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3 août 2015

Y. Berthelet, "Gouverner avec les dieux. Autorité, auspices et pouvoir sous la République romaine et sous Auguste", Les Belles Lettres, 2015

Yann Berthelet
Gouverner avec les dieux
Autorité, auspices et pouvoir sous la République romaine et sous Auguste

Paris, Les Belles Lettres (Mondes anciens, n°1), mai 2015, 448 p., ISBN-10 2-251-30001-5 / ISBN-13 978-2-251-30001-6 / GTIN13 (EAN13) 9782251300016, 27,50 €

Présentation éditeur
La République romaine n'est pas sortie tout armée du crâne de Montesquieu. Loin d'être garanti par une division tripartite du pouvoir, l’équilibre des institutions reposait avant tout sur l’encadrement de la potestas des magistrats par l’auctoritas des prêtres et du Sénat. Le droit d’auspices des magistrats du peuple, hérité du prestigieux monopole auspicial de la vieille noblesse patricienne, formait le noeud gordien de l’articulation de la potestas à l’auctoritas.
Leur potestas étant conçue comme « imparfaite », les magistrats étaient en effet contraints de solliciter, au moyen des auspices, une légitimation atomisée et précaire de leurs actes publics par l’auctoritas de Jupiter. Encadrée par les détenteurs institutionnels d’auctoritas, augures et sénateurs, la prise d’auspices se trouvait ainsi au coeur des mécanismes d’autocontrôle de l’aristocratie romaine. Si Auguste respecta formellement ce socle idéologique patricien et conservateur (optimas), il en modifia radicalement la portée par ses innovations en matière de potestas et d’auspices, et par l’importance qu’il conféra à l’auctoritas du prince.

Auteur
  • Ancien élève de l'ENS-Ulm, agrégé et docteur en Histoire, Yann Berthelet a enseigné à l’université de Paris I et à l’université de Rouen, et est actuellement pensionnaire de la Fondation Thiers/CNRS-Centre de Recherches humanistes. Ses travaux portent sur les rapports du politique et du religieux dans le monde romain, sous la République et le Haut-Empire.
Sommaire
Remerciements
Avertissement au lecteur

Introduction générale
1. Gouverner avec les dieux : du politique et du religieux à Rome
2. Autorité : la valeur heuristique du concept d'auctoritas
3. Entre autorité et pouvoir : le nœud gordien des auspices
4. Quelle place dans l'historiographie ? 
5. Traitement de la documentation 

Partie 1. Le monopole patricien sur les auspices. Quelques réfexions sur son fondement et son articulation aux institutions publiques

Introduction. Les auspices comme lieu de légitimation de la potestas des magistrats par l'auctoritas de Jupiter
Expliquer le monopole auspicial patricien

1.1.1. Le « charisme » auspicial du patriciat
Le monopole auspicial patricien : une prétention nobiliaire
Le monopole auspicial patricien : une réalité institutionnelle, l’interrègne 
Un « privilège » attaché aux seuls (sénateurs) patriciens
Un « retour » aux sénateurs patriciens des auspices des magistratures patriciennes vacantes
L’interrègne resta le « privilège » des patriciens après 367 av. J.-C.
Le statut des auspices qui reviennent aux sénateurs patriciens pendant l’interrègne

1.1.2. La définition des gentes échappe aux catégories du public et du privé
L’appropriation d’une partie des terres « publiques » par les gentes
La confarreatio gentilice échappe à une catégorisation juridique « public/privé » 
Les sacra accomplis pro populo par des gentes
Les auspices « qui reviennent aux patres » échappent à une stricte bipolarisation « public/privé »

1.1.3. Les auspices gentilices des patriciens participaient du caractère « sacré » de la fondation de Rome 
Les magistrats de la plèbe fnirent-ils par détenir le ius auspicandi ?

1.2.1. Les témoignages directs d’un présumé ius auspicandi des tribuns de la plèbe
Les tribuns de la plèbe détinrent-ils le ius auspicandi avant 471 av. J.-C. ? 
Les tribuns de la plèbe reçurent-ils le ius auspicandi en 449 av. J.-C. ?
Les tribuns de la plèbe détinrent-ils des auspices à partir du ii siècle av. J.-C. ? 

