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8 mai 2012

Univ. Rennes 1, UFR Philo: colloq internat et formation de haut niveau: "The Future of Contractualism / L'avenir du contractualisme", Rennes, 9-10 mai 2012 (format°) = 11-12 mai 2012 (colloq)


Université Rennes 1

UFR de Philosophie - Equipe Philosophie des normes (EA 1270)


Colloque international
et
Formation de haut niveau (masters, doctorat)

The Future of Contractualism
L'avenir du contractualisme

Rennes
9 et 10 mai 2012 (formation)
11 et 12 mai 2012 (colloque)

Conférenciers invités / Keynote speakers
  • Catherine Colliot-Thélène (Université de Rennes 1, France) (La démocratie sans demos, Seuil, 2011)
  • Ann Cudd (University of Kansas, USA) (Analysing Oppression, OUP, 2006)
  • Tim Mulgan (University of St Andrews, GB) (Future People, OUP, 2006) 
  • Nicholas Southwood (Australian National University, Australia) (Contractualism and the Foundations of Morality, OUP, 2010)
mainly in English but with a few conferences in French



Présentation
Héritiers des grandes doctrines du contrat social des XVIIème et XVIIIème siècle, le contractualisme occupe aujourd'hui une place centrale en philosophie politique aussi bien qu'en philosophie morale, pour penser les fondements de l'autorité politique ou la nature de l'obligation éthique. Les multiples versions qui ont été proposées en font un des courants théoriques les plus vivants et dont l'influence dépasse largement le seul cadre de la philosophie pour s'étendre également à la science politique, au droit et même à l'économie. Mais cette multiplicité même soulève toutefois un certain nombre de questions sur sa nature, sur sa portée et, finalement, sur sa validité et son avenir. L'objet du colloque sera de se pencher sur ces questions structurelles fondamentales : sur la nature du contrat, ses présupposés et ses implications.

Comité d’organisation/Local Organizing Committee
  • Magali Bessone, Université Rennes 1 
  • François Calori, Université Rennes 1 
  • Stéphane Lemaire, Université Rennes 1

Programme 
Vendredi 11 mai 2012/ Friday, May 12, 2012 
9h45 Accueil café – Coffee, registration 
  • 10h15 → 11h15. - Conférence pléniaire / Plenary Conference: Nicholas Southwood, TBA
  • 11h15 →13h15. - Sessions parallèles / Parallel sessions 
1. Before, or Beyond, Rawls?
  • Speranta Dumitru, «Rawls est-il devenu contractualiste par erreur?».
  • Sophie Guérard de Latour, «Tout peut-il être contractuel dans le contrat? Retour critique sur le contractualisme de Rawls à partir de la sociologie républicaine de Durkheim».
  • Nicolas Delon, «Animals as sujects of justice: contract, capabilities and consensus». 
2. German origins of contractualism : a Kantian, vs. an Hegelian, interpretation 
  • Helinde Pauer-Studer, «Kantian Self-Constitution, Bad Action and Contractualism».
  • Stephen Hudson, «The Liberation of Duty Beyond Contract: a Hegelian Critique of Contractualism».
  • Andreas Braune, «‘Moderne Sittlichkeit’: Overcoming the Limits of Contractualism». 
Déjeuner / Lunch Break 

14h45 → 16h45. - Sessions parallèles / Parallel sessions 

1. Contractualist rationalities
  • Jussi Suikkanen, «Contractualism as Restricted Constructivism».
  • David Duhamel, «The End of Social Contract Theory? From Rawls to neo-Humeans, an account of a suicide by way of Game Theory».
  • David McCarthy, «Harsanyi, Rawls, Scanlon and Nagel». 
2. «We, the people...»
  • Manuel Cervera-Marzal, «Perspectives contractualistes sur le problème de la désobéissance civile en démocratie».
  • Frederico Tarragoni, «Le démos retrouvé. Le peuple comme fiction, horizon d’attente et norme d’action».
  • Charles Girard, «Des décisions acceptables par tous: contractualisme et délibération».
16h45 → 17h15. - Pause Café / Coffee Break 

