Chercher in Nomôdos

19 janv. 2015

Univ. Rouen (CELLF + CÉRÉdI) colloq. "Gazette des Tribunaux. Laboratoire et miroir de la littérature (1825-1870)", Rouen, 10-11 févr. 2015

Université de Rouen
Centre d’Étude de la Langue et des Littératures Françaises (CELLF) - Centre d’Études et de Recherche Éditer / Interpréter (CÉRÉdI)
Colloque

Gazette des Tribunaux
Laboratoire et miroir de la littérature (1825-1870)

Rouen
10 et 11 février 2015
Sous la direction de 
  • Sylvain Ledda (Rouen)
  • Sophie Vanden Abeele-Marchal (Paris-Sorbonne)
Présentation
« La Gazette des tribunaux publie des romans autrement faits que ceux de Walter Scott, qui se dénouent terriblement, avec du vrai sang et non avec de l’encre», écrit Balzac dans Modeste Mignon. Fondée en 1825, La Gazette des tribunaux, dont le sous-titre est «journal de la jurisprudence et des débats judiciaires», est le premier journal spécialisé dans le domaine de la justice. Organe de la magistrature, il est promis à devenir aux débats des chambres de justice ce que le Moniteur est à ceux des chambres des représentants. Selon la formule du Prospectus qui revendique l’«élargissement de la publicité», les fondateurs de la Gazette en appellent à une conception postrévolutionnaire de la justice: à l’arbitraire des procédures secrètes, il s’agit de substituer le dévoilement démocratique de la justice et l’exposition médiatique – «une exposition en effigie à quinze mille exemplaires répandus dans toute la France et à l’étranger», selon l’expression ironique d’Alphonse Karr en 1847 [1]. Alors que le tribunal est devenu une scène majeure de la vie publique, cette ambition rencontre et attise la curiosité croissante du «grand public» pour le crime et ses mystères. La fascination pour le fait divers va contribuer en effet à l’immense succès d’un périodique dont on mesure aujourd’hui l’influence sur la création littéraire.

La Gazette devient le véritable répertoire de l’histoire criminelle des temps : la critique a ainsi relevé de nombreux faits de genèse, de Stendhal à Maupassant, en passant par Dumas et Flaubert. Elle se constitue même et surtout en archétype du journal criminel: les rédacteurs participent à la construction d’un imaginaire du crime auquel ils empruntent autant qu’il fournissent des images et des structures narratives. Dès lors, la Gazette renouvelle profondément les formes traditionnelles de médiatisation de la justice et, plus précisément, de la littérature judiciaire hérité du siècle précédent. Aussi Michelle Perrot note-t-elle que la Gazette est «un fonds inépuisable où les romanciers et chroniqueurs n’ont cessé de s’alimenter: le tableau de mœurs y est médiatisé par une mise en scène qui en fait véritablement un genre littéraire» [2]. Ce journal représente «la référence absolue de l’imaginaire fictionnel criminel». Au croisement des différents types de discours sur le mystère social, il interroge l’expression normative de la Loi et le débat, contradictoire, sur sa transgression.

Notes
[1] Alphonse Karr, Les Guêpes, 6e série, janvier 1847 (Paris, Michel Lévy frères, 1859, p. 172).
[2] «Fait divers et histoire au XIXe siècle», dans Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 38e année, n° 4, 1983, p. 913.

Programme
Maison de l’université, salle de conférences

Mardi 10 février
9h30. Accueil des participants
  • 10h. Ouverture du colloque
Session 1
Présidence de séance: Nathalie Preiss
  • 10h30-11h – Amélie Chabrier (Paul Valery-Montpellier III / RIRRA21), La Gazette des tribunaux et ses «rejetons» judiciaires.
  • 11h-11h30 – Guillaume Cousin (Rouen), Un procès exemplaire: La Gazette vs La Presse.
  • 11h30-12h – Marie-Pierre Rootering (Düsseldorf), La propriété littéraire en procès.
Discussion

Déjeuner

Session 2 
Présidence de séance: Florence Naugrette
  • 14h-14h30 – Agnès Sandras (BnF), On pouvait aussi en rire! Lectures parodiques de La Gazette.
  • 14h30-15h – Yvan Leclerc (Rouen), Flaubert, lecteur de la Gazette des Tribunaux.
Discussion et pause
  • 15h30-16h – Claude Schopp (Paris), La question mulâtre dans la Gazette des tribunaux.
  • 16h-16h30 – Myriam Roman (Paris-Sorbonne), (D)écrire le bagne et la chaîne dans la Gazette des tribunaux.
Discussion

Mercredi 11 février
Session 3
Présidence de séance: Yvan Leclerc
  • 9h30-10h – Pierre-Nicolas Barenot (Centre aquitain d’histoire du Droit, Bordeaux-4), Entre littérature et droit, la Gazette des tribunaux vue par les juristes du XIXe siècle.
  • 10h-10h30 – Jean-Louis Halperin (ENS), La sélection jurisprudentielle de la Gazette des tribunaux au XIXe siècle.
Discussion et pause
  • 11h-11h30 – Anne-Sophie Chambost (Jean-Moulin-Lyon 3), Annonces, Notices, Variétés. Enquête sur une politique éditoriale à partir des comptes rendus d’ouvrages de la Gazette des tribunaux.
  • 11h30-12h – Marc Renneville (CNRS), La phrénologie dans la Gazette des tribunaux.
Discussion

Déjeuner

Session 4
Présidence de séance: Jean-Louis Halperin
  • 14h-14h30 – Jérôme Louis (École pratique des hautes études, Institut Napoléon), La théâtralisation du complot dans la Gazette des tribunaux sous la Monarchie de Juillet.
  • 14h30-15h – Noémi Carrique (Rouen), La fabrique du criminel dans la Gazette des tribunaux: l’exemple de Fieschi.
Discussion et pause
  • 15h30-16h – Sandrine Rabosseau (La Rochelle), Les criminelles dans la Gazette des tribunaux.
  • 16h-16h30 – Anna Norris (Michigan State University), La Gazette des tribunaux et le procès de Madame Lafarge.
Discussion et Conclusion du colloque


Lieu