1.2.2. Les témoignages indirects d’un prétendu ius auspicandi des magistrats de la plèbe
Les tribuns de la plèbe reçurent-ils le ius auspicandi en même temps que le droit de réunir et de présider le Sénat ? 
Le ius obnuntiandi des tribuns de la plèbe impliquait-il un ius auspicandi ?
Des magistrats de la plèbe uitio creati : une question de droit augural, et non pas de droit d’auspices 
Des auspicia patriciorum aux auspicia publica : le rôle de la loi curiate 

1.3.1. Une lex de potestate (cum ou sine imperio) votée auspiciorum causa par les comices curiates

1.3.2. Les comices curiates : une assemblée archaïque du populus Romanus, non exclusivement patricienne

1.3.3. Le populus Romanus était-il la source des auspicia magistratuum ?

1.3.4. Du rapport de la loi curiate avec les auspices d’investiture 

1.3.5. Par la loi curiate, le populus Romanus autorisait les détenteurs de magistratures patriciennes à utiliser les auspices patriciens à titre parfaitement public, rendant ainsi iusta leur imperium et leurs auspicia

Conclusion 

Partie 2. Potestas-Auspicium versus Auctoritas. Du contrôle du « pouvoir » par l’« autorité »

Introduction. Les auspices comme lieu de contrôle de la potestas des magistrats par l’auctoritas des augures et du Sénat
De l’indissociabilité de la potestas (cum ou sine imperio) et des auspicia détenus à titre public 

2.1.1. Potestas et Auspicium : une parfaite adéquation ? 
Hiérarchie des potestates et hiérarchie des auspicia se recoupent-elles ?
Le binôme « imperium/auspicium » à l’épreuve du tribunat militaire à pouvoir consulaire et des promagistratures
Les auspices des tribuns militaires à pouvoir consulaire entre 444 et 367 av. J.-C.
Les auspices des « promagistrats »
Les auspices des « promagistrats par prorogation »
Les auspices des « promagistrats-priuati cum imperio »
Les auspices des « promagistrats par délégation-légats »
Certains prêtres détenaient-ils des auspicia « à titre public » ?
Des prétendus auspices des pontifes et du grand pontife
Des prétendus auspices du famen Dialis
De la différence entre auguria et auspicia

2.1.2. Domi militiaeque : une distinction spatio-juridique valable à la fois pour l’imperium et les auspices ? 
Imperium domi : imperium « à Rome » ou imperium « en temps de paix » ? 
« Votis nuncupatis paludatus (ou paludatis lictoribus) exire » : une allusion au franchissement du pomerium ?
La prouocatio : un droit attaché au citoyen sans limite territoriale ? 
De l’imperfection du « pouvoir » sans « autorité » ou de la conception républicaine de la liberté

2.2.1. Potestas (cum ou sine imperio) vs Auctoritas : une distinction-clé des institutions républicaines romaines
De l’apparente conception ternaire du système politique à Rome : potestas, auctoritas, libertas
Exclusion réciproque et complémentarité nécessaire des « fonctions de potestas » et des « fonctions d’auctoritas »
De la nécessité de ne pas se méprendre sur l’« auctoritas populi Romani » et l’« auctoritas des magistrats »
Ce qu’il faut entendre par « auctoritas magistratus »
Ce qu’il faut entendre par « auctoritas populi Romani »
Différents types d’auctoritas
Auctoritas patrum/Auctoritas senatus
Auctoritas des augures/auctoritas des autres prêtres

2.2.2. Le contrôle des augures et du Sénat sur les auspices des magistrats : la garantie d’une stricte séparation entre potestas etauctoritas
Du contrôle des augures sur les auspices des magistrats ou du moyen des sénateurs de contrôler les détenteurs de potestas
Le contrôle spatial des auspices des magistrats : les templa « pour agir auspicato avec le peuple ou le Sénat »
Ius obnuntiandi des augures et ius obnuntiandi des magistrats : du contrôle consensuel du « pouvoir » par l’« autorité » à l’obstruction confictuelle du « pouvoir » par le « pouvoir »

Conclusion 

Épilogue. Augustus plutôt que Romulus
Auspicia, Imperium et Auctoritas d’Auguste : de la République au principat
De la nécessité du modèle romuléen, malgré ses connotations tyranniques : sicut Romulus augurato urbe condenda regnum adeptus est
Le recours à l’auctoritas ou l’exploitation de l’ambiguïté des mythes fondateurs

Conclusion générale

1. Auctoritas : du droit des Romains à l’altérité culturelle
2. Auctoritas/potestas : des (dis-)continuités historiques en matière de pouvoir et d’autorité
3. Auctoritas versus potestas/auspicium : des mécanismes d’autocontrôle de l’aristocratie sénatoriale 
4. Augustus ou le nouveau consensus autour de l’auctoritas du princeps

Bibliographie
I. Encyclopédies, dictionnaires et collections
II. Éditions, traductions et commentaires du corpus textuel issu de la tradition manuscrite 
III. Éditions, traductions et commentaires du corpus juridique
IV. Éditions, traductions et commentaires du corpus épigraphique
V. Éditions et commentaires du corpus numismatique
VI. Éditions et commentaires du corpus prosopographique
VII. Liste générale des ouvrages et articles

Table des illustrations
Index locorum
Index nominum et rerum notabilium