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31 janv. 2013

Pour mémoire: IHRF (Univ. Paris 1-Panthéon-Sorbonne), sém "Affreux, sales et méchants: les "chiens" de la République", Progr 2012-2013, Paris

Pour mémoire: 
Institut d'Histoire d ela Révolution française
(Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne)

Séminaire de recherche

Affreux, sales et méchants:
"les chiens" de la République

Programme 2012-2013

Université de Paris I Panthéon Sorbonne
EA 127 Modernités et Révolutions
Institut d’Histoire de la Révolution Française (CNRS-Ums 622)

Affreux, sales et méchants: «les chiens» de la République

Le séminaire « Affreux, sales et méchants : les chiens de la République » se termine cette année au terme de trois années de réflexions et de saisies de problématiques originales, souvent à la marge d’une/ de l’histoire classique de la Révolution face à laquelle il n’est plus temps d’être complaisant. L’IHRF reste ainsi fidèle à sa tradition d’interrogation du politique en Révolution dans le choix ici délicat, mais assumé des marges de la République. Histoire paradoxale que vous avons souhaitée ainsi. Comment la Révolution, puis la République, dans son exigence d’universalisme, d’égalité et de construction en droit positif des droits naturels de l’homme fait advenir à la citoyenneté des personnes et des groupes considérés, par le droit, la science, la littérature, l’administration voire la coutume, comme des sous-sujets, des inférieurs ou des invisibles ? Que fait la Révolution à ces catégories ? Comment la situation de ces individus et de ces groupes est-elle transformée dans l’évènement ? C’est là une conquête de dignité puis de reconnaissance citoyenne qui transforme en profondeur la société. Dans le même temps, l’émergence de nouvelles populations au sein de l’espace politique mis en place à partir de 1789 (femmes, jeunes, pauvres, noirs libres puis esclaves libérés) n’est pas sans poser de profonds problèmes touchant à l’acceptation, voire, pour prendre un terme plus contemporain, d’intégration de ces populations à un pacte républicain qui, institué en 1792, n’en reste pas moins toujours malmené, attaqué, agressé par une contre-révolution d’une agressivité inouïe. En dépit de ces attaques qui prennent justement pour cible le processus de régénération ou de civilisation à partir duquel doit construire la nouvelle communauté politique, la République tient bon, voire se renforce de cette adversité, en modifiant en évoluant, en changeant parfois des éléments du pacte social. Il s’agit dans ce séminaire de porter le regard, non plus au cœur du monde de fonctionnement de la République, dans ses aspects historiques et théoriques, mais aux confins du cercle de la citoyenneté républicaine, là où les identités fragiles, éphémères, stigmatisées révèlent sans fards les moyens d’exclusion de la distinction basique de l’être républicain, mais aussi les façons dont les nouveaux citoyens ont pu être reconnus d’abord, définis puis intégrés ensuite. Le thème de réflexion mérite d’être encore précisé. Qui se trouve sur les marges de la Polis ? Une série de personnes toutes différentes toutes partageant une part de cette extranéité, cette étrangeté avers et envers de la « républicanité » en édification. Cette dernière série de réflexions qui devraient, nous l’espérons, aboutir à un ouvrage collectif, se tourne vers le tournant de l’an III et ses enjeux politiques, épistémologiques, idéologiques, institutionnels et constitutionnels. Il y a bien une rupture en/de l’an III. Mais cette rupture n’est pas simplement celle qui, caricaturalement, présente cette année comme le deuil de l’idée républicaine du fait de la fin de l’expérience de l’an II et de la chute de l’Incorruptible. Il semble que, dans un nouveau contexte militaire, le Contrat républicain se redéfinit, invente une république méritocratique, capacitaire, qui, d’un coté, délimite et encourage de plus en plus de citoyens à intégrer la cité politique, et de l’autre, crée les conditions durables de leur exclusion, soit individuelle, soit collective. Jusqu’en 1802, date d’un indéniablement tournant autoritaire du régime consulaire, il est ainsi possible de parler d’une véritable matrice républicaine, certes avec des limites et des contraintes, mais posant le statut de la personne au cœur de la républicanité, réinventant en toute conscience, ou non, les formes d’une normalité qui intègrent ou excluent, qui suppriment ou inventent de « nouveaux chiens de la République ». Les thèmes des communications ne commenceront pas toujours précisément en l’an III et ne s’arrêteront pas au Ier vendémiaire en IV, mais le tournant de l’année thermidorienne et la construction de la constitution de l’an III, de la nouvelle société qu’elle promeut et des conséquences politiques qu’elle provoque constitueront le point de repère de notre réflexion commune.
Dans le cadre, et dans la continuité du séminaire, trois projections-débats de films seront proposés : Films, cinémas, documentaires, comment représenter l’Autre ? Une nouvelle façon de penser le séminaire pour commencer ! Ce cycle de trois séances, construit autour d’une projection et le débat qui s’ensuit devrait conclure trois années de réflexion commune et créer une nouvelle dynamique de prise de parole commune et de réflexion conclusive sur le thème des « chiens de la République ».
Dans le cadre des conférences Aulard organisées par l’IHRF depuis 2008, et après les Professeurs Carla Hesse, Michel Pertué, Domenico Losurdo, Daniel Roche, madame le Professeur Catherine Larrère (Université de Paris I) présentera une conférence le mercredi 24 octobre sur le thème suivant: Jean-Jacques Rousseau, les femmes et la citoyenneté.