17h15 →18h15. - Conférence pléniaire / Plenary Conference: Ann Cudd, «Contractarian Interventions» 

Samedi 12 mai 2012 / Saturday, May 12, 2012 

9h30 → 10h30. - Conférence pléniaire (par Skype) / Skype Plenary Conference: Tim Mulgan, TBA 

10h30 → 11h. - Pause café / Coffee Break 

11h →13h.  - Sessions parallèles / Parallel Sessions 

1. Tolerance and Respect
  • Peter Königs, «Scepticism and Liberalism: Why there is no skeptical back-up argument for liberal toleration».
  • Baldwin Wong, «Why should I respect you? A Critique and a Suggestion for the justification for mutual respect in contractualism»
  • François Calori, TBA. 
2. Justifications
  • Nadia Mazouz, « Justify to Others or Justify with Others?».
  • Justin Weiberg, «Idealization in Contractualism»
  • Stéphane Lemaire, «Contractualist reasons» 
Pause Déjeuner/Lunch Break 

14h30 → 16h30; - Sessions parallèles / Parallel Sessions 

1. Contract as Fairness
  • Daniel Dohrn, «Counterfactuals, Contractualism and the Non-Identity Problem».
  • Christian Piller, «Contractualism, Fairness, and Luck».
  • Magali Bessone, «Contract, reparations and transitional justice». 
2. Cosmopolitism and international setting
  • Karim Medjad, «State contracts: reflections on the next generation».
  • Mathilde Unger, «Le contractualisme constructiviste à l’épreuve de la conception cosmopolitique de la justice».
  • Juan A. Branco, «Contractualisme à l’échelle globale: le renouveau peut-il venir de la justice pénale internationale?» 
16h30 → 16h45. - Pause café / Coffee Break 

16h45 →17h45. - Conférence pléniaire / Plenary Conference: Catherine Colliot-Thélène, «Le contractualisme au prisme de la globalisation : quelles parties? à quel contrat?» 

Lieu
Université de Rennes 1 - Campus de Beaulieu - bâtiment 32B - amphi 12


Formation de haut niveau
L'avenir du contractualisme
Morale et politique

Rennes
9-10 mai 2012

Problématique générale 
La notion de «contrat» fait partie aujourd’hui de celles dont l’usage est devenu inflationniste. Elle se retrouve au cœur conceptuel de nombreuses disciplines des sciences sociales et humaines, sociologie, science politique, économie ou philosophie, comme s’il s’agissait d’une forme juridique particulièrement familière, qui encadre, norme, codifie les relations interpersonnelles et collectives dans tous les domaines. Néanmoins, les conditions logiques et épistémologiques selon lesquelles on peut faire un usage rigoureux de cette notion demandent à être identifiées et délimitées avec soin. Cela se révèle tout particulièrement important dans la mesure où aujourd’hui, de nombreuses théories politiques et morales, héritant des théories classiques du contrat social (Hobbes, Locke, Rousseau, Kant), posent que la forme même des relations morales et politiques entre les êtres humains dépend d’un contrat, accord ou consentement, qui légitime seul les arrangements sociaux collectifs.

Ces théories sont des formes de contractualisme. La philosophie morale et politique contemporaine, depuis la parution de la Théorie de la justice de John Rawls (1971/1987), témoigne d’une grande fécondité sur ces questions, discutant de multiples versions du contractualisme (on peut citer Thomas Scanlon ou David Gauthier, mais aussi, et en dialogue avec, l’économiste James Buchanan). Chacune de ces versions s’efforce de donner pertinence et cohérence à l’hypothèse selon laquelle des individus rationnels, poursuivant leurs propres intérêts, sont conduits (moralement et/ou politiquement) à coopérer avec les autres et à traiter ces autres comme des partenaires d’un accord moral et/ou politique.

