Chercher in Nomôdos

24 sept. 2015

A. de Tocqueville "Contre le droit au travail. Disc. à l'Assemblée constituante le 12 sept. 1848, suivie des notes préparatoires à ce discours", , Les Belles Lettres, 2015

Alexis de Tocqueville
Contre le droit au travail
Discours prononcé par Alexis de Tocqueville à l'Assemblée constituante le 12 septembre 1848, suivie des notes préparatoires à ce discours



Préf. P. Bessard. 
Paris, Les Belles Lettres (Classiques de la Liberté, n°2), 2015, 96 p., ISBN-10 2-251-39060-X / ISBN-13 978-2-251-39060-4 / GTIN13 (EAN13) 9782251390604, 13,5€

Présentation
Le 12 septembre 1848, lors de la discussion sur l'adjonction d’un article ouvrant un «droit au travail» au projet de nouvelle constitution, Alexis de Tocqueville prononce à l’Assemblée constituante un discours incisif et polémique, dans lequel il manifeste son profond engagement dans les affrontements idéologico-politiques consécutifs à la Révolution de 1848.
Dans cette contribution initiale et majeure à un débat de fond qui demeure d’actualité, l’auteur expose, en redoutable rhéteur, les raisons de son opposition tranchée au « droit au travail » et sa logique. Son adoption ferait de l’État «le grand et unique organisateur du travail», «le maître et possesseur de chaque homme », le «propriétaire unique de chaque chose».
Plus globalement, Tocqueville dit avec concision et rigueur les motifs de son opposition au socialisme qui, selon lui, se livre à «une attaque directe contre la propriété et la liberté individuelles» et apparaît comme «une nouvelle formule de la servitude humaine».
Cette première édition spécifique du discours contient la transcription des notes préparatoires de Tocqueville.

Préfacier
  • Pierre Bessard est journaliste et directeur de l’Institut Libéral de Genève.
Sommaire
Préface de Pierre Bessard

Discours de Tocqueville à l'Assemblée constituante le 12 septembre 1848

Notes de travail préparatoires

Chronologie de Tocqueville

Index

Extrait
"Par sa dernière rédaction, la Commission se borne à imposer à la société le devoir de venir en aide, soit par le travail, soit par le secours proprement dit et dans les mesures de ses ressources, à toutes les misères ; en disant cela, la commission a voulu, sans doute, imposer à l'État un devoir plus étendu, plus sacré que celui qu'il s’était imposé jusqu’à présent ; mais elle n’a pas voulu faire une chose absolument nouvelle : elle a voulu accroître, consacrer, régulariser la charité publique, elle n’a pas voulu faire autre chose que la charité publique. L’amendement, au contraire, fait autre chose, et bien plus ; l’amendement, avec le sens que les paroles qui ont été prononcées etsurtout les faits récents lui donnent, l’amendement qui accorde à chaque homme en particulier le droit général, absolu, irrésistible, au travail, cet amendement mène nécessairement à l’une de ces conséquences : ou l’État entreprendra de donner à tous les travailleurs qui se présenteront à lui l’emploi qui leur manque, et alors il est entraîné peu à peu à se faire industriel ; et comme il est l’entrepreneur d’industrie qu’on rencontre partout, le seul qui ne puisse refuser le travail, et celui qui d’ordinaire impose la moindre tâche, il est invinciblement conduit à se faire le principal, et bientôt, en quelque sorte, l’unique entrepreneur de l’industrie. Une fois arrivé là, l’impôt n’est plus le moyen de faire fonctionner la machine du gouvernement, mais le grand moyen d’alimenter l’industrie. Accumulant ainsi dans ses mains tous les capitaux des particuliers, l’État devient enfin le propriétaire unique de toutes choses. Or, cela c’est le communisme. (Sensation.)

Si, au contraire, l’État veut échapper à la nécessité fatale dont je viens de parler, s’il veut, non plus par lui-même et par ses propres ressources, donner du travail à tous les ouvriers qui se présentent, mais veiller à ce qu’ils en trouvent toujours chez les particuliers, il est entraîné fatalement à tenter cette réglementation de l’industrie qu’adoptait, si je ne me trompe, dans son système, l’honorable préopinant. Il est obligé de faire en sorte qu’il n’y ait pas de chômage ; cela le mène forcément à distribuer les travailleurs de manière à ce qu’ils ne se fassent pas concurrence, à régler les salaires, tantôt à modérer la production, tantôt à l’accélérer, en un mot, à le faire le grand et unique organisateur du travail. (Mouvement.)
Ainsi, bien qu’au premier abord la rédaction de la Commission et celle de l’amendement semblent se toucher, ces deux rédactions mènent à des résultats très-contraires ; ce sont comme deux routes qui, partant d’abord du même point, finissent par être séparées par un espace immense : l’une aboutit à une extension de la charité publique ; au bout de l’autre, qu’aperçoit-on ? Le socialisme. (Marques d’assentiment.)" (Pages 36-38).

Compléments