Chercher in Nomôdos

5 déc. 2012

Univ Paris 1 - PhiCo/NoSoPhi / Univ. Picardie - CURAPP: colloq. "Sens de la justice et sciences sociales: Approches croisées," Paris, 24-25 janv. 2013


Information transmise par Fr. Audren:
Université Paris 1 - PhiCo/NoSoPhi 
Université de Picardie - CURAPP
Colloque


Sens de la justice et sciences sociales: Approches croisées

Paris

24-25 janvier 2013 
Avec le soutien de 
Philosophies Contemporaines (Université Paris 1)
CURAPP (Université de Picardie) 
et l’Institut Universitaire de France 
Organisatrices

  • Sophie Guérard de Latour (Université Paris 1, PhiCo/NoSoPhi) 
  • Gabrielle Radica (Université de Picardie, CURAPP) 
Présentation
Ce projet de colloque a pour objectif d’interroger la nature du “sens de la justice”, à partir d’une exploration interdisciplinaire destinée à faire dialoguer les analyses normatives des diverses théories de la justice, notamment celles de John Rawls et de la tradition de ses commentateurs, et les enseignements des sciences sociales (sociologie, psychologie, droit) sur les modalités individuelles et collectives de la perception du juste. Il participe à ce titre au renouvellement des recherches actuelles en philosophie morale et politique qui s’interrogent moins sur la déduction formelle des principes de justice que sur leur articulation avec le sens commun. 

Argumentaire scientifique du colloque 
Dans la dernière partie de Théorie de la justice, Rawls s’appuie sur les données de la psychologie de son époque pour défendre le caractère « réaliste » de l’utopie qu’il a élaborée dans les parties précédentes. La psychologie raisonnable qu’il mobilise alors est destinée à résoudre le problème de la stabilité de sa conception de la justice (Théorie de la justice, § 69), en montrant que cette dernière est susceptible de générer au sein d’une société bien ordonnée les conditions sociales de son maintien au travers du temps et de sa résistance aux forces déstabilisatrices. Rawls est ainsi conduit à défendre l’idée selon laquelle, au sein d’une société bien ordonnée, les personnes en viennent à développer un sens de la justice qu’il définit comme « le désir efficace d’appliquer les principes de la justice et d’agir selon eux » (Théorie de la justice, § 86) et qu’il décrit en particulier, au travers des étapes de l’éducation morale, comme la capacité de toute personne raisonnable à élargir progressivement le cercle de ses attachements pour échapper en définitive à tout contexte social particulier et régir sa conduite sur la base de principes abstraits (c’est le sens du passage de la « morale de groupe » à la « morale fondée sur des principes » dans Théorie de la justice §71 et 72). 

Une telle description du sens de la justice invite à s’interroger sur le primat accordé par Rawls à la psychologie dans sa démarche. Pourquoi en appeler en effet à cette seule science, et non pas à l’anthropologie, à la sociologie, à la théorie du droit ou encore à l’économie – si présente dans la première partie - lorsqu’il s’agit d’évaluer le caractère réaliste de la théorie de la justice comme équité ? Pourquoi ne pas mobiliser ces autres approches de la réalité sociale afin d’examiner en contexte le processus cognitif et moral d’attachement à des principes abstraits de coopération équitable, tel que Rawls le décrit? L’accent mis sur la psychologie relève-t-il d’une forme inavouée d’individualisme méthodologique ? Rawls combine-t-il cette approche psychologisante avec d’autres perspectives capables d’introduire d’autres facteurs sociaux dans sa conception des motivations morales de l’individu? 

Pour mener cette réflexion, le colloque se propose ainsi de prolonger la démarche interdisciplinaire initiée par Rawls, en l’ouvrant aux points de vue d’autres sciences sociales, lorsque ces dernières prennent la justice pour objet d’étude. Cette volonté de pluralisation et de confrontations des perspectives disciplinaires poursuit un triple objectif. 

Le premier objectif consiste à bien saisir avant tout la portée de la « psychologie raisonnable » mobilisée par Rawls, afin de comprendre son statut à l’égard de la théorie normative : il s’agira entre autres de s’interroger sur les courants de recherche actuels portant sur la naturalisation de la morale, lesquels semblent partager l’intuition rawlsienne sur l’émergence spontanée, dans des conditions normales, d’un désir de participer équitablement à la coopération sociale. On pourra aussi s’interroger sur le fait que le contenu spécifique des deux principes rawlsiens soit si peu mentionné lorsque le philosophe passe de la déduction de ses principes à sa théorie des motivations morales. 

Le second objectif serait de sortir d’un point de vue centré sur le psychisme de l’individu pour intégrer dans l’analyse d’autres processus d’institutionnalisation des rapports sociaux. En effet, à partir du moment où le recours au sens de la justice a pour fonction de défendre le caractère réaliste d’une conception procédurale du juste, il paraît nécessaire de ne pas se limiter au champ de la psychologie mais d’examiner avec soin aussi la façon dont un tel sens se met en place dans les sphères économique, juridique et politique. Cet élargissement de perspectives devrait permettre d’évaluer l’originalité de l’approche rawlsienne du sens de la justice ou d’en souligner les limites. 

Le troisième objectif se propose, sur un plan méthodologique, d’expliciter et de problématiser l’idée rawlsienne d’un usage « raisonnable » des sciences humaines dans le cadre de la philosophie morale. En mettant un discours normatif à l’épreuve d’un ensemble de propositions à caractère scientifique, Rawls invite en effet à poursuivre l’analyse de ce qu’engage une philosophie normative qui sache rester attentive aux faits. 