PROGRAMME

(octobre 2012 – février 2013)
  • mercredi 10 octobre : Pierre SERNA, L’an III : séparation, division ou confusion entre citoyen, homme et animal ?.
  • mercredi 17 octobre : Jean-Luc CHAPPEY, L’impératif thérapeutique de l’an III . Les fondements intellectuels du projet républicain du Directoire.
  • mercredi 24 octobre : Conférences Alphonse Aulard, Catherine LARRERE (Paris I Panthéon-Sorbonne), Jean-Jacques Rousseau, les femmes et la citoyenneté.
  • mercredi 7 novembre : séance de travail avec les étudiants de Master 2.
  • mercredi 14 novembre : Malik MELAH (agrégé d’histoire, doctorant à l’IHRF),Pourquoi investir le champ vétérinaire ? La réponse par le berger. L’École vétérinaire d’Alfort et la question des bêtes à laine (An III- 1813).
  • mercredi 21 novembre : Patrice HIGONNET (Université de Harvard), Le noble est-il le chien de la république Directoriale ?.
  • mercredi 28 novembre : Véronique LARCADE (Université de Bordeaux), Peut-on être ami avec un Indien ? Les Européens rencontrent les Polynésiens (1767-1842).
  • mercredi 5 décembre : Déborah COHEN (Université d’Aix en Provence),Cyniques et canailles : invention et stigmatisation d’une politique populaire (1789-1796).
  • mercredi 12 décembre : François BUTON (chargé de recherches CNRS, CEPEL-UMR 5112, Faculté de Droit et Science Politique de Montpellier), Voir et entendre les infirmes dans la France en Révolution : les pouvoirs face aux sourds-muets et aux aveugles (1789-1799).
  • mercredi 19 décembre : Jean-Pierre LE GLAUNEC (Université de Sherbrooke, Canada), ‘Des bêtes fauves’ : les représentations de l’ennemi dans la guerre d’indépendance haïtienne.
  • mercredi 9 janvier : Clyde PLUMAUZILLE (doctorante à l’IHRF), ‘Ces monstres, l’opprobre de leur sexe et le fléau de la société’ : les autorités révolutionnaires face au corps vil des prostituées dans l’espace public parisien au tournant de l’an II (1793-1794).
  • mercredi 16 janvier : Claude-Olivier DORON (Université Paris VII, LOPHISS/SPHERE/Centre Canguilhem), De l’humanisme en psychiatrie : Félix Voisin et la genèse des anormaux.
  • mercredi 23 janvier : séance autour de Fragonard à l’Ecole vétérinaire (avec Philippe Raxon - Université de Liège - et les membres de l’IHRF)
  • mercredi 30 janvier : séance autour du film L’enfant sauvage (animée par Jean-Luc Chappey et les membres de l’IHRF)
  • mercredi 6 février : Révoltes d’esclaves, république de marrons et questions raciales (XVIe-XVIIe siècles), séance autour de Carlos ZERON (Université de San Paulo, Brésil) avec Jean-Frédéric SHAUB (Ehess), les membres de l’IHRF et les participants de l’Atelier du fait colonial.
Pratique
Séminaire de recherche du premier semestre de l’année universitaire 2012/2013 sous la responsabilité de monsieur le professeur Pierre Serna (directeur de l’IHRF) & Jean-Luc Chappey (Maître de conférences habilité à diriger les recherches)
Le séminaire a lieu le mercredi de 17h à 19h en salle Marc Bloch (Sorbonne). Il est librement ouvert aux étudiants de Master 1 et 2, aux doctorants et à tous les chercheurs sur l’histoire de la Révolution française


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