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8 sept. 2013

Ec. franç. Rome Appel à contributions: JE, 2014-2015, "Cardinaux et cardinalat, une élite à l’épreuve de la modernité (1775-1978)", (limite: 31 mars 2013)

Ecole française de Rome
Appel à contributions: journées d'Etudes, 2014-2015

Cardinaux et cardinalat, une élite à l’épreuve de la modernité (1775-1978) 
  • 1er semestre 2014 : Les cardinaux, entre Rome et le monde 
  • 1er semestre 2015 : Les cardinaux, entre Cour et Curie 
(limite:  31 mars 2013[?])
Journées d’études 2014-2015: appel à contribution 

Les cardinaux de l’époque contemporaine oubliés par l’historiographie? 

Les recherches sur l’histoire de la Curie romaine à l’époque contemporaine connaissent un vif renouveau depuis une trentaine d’années. Au croisement de l’histoire religieuse et de l’histoire institutionnelle, voire administrative, des chercheurs toujours plus nombreux et venus d’horizons divers manifestent le souci d’écrire une histoire incarnée du gouvernement central de l’Église catholique, mettant en lumière tant les institutions (congrégations, offices et tribunaux) que les hommes qui les peuplent et les animent. À la source de ce dynamisme historiographique se trouve bien sûr le profond renouvellement des documents accessibles dans les archives romaines. 
Cependant, les recherches récentes portent surtout sur les institutions et dicastères, ou n’excèdent pas une dimension nationale. L’étude des personnels et la prosopographie de la Curie se sont imposés mais restent encore très inégalement utilisés pour la période contemporaine. De ce fait, malgré l’existence de dictionnaires biographiques et de quelques approches statistiques globales, la connaissance des cardinaux comme corps (le Sacré Collège) et comme groupe social d’élite par ses fonctions auprès du pape et au sein du gouvernement central de l’Église («senatus divinus») reste encore lacunaire pour la période des XIXe et XXe siècles. 

Une clé d’entrée dans l’histoire de la Curie et de l’Église 
Cette carence historiographique est dommageable pour plusieurs raisons. D’une part, au-delà même de leur rôle durant le conclave, le processus administratif romain confie aux cardinaux un rôle décisionnel prépondérant. Par ailleurs, les recherches menées en histoire moderne sur les mécanismes des sociétés de cour européennes invitent à un prolongement de l’enquête, dans le cadre de la Curie romaine, qui englobe nécessairement la période contemporaine (une définition objectivée et exclusivement fonctionnelle de la Curie n’étant d’ailleurs accueillie par le droit canonique qu’en 1908). Une telle enquête a pour objectif principal d’éclairer tant l’accès à la personne du souverain (audiences, cérémonies) que les hiérarchies internes (ordres du Sacré Collège, titres cardinalices, exercice du droit d’option, fonctions spécifiques du camerlingue et du protodiacre) et les « privilèges » (chapelle et famille pontificales, prérogatives liturgiques et règles protocolaires). L’approche administrative et juridique est à appuyer sur, voire à inscrire dans une approche anthropologique de ce corps d’élite, qui s’internationalise de façon croissante à partir du pontificat de Pie IX, tout en conservant une grande homogénéité formelle et symbolique. Enfin, les cardinaux se trouvent à l’interface entre Rome et le monde et jouent de fait un rôle original dans la «gouvernance» mondiale du catholicisme dans un contexte de sécularisation graduelle. Si le rôle des cardinaux résidentiels dans la romanisation des Églises locales et leur fonction de courroie de transmission privilégiée des directives pontificales sont bien établis, en revanche, certains aspects de la fonction cardinalice restent méconnus. À partir de quelles logiques les protectorats sur les congrégations religieuses et les oeuvres du monde entier se répartissent-ils entre les cardinaux ? Dans quelles occasions les cardinaux sont-ils chargés de représenter le pape en dehors de Rome (congrès eucharistiques, légations, couronnements…)? De quelles facultés canoniques sont-ils alors pourvus, notamment au regard des hiérarchies ecclésiastiques établies (nonciatures et ordinaires locaux, conférences épiscopales)? Au sein de la Ville, comment se dessine la géographie urbaine des églises et diaconies liées aux titres cardinalices? Comment appréhender l’internationalisation du Sacré Collège et ses dynamiques autrement que par le simple décompte des nationalités des cardinaux ? 
Afin de faire apparaître les évolutions profondes de la fonction cardinalice et du corps des cardinaux, nous adoptons une périodisation ample, qui s’ouvre en 1775, à l’élection de Pie VI, et s’achève en 1978, années des « trois papes ». Cette chronologie, qui couvre près de deux siècles et embrasse plusieurs pontificats, permet d’englober les transformations majeures liées à la disparition définitive du pouvoir temporel du pape en 1870, puis celles préparées par le concile Vatican II. Un tel projet nécessite bien sûr de conjuguer des compétences diverses, sur des périodes et des thématiques variées et se place dans une perspective résolument internationale et pluridisciplinaire. 

