Maurice Garçon
de l'Académie française (1889-1967)
Journal (1939-1945)
Éd. établie, prés. et annotée par P. Fouché et P. Froment.
Les Belles Lettres / Fayard, 15 mai 2015, 704 p., ISBN:978-2-251-44536-6 (prix de lancement 29€ jusqu'au 30 juin / 35€ après cette date).
Musée du Barreau de Paris
exposition
Maurice Garçon: l'éloquence et la plume
Paris
12 mai-31 juillet 2015
Contient
Introduction. Un soir de juin 2002. Note des éditeurs. 1939. 1940. 1941. 1942. 1943. 1944. 1945. Index.
Inédit: les années 1939-1945 en France vues par l'un de ses plus grands avocats: Maurice Garçon.
Une coédition Les BellesLettres/ Fayard
NOTE DES ÉDITEURS
Maurice Garçon (1889-1967) fut l'un des plus grands avocats de son temps.
Au cours de son demi-siècle d’exercice – plus de 17 000 dossiers –, il aura défendu des écrivains, des artistes et toute une galerie de personnalités en vue. Le Tout-Paris. Ses plaidoiries érudites en ont fait un avocat littéraire, voire mondain : le cabinet de la rue de l’Éperon voit défiler Louis Aragon, André Breton, Francis Carco, Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Roland Dorgelès, Jean Follain, Jean Genet, André Gide, Jean Giono, Sacha Guitry, Marcel Jouhandeau, Valery Larbaud, André Malraux, Henry de Montherlant, Marcel Pagnol, Jean Paulhan, Jacques Prévert, Georges Simenon, Paul Valéry… Sans compter qu’il est l’avocat attitré de l’académie Goncourt et d’une multitude de maisons d’édition, Gallimard et Grasset en tête – après guerre pour le premier, avant guerre pour le second. Il lui arrivera ainsi de représenter Albin Michel, Denoël, Fayard, Laffont, Maspero, le Mercure de France, Jean-Jacques Pauvert, Plon, et même Hara-Kiri mensuel.
À défaut d’être devenu peintre, il plaidera pour Raoul Dufy, Leonor Fini, Othon Friesz, Georges Rouault, Maurice Utrillo, pour n’en citer que quelques-uns. Et lui qui adore s’amuser cajole les acteurs (il est, en outre, conseil de la Comédie-Française), les chanteurs, les danseurs, les gens de cinéma : Jean-Pierre Aumont, Brigitte Bardot, Pierre Braunberger, Martine Carol, Charlie Chaplin, Henri-Georges Clouzot, Dalida, Julien Duvivier, Léo Ferré, Abel Gance, Louis Jouvet, Serge Lifar, Marianne Oswald, Édith Piaf, Roland Petit, Madeleine Renaud, Michel Simon, Roger Vadim, etc.
Maurice Garçon a tenu son Journal du 29 février 1912 au 21 décembre 1967, une semaine avant sa mort, sur 43 cahiers d’écolier cousus, de format 17 x 22 cm (numéroté comme les autres a posteriori, le premier, consacré à la seule histoire familiale, court de 1922 à 1960). Le présent volume correspond à la séquence des cahiers 15 à 25, qui couvre les années 1939 à 1946 : le choix ici retenu représente approximativement un quart du texte original.
Ce premier volume de son journal inédit couvre, parfois heure par heure, la guerre, la défaite, l’Occupation et la Libération. À cinquante ans, l’avocat est alors au sommet de son art. Dans ces chroniques, il révèle aussi des qualités d’observation et un talent d’écriture enviables. Il y a du Albert Londres chez Maurice Garçon. Curieux de tout, il sillonne Paris et la province, furète, recoupe, rédige, avec le mérite constant, et rare, de s’interdire toute réécriture : c’est un premier jet qu’on lit sur le vif.
Maréchaliste de la première heure, il fait volte-face à l’armistice et, après le vote des pleins pouvoirs à Pétain, ne cessera plus de fustiger « le Vieux ». Fureur patriote, chagrin sans pitié, colère, espoir, désespoir. Honte de la collaboration. Virulence contre les nouvelles lois de Vichy. Son journal déborde. Portraits, anecdotes, détails méconnus foisonnent.
Croisées au Palais de justice, les figures du barreau, souvent têtes d’affiche de la politique, deviennent familières. Maurice Garçon connaît tout le monde, est de tous les grands procès, des dossiers criminels aux affaires politiques. Ses plaidoiries érudites ont fait de lui, dès avant guerre, un avocat littéraire, voire mondain, futur académicien. Toute une galerie de personnalités en vue défile dans ses pages, écrivains, peintres, comédiens, éditeurs.
