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16 mars 2015

CENJ, Séminaire "Droit, conscience, subjectivité : approches casuistiques", EHESS, 18 mars 2015

Information transmise par Paolo Napoli

Séminaire
Droit, conscience, subjectivité :
approches casuistiques
animé par Arnaud FOSSIER, maître de conférences à l'Université de Bourgogne, Clément LENOBLE, chargé de recherche au CNRS, Paolo NAPOLI, directeur d'études à l'EHESS, Julien THERY, professeur à l'Université Paul-Valéry (Montpellier-III)
prochaine séance


 MERCREDI 18 MARS de 11h à 13h en salle 10 (105 bd Raspail)

ARNAUD FOSSIER

L'éveil de la conscience au XIIe siècle



  Le XIIe siècle serait-il celui de l’« éveil de la conscience », de la « découverte de l’homme comme sujet » ? Si cette idée séduisante provient d’un essai déjà ancien consacré à la philosophie d’Abélard, nous sommes en revanche orphelins d’une étude rigoureuse sur la place que tient la notion de « conscience » dans le droit de l’époque. « Intention », « responsabilité » et « imputation » ont retenu l’attention des historiens du droit pénal – au premier rang desquels, Stefan Kuttner –, mais ceux-ci ont moins vu la portée juridique de l’opposition entre « loi » et « conscience ». Cette mise en tension, que l’on trouve notamment formulée par Bernard de Clairvaux dans les années 1140, peut suggérer que la « conscience » correspond à ce que le droit n’atteint pas, ni ne recouvre. Or, dès le début du XIIIe siècle, certains juristes, influencés par la théologie parisienne de leur temps, s’efforcent d’instituer un tribunal – un « for » – de la pénitence, que certains tels Thomas d’Aquin appelleront bientôt « for de la confession », puis « for de la conscience ». Quelle est donc cette curieuse juridiction de la conscience ? Qu’y juge-t-on exactement ? Comment en expliquer la création ? Nous verrons qu’elle n’est pas étrangère au procès de Jésus lui-même ni d’ailleurs à l’invention du Purgatoire.