(1839-1882)
Présentation de J.-F. Spitz
Paris, Le Bord de l'Eau (Bibliothèque Républicaine), août 2011, 380 p., ISBN:978-2-35687-063-6, 23€
Louis Blanc (1811-1882) occupe une place à part dans l’histoire du républicanisme français car il est à l’origine de l’idée – formulée en 1848 – qu’il ne saurait y avoir de démocratie politique sans démocratie sociale et que la République doit unir les deux aspects. La démocratie sociale c’est non pas la suppression de la propriété privée mais sa généralisation par la coopération et l’association – ce que Louis Blanc appelle « organisation du travail » – qui permettront aux salariés d’accéder à la maîtrise des instruments de la production sans laquelle il n’y a ni indépendance ni liberté. Juin 1848, le refus des constituants d’inscrire le droit au travail dans la Constitution de la seconde république, puis le coup d’État du 2 décembre sonneront le glas de ces propositions qui avaient eu du mal à prendre leur essor entre les affirmations de l’économie politique libérale et un socialisme ennemi de toute appropriation privée. Les idées de Louis Blanc constituent cependant une réflexion précieuse sur la contradiction entre l’affirmation du caractère intangible de la propriété et l’exigence de l’indépendance personnelle, et elles doivent aujourd’hui nous permettre de mieux comprendre pourquoi la démocratie dans l’entreprise et les droits de l’État social sont les supports indispensables de la liberté des citoyens et le contrepoids nécessaire au pouvoir de la finance et de la grande entreprise.
Jean-Fabien Spitz, Professeur de philosophie politique à l’université de Paris I Panthéon Sorbonne, a récemment publié Le Moment républicain en France (Gallimard, 2005).
Cf. un compte-rendu sur Nonfiction.fr, "Socialiste et libéral, Louis Blanc 1811-1892", par; J.-Fr. Desaix: http://www.nonfiction.fr/article-5395-socialiste_et_liberal_louis_blanc_1811_1892.htm