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6 oct. 2014

Thèse soutenue: Univ Rennes 1 / Univ. St-Louis de Bruxelles: N. Israel, "Mélancolie, scepticisme et écriture du pouvoir à l’âge baroque", (Philosophie), Bruxelles, 27 juin 2014

Information transmise par N. Israel:
Université Rennes 1 / Université Saint-Louis de Bruxelles
Thèse soutenue

Natacha Israel
Mélancolie, scepticisme et écriture du pouvoir à l’âge baroque 


Doctorat en Philosophie
Cotutelle Internationale avec Université Rennes 1 - Université Saint-Louis de Bruxelles, Belgique 

Thèse soutenue à Bruxelles, Belgique 
27 juin 2014 

Thèse en libre accès (téléchargeable au format PDF)
Jury: 
  • L. Foisneau, Directeur de recherche au CNRS et professeur de Philosophie – EHESS (rapporteur) 
  • J. Lagrée, Professeur de Philosophie – Université de Rennes 1 (examinateur)
  • Fr. Ost, Professeur de Droit – Université Saint-Louis Bruxelles (examinateur) 
  • C. Colliot-Thélène, Professeur de Philosophie – Université de Rennes 1 (co-directeur de thèse) 
  • L. Van Eynde, Professeur de Philosophie – Université Saint-Louis, Bruxelles (co-directeur de thèse) 
Résumé
Nous examinons d'abord les aspects de la souveraineté politique sur la scène shakespearienne. À la lumière des analyses consacrées par Walter Benjamin au drame baroque, en 1928, et de la réaction de Carl Schmitt dans Hamlet ou Hécube (1956), nous montrons que Shakespeare met en scène la mortalité des corps politiques et la souveraineté nouvelle de l'intrigant dans le temps terrestre. Sommé de maîtriser l'art et le tempo de l'intrigue, le Prince est néanmoins impuissant à empêcher la décomposition de l'État. En prenant appui sur le drame élisabéthain, notamment sur le vertige mélancolique et sceptique d'Hamlet, nous interrogeons alors l'effort contemporain en vue de l'ordre et de la synchronisation dans la cité. La théorie hobbesienne de la représentation politique et juridique moderne rompt avec la conception mystique de l'unité politique et toute écriture inspirée des lois, tandis que la scène civile y est dédiée à la paix du commerce entre les individus afin de garantir les conditions d'une autonomie réelle dans la sphère privée. Réciproquement, cette autonomie doit pérenniser les solutions à la mélancolie et au scepticisme conceptualisées dans Léviathan. Tout en entérinant la tragédie de l'existence humaine et de tout savoir déjà mise en scène par Shakespeare, Léviathan évite d'emblée l'exaltation schmittienne ainsi que la violence " pure " logée, selon Benjamin, dans l'état d'exception de la subjectivité. À travers les spectres qui, chez Hobbes, n'ont plus droit de cité, la scène shakespearienne défait cependant les mécanismes de l'ordre et de la synchronisation continus, cela sans congédier le droit ni le projet de l'autonomie.

Mots-clés
Mélancolie – Scepticisme – Loi – Discipline – Drame élisabéthain – Shakespeare – Walter Benjamin – Carl Schmitt – Hobbes – Léviathan – Béhémoth

Abstract
Melancholy, skepticism and writing power in the baroque age
First, we examine the aspects of the political sovereignty on the Shakespearean stage. In the light of Walter Benjamin's Origin of the German baroque drama (1928) and of Carl Schmitt's answer to Benjamin in Hamlet or Hecuba (1956), we show that Shakespeare stages the mortality of the political bodies and the new sovereignty of the plotter. Urged to master the art and the tempo of the plot, the prince is nonetheless unable to prevent the decomposition of the state. Then, drawing on the Elizabethan drama, and especially on Hamlet, we question the contemporary effort towards order and synchronization within the city. Hobbes's theory of political and juridical representation breaks with the mystical conception of political unity and with any inspired legislation, whereas the civil scene is dedicated to the peace between individuals in order to ensure the possibility of a real autonomy in the private sphere. Reciprocally, this autonomy must consolidate the solutions to the problems of melancholy and skepticism conceptualized in Leviathan. While endorsing the tragedy of human condition and of knowledge already put on stage by Shakespeare, Leviathan prevents Schmitt's exaltation as well as the " pure " violence which, according to Benjamin, lies in the subject's state of exception. Yet, through the ghosts that Leviathan cannot tolerate within the public sphere, the Shakespearean stage unravels the mechanisms of perpetual order and synchronization without rejecting the law and the project of autonomy.

Key words
Melancholy – Skepticism – Law – Discipline – Elizabethan drama – Shakespeare – Walter Benjamin – Carl Schmitt – Hobbes – Leviathan – Behemoth

Sommaire
Introduction générale 

Première Partie
De la mélancolie du drame baroque au théâtre de l’ordre et de la synchronisation 

I. Le drame baroque selon Walter Benjamin et la réaction de Carl Schmitt 

II. Hamlet «sauvé» du jeu gratuit par le grand sérieux de l’Histoire

III. De la transgression – et de la dérision – à la métaphore de la sphère publique et de la souveraineté? 

IV. De l’origine du drame baroque anglais au théâtre de l’ordre et de la synchronisation

V. De l’expérimentation de Mesure pour Mesure à l’Anatomie de la Mélancolie

Seconde Partie:
Du long Trauerspiel parlementaire à la forme hobbesienne du théâtre de l’ordre et de la synchronisation

VI. Béhémoth ou le Long Parlement comme un drame baroque

VII. Béhémoth ou le long Trauerspiel parlementaire 

VIII. Léviathan ou l’ascèse de la condition historique-naturelle 

IX. L’ordre et l’autonomie non imaginaires 

X. Les puissances critiques et utopiques du théâtre de Shakespeare

Conclusion générale 

Annexe de documents 
Bibliographie 
Index des Noms