Au-delà des multiples interrogations sur la construction et la tenabilité d’une telle hypothèse, les réflexions sur le contractualisme conduisent à s’interroger sur les conditions même de notre vivre ensemble : viser un accord est-il d’abord une procédure morale qui légitimerait ensuite la politique ou est-ce d’abord, et avant tout, une procédure politique ? Faut-il éventuellement concevoir un découplage radical entre ce qu’apporte le contractualisme à la morale et à la politique? Réciproquement, se situer dans une perspective contractualiste implique-t-il de dissocier radicalement morale et politique? Le but de la formation de haut niveau est d’introduire aussi bien les étudiants en philosophie que ceux provenant d’autres disciplines à ces approches qui peuvent être pertinentes dans le cadre de leur propre recherche disciplinaire. Le contractualisme est notamment en dialogue constant avec deux traditions fondamentales tant dans le champ des sciences sociales que dans celui des sciences économiques, l’utilitarisme et les théories du choix rationnel. La formation de haut niveau, proposée en français et pour partie en anglais, sera suivie d’un colloque international, principalement en anglais, sur deux jours, réunissant les meilleurs chercheurs français et internationaux sur ces questions.

Ces journées s'adressent à tous les doctorants et étudiants en Master.


Mercredi 9 mai 2012
  • Les racines du contractualisme contemporain: John Rawls, une approche kantienne, François Calori, Université de Rennes 1 - 9h-13h 
La théorie de la justice de Rawls a redonné à la philosophie politique ses lettres de noblesse; c’est encore aujourd’hui un ouvrage, débattu, commenté, qui constitue une référence pour toute la philosophie politique. L’intuition de Rawls est fort simple: le choix des principes de justice sociale qui gouverneront les institutions de base d’une société bien ordonnée, doit se faire à partir d’un point de vue qui en garantit le caractère équitable. Cela signifie que le choix des principes fondamentaux doit s'effectuer à partir d'une perspective impartiale que Rawls incarne dans la situation de choix hypothétique qu’il nomme le “voile d’ignorance”, remise à jour du contrat social. Dans sa version du contractualisme, il s’agit, dans une perspective kantienne, de trouver des principes tels que tous les agents rationnels pourraient les accepter dans des conditions idéales d’abstraction des traits contingents moralement arbitraires qui pèsent sur nos choix concrets. Son contractualisme est en ce sens une reprise de l’impératif kantien qui exige de traiter les autres comme des fins, soit comme les partenaires rationnels et raisonnables d’un accord sur les principes de justice. A la différence de Kant néanmoins, son contrat est strictement politique. 

L’objet de l’atelier sera de travailler la construction du contractualisme rawlsien, de voir ce qui le rapproche et le distingue de celui de Kant, et de comprendre comment le contractualisme est un élément d’une perspective épistémologique plus vaste, celle de la méthode de l’équilibre réfléchi qui pense la philosophie normative dans un dialogue constant avec les résultats des sciences sociales. 

Déjeuner 
  • Le contractarianisme: David Gauthier et la théorie du choix rationnel, Stéphane Lemaire - 14h30-18h30 
A la suite de Darwall, on distingue désormais fréquemment le contractarianisme du contractualisme. Le contractualisme, s’inspirant de Rousseau et Kant, se fonde sur l'idée que les êtres rationnels sont des fins en soi et soutient dès lors que le rapport aux autres contractants ne peut être simplement instrumental. A l'inverse, le contractarianisme prend ses racines chez Hobbes. Le contrat est l'objet d'une négociation entre des individus mus par une rationalité instrumentale. Cette approche du fondement de la morale et de l'Etat a été considérablement renouvelée par David Gauthier (Morals by Agreement, 1986 et Moral Dealing, 1990) et par un certain nombre d'autres auteurs (en particulier, les philosophes Jean Hampton (Hobbes and the Social Contract Tradition, 1986) et Gregory Kavka (Hobbesian Moral and Political Theory, 1986) ou encore l’économiste James Buchanan (The Calculus of Consent, 1962)). Ce contractarianisme soutient que les règles morales seraient celles qu'adopteraient des individus intéressés afin de maximiser la satisfaction de leurs intérêts. Le contrat est ainsi une forme de compromis stratégique. 

Le cours présentera les travaux de Gauthier et les mettra en perspectives à travers une comparaison avec les autres approches contractariennes. La question centrale qui nous intéressera sera celle de savoir si cette approche permet véritablement de fonder la morale dans la rationalité instrumentale. 