Appel à contributions 

Pour guider cet effort collectif, deux rencontres seront organisées à Rome en 2014 et 2015, dont les actes seront publiés. 

*1er semestre 2014 : Les cardinaux, entre Rome et le monde 
Cette première rencontre abordera deux grands thèmes : 

1/ Les recherches sur les cardinaux : sources, méthodes et approches 
L’accent sera mis plus particulièrement sur les nouvelles sources disponibles, la question de la méthode prosopographique et sur la complémentarité des approches historiques, sociologiques, théologiques et juridiques. 

2/ Les cardinaux au coeur des jeux d’échelle entre Rome et le monde 
Comment les cardinaux représentent-ils le monde à Rome (protection des congrégations religieuses et des oeuvres, internationalisation du collège cardinalice, contacts familiaux et relationnels avec la noblesse « noire » européenne) et, inversement, comment représentent-ils le pape dans le monde (légats, cardinaux-archevêques résidentiels)? 

**1er semestre 2015 : Les cardinaux, entre Cour et Curie 

La seconde rencontre abordera deux thèmes. 

1/ Les cardinaux comme membres et acteurs d’une société de cour 
Cette dimension, essentielle dans la définition de l’originalité de la fonction cardinalice (et dans celle du fonctionnement de la Curie), n’a pourtant pas été étudiée en tant que telle. En intégrant la réflexion sociologique et historique sur les sociétés de cour, nous nous interrogerons notamment sur la spécificité de l’accès cardinalice au pontife, au travers en particulier de deux institutions: les audiences et les consistoires. 

2/ Les cardinaux et le gouvernement central de l'Église 
Dans quelle mesure le collège cardinalice peut-il être défini comme une élite administrative ? Le rôle des cardinaux dans les congrégations romaines, mais aussi dans les commissions cardinalices ad hoc, mérite une approche synthétisant les travaux récents mais aussi une plus grande comparaison entre les processus décisionnels au sein des principales congrégations et institutions romaines. 

Les propositions de contributions (1500-2000 signes) sont à envoyer pour le 31 mars 2013, délai de rigueur, aux deux adresses électroniques l.pettinaroli@icp.fr et francois.jankowiak@upsud.fr. Elles peuvent être envoyées en italien, anglais, allemand ou français. 

Comité d’organisation 
  • François Jankowiak, Université Paris-Sud 11 
  • Laura Pettinaroli, Institut catholique de Paris 
Comité scientifique 
Martin Baumeister, Séverine Blenner-Michel, Pierre Bonin, Vicente Cárcel Ortí, Philippe Chenaux, Andrea Ciampani, Giuseppe Maria Croce, Alejandro Dieguez, Jean-Dominique Durand, Carlo Fantappiè, Emma Fattorini, Emilia Hrabovec, Philippe Levillain, Alberto Melloni, Denis Pelletier, Philippe Portier, Jacques Prévotat, Roberto Regoli, Hubert Wolf