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21 nov. 2014

J-F Spitz, "Le mythe de l'impartialité. Les mutations du concept de liberté individuelle dans la culture politique américaine (1870-1940)", PUF, 2014

Information transmise par C. Dounot:
Jean-Fabien Spitz
Le mythe de l'impartialité
Les mutations du concept de liberté individuelle dans la culture politique américaine (1870-1940)

Paris, PUF (Léviathan), sept. 2014, 592 p., ISBN:978-2-13-062563-6, 34€

Présentation éditeur
Comment la conception de la liberté individuelle, au sein de la philosophie politique américaine de la fin du XIXe siècle et de la première moitié du siècle suivant, est passée de la liberté comme soumission à des lois impartiales à la liberté comme protection légale contre les pressions excessives du pouvoir privé.

L’impartialité de l’ordre juridique est le principe cardinal de la liberté moderne, qui n’a vu le jour qu’avec la destruction de la société des statuts et des privilèges. « Equal rights for all, privileges for none » a été le mot d’ordre de la révolution américaine, de Jefferson à la présidence Jackson (1829-1837). Très tôt cependant, on a compris que, à l’intérieur d’un ordre juridique impartial, les différences de situation, d’accès aux ressources naturelles, donnaient lieu à des différences de pouvoir privé qui mettaient en péril l’autonomie de certains. Les Américains ont été confrontés à ce dilemme au lendemain de la guerre civile, lorsque l’industrialisation menaçait de donner naissance aux rapports du salariat que la république des propriétaires indépendants avait prétendu répudier pour toujours. Fallait-il maintenir le langage classique dans sa pureté – l’égalité rigoureuse des droits – et considérer comme légitimes toutes les inégalités auxquelles ces droits impartiaux pourraient donner naissance en les tenant pour l’effet inévitable des différences de talents entre les individus ? Ou fallait-il au contraire – comme l’ont soutenu les progressistes jusqu’au New Deal – remodeler sans cesse le droit pour maintenir un équilibre relatif de pouvoirs entre les acteurs privés ? Fallait-il définir la liberté par la commune soumission à des règles impersonnelles, ou bien par la possibilité donnée à chacun – qui suppose une sorte de « personnalisation » du droit ou de discrimination positive avant la lettre – de ne pas être exposé aux pressions excessives du pouvoir privé ?

Auteur
  • Jean-Fabien Spitz, ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de philosophie, est professeur de philosophie politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Sommaire
Première partie – Le langage classique
Chapitre 1 – La philosophie politique de la cour Lochner 
Chapitre 2 – William Graham Sumner : le principe de proportionnalité

Deuxième partie – « Wealth against commonwealth ». L’argent contre la république
Chapitre 3 – Henry George et la rhétorique de la liberté américaine
Chapitre 4 – Rétablir les conditions d’une concurrence équitable : le nouveau rôle de la puissance publique

Troisième partie – Une théorie sociale progressiste 
Chapitre 5 – L’État et la loi, instruments de l’action de la société sur elle même. De la démocratie à la sociocratie, l’œuvre de Lester Frank Ward
Chapitre 6 – Herbert Croly et le nouveau nationalisme

Quatrième partie – L’univers des concepts juridiques
Chapitre 7 – Le langage de la liberté naturelle en question
Chapitre 8 – Roscoe Pound vers une jurisprudence sociologique

Cinquième partie – la fin d’un dogme tenace
Chapitre 9 – La remise en cause du dogme de l’impartialité : la philosophie juridique de Robert Lee Hale I
Chapitre 10 – La remise en cause du dogme de l’impartialité : la philosophie juridique de Robert Lee Hale II