On se focalisera donc tout particulièrement sur les discussions philosophiques qui ont porté sur les trois points suivants: 
1°/ la situation initiale des contractants et le proviso lockéen, ses variantes et justifications; 
2°/ le partage du gain coopératif: Gauthier et le principe de minimisation de la concession relative contre la solution de Nash; 
3°/ la question de savoir s'il est rationnel d'agir en accord avec une règle qu'il est rationnel d'adopter. 

Lectures recommandées:
    • Peter Vallentyne, "Gauthier on rationality and morality", Eidos 5, 1986, p. 79-95, accessible sur le site de P. Vallentyne à l'adresse url suivante: http://klinechair.missouri.edu/Vita_Revised.htm#Articles
    • Gauthier, "Why contractarianism?", in Rachel (ed.), Ethical theories, collection: Oxford Readings in Philosophy, Oxford, Oxford University Press. 

Jeudi 10 mai 2012
  • Scanlon’s Contractualism and Its Critics  (Attention: ce cours sera en anglais), Nicolas Southwood, Australian National University - 9h-13h. 
The aim of this seminar will be to provide a critical introduction to T.M. Scanlon’s influential version of Kantian contractualism. The first part of the seminar will focus on elucidating the key features of Scanlon’s contractualism: justifiability to others; reasonable rejectability; the individualist restriction; and mutual recognition. The second part of the seminar will involve discussing some of the main objections that have been raised to Scanlon's contractualism, e.g. objections concerning our duties to the cognitively limited and impaired, aggregation, demandingness, normativity and explanatory adequacy. 

Reading
    • Scanlon, T.M., What We Owe To Each Other, chs. 4 and 5. 
    • Southwood, Nicholas, Contractualism and the Foundations of Morality, ch. 3. 
Déjeuner 
  • Alternatives ou prolongements du contractualisme politique ? Théories délibératives, théories cosmopolitiques, Magali Bessone, Université de Rennes 1 - 14h30-18h30 
S’il semble difficile d’envisager de fonder la légitimité politique autrement que par l’accord ou le consentement de tous les concernés, les développements récents en philosophie et théorie politiques ont souligné que le contrat n’était pas le seul modèle de procédure pour parvenir à un tel accord. Selon les théoriciens de la démocratie délibérative et les théoriciens de la démocratie cosmopolitique, le contrat présente en réalité des faiblesses intrinsèques telles qu’il faut soit lui préférer une autre procédure, soit l’amender substantiellement. 

Les tenants des théories délibératives (Jürgen Habermas, Jon Elster, Joshua Cohen, Bernard Manin) proposent un modèle procédural alternatif qui permette de produire le consentement, sous la forme du consensus, dans et par la délibération comme discussion argumentée entre des partenaires libres et égaux. 

Le cosmopolitisme, de son côté, souligne que le modèle contractualiste présente des limites dans la manière dont il définit «tous les concernés» comme les citoyens présents sur un territoire donné, et dans des frontières à la fois administratives, juridiques et géographiques préexistantes, «condition objective» (chez Rawls par exemple) de toute réflexion sur la justice. Ses tenants proposent d’élargir le principe de «tous les concernés» en-dehors de la sphère de la souveraineté territoriale. 

Le cours s’attachera à présenter et évaluer les arguments que ces deux positions opposent au contractualisme et à rendre compte des débats actuels, y compris dans leurs implications sociologiques. 

Lectures conseillées:
    • Alice Le Goff, Charles Girard, La Démocratie délibérative, anthologie de textes, Paris, Hermann Éditeurs, 2010 (en particulier les textes de Joshua Cohen et Simone Chambers). 
    • Robert Goodin, «Enfranchizing all affected interests, and its alternatives», Philosophy and Public Affairs, 35 (2007), p. 40-68. 
Lieu
Cette formation se déroulera les mercredi 9 et jeudi 10 mai 2012, à l'UFR de Philosophie de Rennes, Université de Rennes 1 - Campus de Beaulieu


Inscription
Vous pouvez vous inscrire à partir du lien ci-dessous, et cela jusqu'au 7 mai 2012.

Ces journées s'adressent à tous les doctorants et étudiants en Master.