Liste des participants 
  • Magali BESSONE, Maître de Conférences en philosophie, Université de Rennes 1 
  • Isabelle DELPLA, Maître de Conférences HDR en philosophie, Université de Montpellier 3 
  • Nick EMLER, Professor of Social Psychology, University of Surrey. 
  • Michel FORSE, Directeur de Recherches en sociologie, CNRS. 
  • Antoine GARAPON, secrétaire général de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice. 
  • Sophie GUERARD DE LATOUR, Maître de Conférences en philosophie, Université de Paris 1 
  • Caroline GUIBET-LAFAYE, Chargée de Recherches en philosophie, Centre Maurice Halbwachs. 
  • Bertrand GUILLARME, Professeur de philosophie, Université de Paris 8. 
  • Laurent JAFFRO, Professeur de philosophie, Université de Paris 1. 
  • Guillermina JASSO, Professor of Sociology, New York University. 
  • Edouard JOURDAIN, Chargé de Mission, Institut des Hautes Etudes sur la Justice. 
  • Alice LE GOFF, Maître de Conférences de philosophie, Université de Paris 5. 
  • Sandra LAUGIER, Professeur de philosophie, Université de Paris 1. 
  • Vanessa NUROCK, Maître de Conférences en philosophie, Université de Montpellier 3. 
  • Sophie RICHARDOT, Maître de Conférences en sciences de l’éducation, Université de Picardie. 
Président(e)s: 
  • Jean-François KERVEGAN, Professeur de philosophie, Université de Paris 1 
  • Pierre-Yves QUIVIGER, Maître de Conférences HDR de philosophie, Université de Paris 1 
  • Gabrielle RADICA, Maître de Conférences, Université de Picardie 
  • Emmanuel RENAULT, Professeur de philosophie, ENS-Lyon-LSH 
  • Céline SPECTOR, Professeur de philosophie, Université de Bordeaux 3


Programme

Jeudi 24 janvier 
Université Paris I – Centre Panthéon , Salle 1 
12 Place du Panthéon - 75005 Paris
 
9h - Accueil des participants. Ouverture du colloque, Jean-François Kervégan. 

Session 1 - « Origine et formation du sens de la justice » 
  • 9h30 - Nicholas Emler (Professeur émérite à l’Université de Surrey), « Une critique de la psychologie morale dans la théorie de la justice de Rawls à partir de la psychologie moderne »
  • 10h20 - Sophie Richardot (Maître de Conférences en sciences de l’éducation, Université de Picardie), « Le sens de la justice chez les enfants : les conditions de production d’un jugement autonome »

11h10 - Pause

  • 11h40 - Vanessa Nurock (Maître de Conférences en philosophie, Université de Paris 8), « Sens de la justice et sens du care »

Session 2 - « Le sens de la justice à l’épreuve du pluralisme et de l’empirisme »

  • 14h30 - Caroline Guibet Lafaye (Chargée de Recherches en philosophie HDR, Centre Maurice Halbwachs), « Positions sociales et sentiments d'injustice »
  • 15h20 - Laurent Jaffro, (Professeur de philosophie, Université de Paris 1), « Comment vouloir comme on voudrait vouloir ? »

16h10 - Pause

  • 16h40 - Alice Le Goff (Maître de Conférences en philosophie, Université Paris Descartes), « Quel sens de la justice ou le sens de quelle justice ? Une lecture critique de la problématique du sens de la justice au prisme des approches pluralistes du juste ».

Vendredi 25 janvier 
Maison des sciences économiques – 6 e étage 
106 boulevard de l’Hôpital - 75013 Paris 

Session 3 - « Les frontières du sens de la justice » 


  • 9h30 - Isabelle Delpla (Maître de Conférences HDR en philosophie, Université Montpellier 3), « La justice des gens : sur un sens de la justice internationale »
  • 10h20 - Soumaya Mestiri (Professeur de philosophie, Université de Tunis), « Décoloniser la justice globale : le droit des gens reconsidéré »


11h10 - Pause 
  • 11h40 - Magali Bessone (Maître de Conférences en philosophie, Université de Rennes 1), « Répondre au sens de l'injustice : le contractualisme rawlsien à l'épreuve d'une sociologie critique des discriminations » 
Session 4 - « Sens de la justice, réciprocité et solidarité »


  • 14h30 - Michel Forse (Directeur de Recherches en sociologie, CNRS), « Les Français et le principe de différence »
  • 15h20 - Antoine Garapon (Secrétaire général de l’Institut des Hautes Études sur la Justice) et Édouard Jourdain (Chargé de Mission, Institut des Hautes Études sur la Justice), « Les sens de la réciprocité : entre justice commutative et transaction »


16h10 - Pause 
  • 16h40 - Sophie Guérard de Latour (Maître de Conférences en philosophie, Université de Paris 1), « Sens de la justice et sens communautaire chez Rawls: une lecture durkheimienne » 
17h30 - Conclusion, Gabrielle Radica


Lieux

  • 24 janvier 2013: 
    Maison des sciences économiques – 6 e étage, 
    106 boulevard de l’Hôpital - 75013 Paris 
  • 25 janvier 2013: 
    Maison des sciences économiques – 6 e étage 
    106 boulevard de l’Hôpital - 75013 Paris