Nous voici conviés à une ahurissante traversée des années noires, histoire immédiate haletante.
Édition de Pascale Froment et Pascal Fouché.
EXTRAITS: douze entrées du Journal, à lire sur le blog des Belles Lettres:
- 17 mars 1939
"Je suis avocat depuis un peu plus de vingt-huit ans, j’aime passionnément ma profession et j’ai cru longtemps en elle. Il y a cinq ou six ans, publiant un ouvrage sur la justice, j’ai écrit en conclusion que le pays pouvait être fier de la sienne. Je ne l’écrirais plus aujourd’hui. À la vérité, il faut longtemps pour comprendre et approfondir. Tant qu’on est jeune, on plaide des procès sans importance et l’on ne voit pas d’intrigues. Il faut longtemps pour que viennent à l’avocat les affaires graves où des intérêts capitaux sont en jeu. Quand ces dossiers-là sont venus, il ne reste plus que du mépris pour ceux qui jugent." Lire la suite
- 11 mai 1940
"Hier soir, les avertissements ont été formels. Maintenant c’est sérieux. Il y a eu des morts à Lille, à Lyon et à Nancy, il faut se garer. Et voici que lorsque j’ai été prêt, je n’ai pu me décider à quitter l’appartement. Il fait un temps radieux. Le soleil brille magnifique et ce n’est que la nuit qui cause la crainte et l’angoisse. Pourquoi ? Il semble que lorsqu’on voit clair, on éprouve l’impression qu’on peut se protéger, qu’on est moins en danger. C’est absurde, et c’est pourtant un fait. Et voilà que pendant que j’écris, il est 6 heures 50 et que les sirènes beuglent que c’est fini et qu’on peut se recoucher. Je vais voir l’aspect de la rue." Lire la suite
- 4 janvier 1941
"Déjeuner chez Sacha Guitry fortement indigné parce qu’on l’a, dans un journal, traité de juif. Décidément, il faut considérer que ce terme porte aujourd’hui atteinte à la considération. Ce matin, Édouard Bourdet m’a chargé de lancer une assignation pour le même motif. Sacha, qui demeure au Champ-de-Mars, est magnifique. Grand, large, bien découplé, la voix bien posée, il m’accueille en haut de l’escalier de son hôtel et me fait entrer dans une très grande pièce ornée de beaux tableaux et dont le fond est entouré de vitrines." Lire la suite
- 2 octobre 1942
"Que penser d’une magistrature qui reçoit de pareils coups de pied au cul ? Quelle confiance lui accorder? Tous ces hommes ont fait leur carrière sous la République, ils se sont fait recommander par des politiciens de gauche, ils n’ont avancé que dans la mesure de leur attachement à un régime dont ils ont vu sans révolte la destruction. Puis ils ont prêté serment de fidélité à la personne de celui qui a été l’auteur du bouleversement qui devait effondrer tout ce à quoi ils étaient censés croire. J’en ai vu beaucoup qui m’ont dit qu’ils n’attachaient pas d’importance à ce serment. Ils sont prêts à servir demain n’importe qui qui prendra le pouvoir. " Lire la suite
EXPOSITION
Maurice Garçon: l'éloquence et la plume
Paris
12 mai au 31 juillet 2015
Pendant plus d’un demi-siècle, Maurice Garçon (1889-1967) a tenu un journal jusqu’ici inédit, conservé dans sa famille.
Celle-ci a accepté de montrer au public les carnets originaux qui ont servi à établir la présente édition (Les Belles Lettres/Fayard).
Aquarelles d’audiences, correspondances, photographies et souvenirs évoqueront aussi la vie de l’illustre avocat académicien aux multiples talents.
Lieu
- Musée du Barreau de Paris, 25 rue du Jour - 75001 Paris - http://www.avocatparis.org/home/presentation-et-missions/histoire-du-barreau-de-paris/musee-virtuel.html
Dates et horaires
- 12 mai au 31 juillet 2015, Musée du Barreau de Paris,
- ouverture sur réservation en semaine pour les groupes; visite guidée (environ 1h30) tous les samedis du 16 mai au 30 juin à 14h.
Tarifs
- Visite guidée du musée et de l’exposition: 10€; tarif réduit (moins de 18 ans et étudiants) 5€.
- Groupes : nous consulter.
Renseignements