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1 juin 2012

MMSH, JE: "Dire et écrire le pouvoir impérial en Méditerranée, XIXe-XXe s.", Aix-en-Prov., 8 juin 2012

Information transmise par A. Mergey:
Maison méditerranéenne des Sciences de l'Homme
Journée d'Etudes

Dire et écrire le pouvoir impérial en Méditerranée, XIXe-XXe siècles
Talking and writing imperial power in the Mediterranean, 19th-20th centuries

Aix-en-Provence
8 juin 2012
Résumé
Cette journée d’étude ambitionne de mettre en lumière les processus d’hybridation à l’œuvre dans l’exercice du pouvoir impérial, à travers une étude des modalités de traduction de ce dernier. Le cadre méditerranéen se prête tout particulièrement à l’étude, puisqu’une tradition pluriséculaire d’inter-traductions des langues méditerranéennes – sans compter la revendication d’un « héritage culturel » commun – génère, de part et d’autre de l’interface impériale, un sentiment de familiarité trompeuse. La perspective adoptée est résolument trans-impériale : l’enjeu est en effet de comparer les terrains coloniaux européens et extra-européens dans une double perspective diachronique (car axée sur la transition d’une configuration à l’autre) et synchronique (car centrée sur l’évaluation des différences et similarités entre cas particuliers). Le choix a été fait de limiter l’analyse à la période contemporaine, soit au moment de la consolidation et d'une certaine standardisation des langages administratifs et commerciaux.

Argumentaire :
Les logiques impériales sont, on le sait, polysémiques, tout comme sont multiples les registres auxquels elles empruntent et les modalités selon lesquelles elles opèrent. Ainsi l’étiquette impériale, les rituels ou encore les codes vestimentaires impriment-ils sur les corps la différence entre gouvernants et gouvernés, selon une dynamique de normativation des corps et des conduites désormais bien connue des historiens comme des anthropologues. De façon moins ostentatoire, mais peut-être – et de ce fait même – plus efficace, le pouvoir impérial se pérennise également en se disant et en s’écrivant : le langage officiel, les catégories sur lesquels il repose et qu’il reproduit en les énonçant, est inséparable de sa finalité pratique.

La recherche s’est depuis longtemps intéressée à la performativité du discours pour expliquer l’enracinement du pouvoir impérial au quotidien, au-delà de ses ressorts socioéconomiques les plus visibles et donc les plus souvent contestés. Mais les travaux inspirés du tournant linguistique se sont longtemps enfermés dans une démarche auto-référentielle qui, tout en éclairant l’élaboration et la diffusion des catégories à la base de la politique impériale, se révèle incapable de rendre compte de leur application pratique.

Or par définition le langage impérial ne devient politique qu’une fois traduit dans ou de l’idiome local ; s’il découle d’une tradition bureaucratique métropolitaine dont les origines s’estompent, il s’incarne dans le travail de traduction ou d’interprétation d’intermédiaires locaux. Souvent négligés par l’historiographie, ces derniers – traducteurs, scribes, interprètes consulaires, employés de l’administration coloniale, élite semi-coloniale – sont pourtant les rouages importants de la « mécanique impériale », et disposent d’un pouvoir aussi étendu qu’insoupçonné.

Cette journée d’étude ambitionne de mettre en lumière les processus d’hybridation à l’œuvre dans l’exercice du pouvoir impérial, à travers une étude des modalités de traduction de ce dernier. Le cadre méditerranéen se prête tout particulièrement à l’étude, puisqu’une tradition pluriséculaire d’inter-traductions des langues méditerranéennes – sans compter la revendication d’un « héritage culturel » commun – génère, de part et d’autre de l’interface impériale, un sentiment de familiarité trompeuse. La perspective adoptée est résolument trans-impériale : l’enjeu est en effet de comparer les terrains coloniaux européens et extra-européens dans une double perspective diachronique (car axée sur la transition d’une configuration à l’autre) et synchronique (car centrée sur l’évaluation des différences et similarités entre cas particuliers). Le choix a été fait de limiter l’analyse à la période contemporaine, soit au moment de la consolidation et d'une certaine standardisation des langages administratifs et commerciaux.

Programme
9h00-9h30: Réception des intervenants
9h30-9h45: Accueil et présentation
Intervenante : Brigitte Marin (MMSH)
9h45-10h15: Introduction
Intervenants:
  • Mathieu Grenet, Washington University in St. Louis
  • Alexis Rappas, LabexMed – IREMAM
10h15-10h30h: Pause

10h30-12h15: Panel 1 – Mots d’ordre et ordre des mots : à la recherche d’une grammaire impériale
Modération : Ilsen About, IDEMEC
Intervenants :
  • Ghislaine Alleaume, IREMAM, Fragment d’Empire: l’Egypte et l’Empire ottoman, 1805-1875.
  • Marc Aymes, CETOBAC – EHESS, Gouverner au jugé: une expérience du «condominium» provincial ottoman.
  • Tommaso Palmieri, IREMAM, Les «territoires militaires» du Fezzan libyen: un exemple de langage colonial «successif».
12h15h-13h30: Déjeuner

13h30-15h15: Panel 2 – Education et enseignement, entre savoirs locaux et logiques impériales
Modération : Irène Gonzalez, Ministère espagnol de l’Education
Intervenants :
  • Saïd Belguidoum, IREMAM, Diffusion et appropriation de la langue française en Algérie: anciennes et nouvelles élites culturelles.
  • Angelos Ntalachanis, Université de Paris-Est Marne-la-Vallée, Les langues intermédiaires: stratégies grecques d’enseignement et d’apprentissage des langues étrangères en Egypte (1922-1961).
  • Iris Seri-Hersch, IREMAM, Les éducateurs du Soudan anglo-égyptien à l'heure de l'impérialisme «paterno-progressiste»: défis, tensions et controverses (1946-1956).
15h15-15h30: Pause

15h30-17h15: Panel 3 – Transmissions impériales : le cas des successions
Modération : Nicolas Michel, IREMAM
Intervenants :
  • Isabelle Grangaud, IREMAM, La conquête du bayt al-mâl: les transformations d’une institution ottomane à Alger entre 1830-1860.
  • M’hamed Oualdi, INALCO, Jusqu’où perturber les volontés impériales? Des usages de la justice italienne dans un conflit d’héritage entre Ottomans, Français et Tunisiens (1887-1892).
  • Nourredine Amara, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, La descendance Abdelkader à Damas: allégeance, sujétion et engagements d’honneur.
17h15-18h30: Table-ronde et discussion

Fichiers à télécharger (site de Calenda.org)
Lieu
MMSH, 5 rue du Château de l'horloge, 13090 Aix-en-Provence

Contacts
Source: «Dire et écrire le pouvoir impérial en Méditerranée, XIXe-XXe siècles», Journée d'étude, Calenda, publié le mardi 24 avril 2012, http://calenda.revues.org/nouvelle23739.html