est-à-dire catholiques, comme à Lyon ou Lille, par exemple. Comment dans ces lieux, les facultés libres ont-elles pu revendiquer une scientificité dépassant la question religieuse ? Comment, dans ces mêmes lieux, les facultés d’Etat ont-elles pu construire un discours juridique crédible ? En d’autres lieux, et dans une période plus récente, la question de la neutralité peut être envisagée, plus largement, sous la forme d’une résistance aux enjeux économiques. Comment construire une science du droit, qui ne serait pas dominée par les questions économiques? 

Enfin, l’exemple strasbourgeois, en raison même des spécificités institutionnelles et sociales, liées, entre autres, aux annexions et réintégrations, permet d’éclairer l’existence d’une tension entre exigence scientifique et demande sociale au sein des facultés de droit. Lieux de production scientifique, les facultés de droit n’en sont pas moins tenues de répondre aux demandes formulées par les autorités politiques, en recherche de réponses légitimatrices bien souvent, autant qu’à celles issues d’une société en mutation, et donc, aux besoins changeants. Comment les juristes répondent-ils à ces différentes demandes ? Comment ces dernières orientent-elles leur réflexion, leurs recherches, leurs implications ? Ce lien entre construction d’un savoir et demande sociale permet de souligner les stratégies et les discours développés par les juristes, mais plus encore, de les replacer face à leur ambition – prétention ? – à constituer une science juridique autonome. 

Les singularités strasbourgeoises, on l’aura compris, ne limitent donc pas l’intérêt de la faculté de Strasbourg à son seul espace naturel ou affecté. Bien au-delà, elles invitent à s’interroger, pour l’ensemble des facultés de droit françaises et européennes, sur l’existence (ou non) de trames identiques et d’enjeux équivalents. Ce colloque invite donc à croiser des regards interdisciplinaires sur les évolutions institutionnelles et intellectuelles de l’ensemble des facultés de droit comme sur celles de la science juridique. 

Les communications s’articuleront selon 4 demi-journées thématiques 
  1. "Frontières de la science juridique : parcours, circulations intellectuelles et espaces transnationaux". Ou comment la science juridique est le produit d'intenses circulations, de controverses disciplinaires et d'échanges intellectuels et sociaux, de contacts avec les cultures étrangères, de mobilisations individuelles et collectives. 
  2. "Les facultés de droit à l'épreuve de la demande sociale". Ou comment les facultés de droit tentent de répondre aux besoins changeants de la société civile et/ou politique. 
  3. "Le conflit des facultés : la science du droit entre enseignement libre et science d'État". Ou comment une bataille s'instaure entre les facultés libres et les facultés d'État, et ses conséquences sur la science du droit. 
  4. "Singulier territoire du droit". Ou comment la Faculté de Strasbourg a contribué au renouvellement de la science du droit. 
Comité scientifique: 
  • Gabriel Eckert, Professeur (Université de Strasbourg) 
  • Olivier Jouanjan, Professeur, directeur de l’IRCM (Université de Strasbourg) 
  • Eric Maulin, Professeur (Université de Strasbourg) 
  • Francis Messner, Directeur de recherche au CNRS, directeur de l’UMR Prisme-SDRE 
  • Céline Pauthier, Maître de conférences (Université de Strasbourg), 
  • Patrick Wachsmann, Professeur (Université de Strasbourg) 
Comité d’organisation: 
  • Frédéric Audren, Chargé de recherche au CNRS (Ecole de droit de Sc. Po Paris) 
  • Pierre Bonin, Professeur (Ecole de droit de la Sorbonne) 
  • Jean-Christophe Gaven, Professeur (Université de Toulouse 1 Capitole) 
  • Nader Hakim, Professeur (Université de Bordeaux IV) 
  • Philippe Nélidoff, Professeur (Université de Toulouse 1 Capitole) 
  • Céline Pauthier, Maître de conférences (Université de Strasbourg) 

Coordination: 
Les propositions de communication feront mention du rattachement institutionnel et disciplinaire et seront accompagnées d’une proposition de titre et d’un argumentaire d’une quinzaine de lignes. Elles sont à adresser, au plus tard, le 1er mars 2012, par courriel : colloque.strasbourg2012@unistra.fr

Les propositions de communication seront examinées et sélectionnées par le comité d’organisation au courant du mois de mars 2012.

Source: http://sdre.misha.fr/spip.php?article212


* Réseau européen pour l’histoire de l’enseignement du droit (XIXe-XXIe siècles) 

Fondé en 2008 à Toulouse, le Réseau s’est donné pour mission de coordonner et de fédérer la recherche menée sur l’histoire contemporaine des facultés de droit. Réunissant des chercheurs travaillant sur l’espace européen, son objet, initialement consacré à l’histoire des facultés de droit de province au XIXe siècle, s’est progressivement élargi à l’ensemble les facultés du début du XIXe siècle au début du XXIe siècle. Soucieux de promouvoir une histoire sociale, culturelle et institutionnelle de la science juridique, le réseau souhaite également contribuer à une meilleure compréhension des débats actuels sur l’enseignement du droit dans le cadre de la réforme de l’université française. Il organise périodiquement des manifestations dont la publication est assurée par le Centre toulousain d’histoire du droit et des idées politiques. 

Président d’honneur:
  • Philippe Nélidoff, Professeur à l’université de Toulouse 1 Capitole 
Secrétaire: 
Comité de pilotage:
Frédéric Audren, Chargé de recherche au CNRS, Ecole de droit Sc. Po Paris; Pierre Bonin, Professeur à Ecole de droit de la Sorbonne, Université de Paris I Panthéon-Sorbonne; Catherine Fillon, Maître de conférences à l’université Jean Moulin Lyon III; Jean-Christophe Gaven, Professeur à l’université de Toulouse 1 Capitole; Nader Hakim, Professeur à l’Université Montesquieu Bordeaux IV; Jean-Louis Halpérin, Professeur à l’Ecole Normale Supérieure; Philippe Nélidoff, Professeur à l’université de Toulouse 1 Capitole; Céline Pauthier, Maître de conférences à l’université de Strasbourg; Florence Renucci, Chargée de recherche au CNRS, Centre d’études judiciaires, Lille II.