Information transmise par Fr. Audren:
Institut d'Histoire moderne et contemporaine (IHMC, Univ. Paris 1-Ecole normale supérieure)
laboratoire Logiques de l'Agir (Université de Franche Comté)
ANR Utopies-19
Colloque
Encyclopédisme et politique à l'ère des révolutions
(fin XVIIIe – fin XIXe siècle)
Paris
Vendredi 11 & samedi 12 septembre 2015
Colloque organisé par l'IHMC (UMR 8066 Université de Paris 1-ENS-CNRS), le laboratoire Logiques de l'Agir (Besançon) et l'ANR Utopies-19
Organisation
- Vincent Bourdeau
- Jean-Luc Chappey
- Julien Vincent
Texte de l'appel à communications
La question des rapports entre sciences et politique est un domaine important de la recherche en histoire et sciences sociales depuis de nombreuses années. Certains travaux ont montré l'influence des régimes politiques sur les activités scientifiques, ou ont retracé la genèse des politiques scientifiques modernes. D'autres, à l'inverse, ont étudié les engagements politiques des savants, ou le rôle des experts. On a pu mettre en valeur les logiques d'autonomisation à l'oeuvre entre ces deux univers, et leurs limites, ou insister sur la co-construction du scientifique et du politique, et la diversité de leurs hybridations. Ce colloque vise à reprendre ces interrogations à partir d'un observatoire particulier, celui des publications encyclopédiques de la période 1780-1880 environ.
Hérité du XVIIIe siècle, l'encyclopédisme a surtout été étudié comme une entreprise intellectuelle et commerciale. À partir de la Révolution française, il s'affirme aussi comme un projet politique d'instruction publique et d'information scientifique. Dans un contexte marqué à la fois par l'essor de l'imprimé, et par la mutation des institutions savantes, en lien étroit avec les régimes politiques, les publications encyclopédiques offrent un dispositif de travail suffisamment malléable pour s'accorder à différentes attentes et projets. Valeurs refuge, points de ralliement ou instruments de conquête, elles contribuent à l'élaboration de nouvelles solidarités savantes et politiques. Il s'agira d'explorer la façon dont l'encyclopédisme a été un lieu de politisation des sciences, mais aussi de scientifisation du politique. Ceci suppose d'historiciser nos catégories d'analyse. Par quelles opérations une diversité de pratiques savantes, de techniques littéraires et de formes éditoriales ont-elles été regroupées derrière le terme «encyclopédie»?
Inversement, en quoi la redéfinition des frontières de la «politique» légitime, propre à l'ère des révolutions, a-t-elle influencé les encyclopédistes, a-t-elle été accélérée par eux?
On s'intéressera aux liens des encyclopédistes avec les régimes en place, mais aussi au rôle de l'encyclopédisme dans la formalisation de doctrines ou idéologies politiques, et dans le façonnement de sociabilités partisanes. Les entreprises encyclopédiques participent à la construction des identités politiques: alternativement mobilisées pour justifier les institutions en place, ou pour fédérer les opposants au système, elles sont un terrain privilégié de l'affrontement entre libéraux, républicains, ecclésiastiques ou socialistes. Avant l'essor des «disciplines» modernes, elles sont aussi, en second lieu, des enjeux majeurs de la catégorisation des savoirs. Plutôt que d'étudier telle ou telle domaine des sciences dans telle ou telle publication, on envisagera les luttes de catégorisation et leurs effets politiques. À une époque d'essor de l'imprimé, elles façonnent enfin des publics savants, redéfinissent les rapports entre l'élite intellectuelle et les nouveaux lecteurs, et dessinent différents modèles de «diffusion» des «savoirs utiles».
Parmi les thèmes qui pourront être abordés, on peut mentionner, sans que la liste soit exhaustive :
- le périodique encyclopédique comme instrument pour fédérer les oppositions à l'ordre scientifique et politique, ou à l'inverse comme instrument de défense de l'ordre établi
- le périodique encyclopédique comme terrain où se négocient les rapports entre le temps de la science, et celui de la politique. La temporalité est un thème des publications, mais elle est aussi un enjeu concret de la publication d'un «périodique».
- les pratiques du travail collectif au sein des revues encyclopédiques, associant les auteurs aux divers acteurs anonymes, traducteurs et traductrices, imprimeurs, secrétaires, ce qui poses la question de savoir «qui sont les encyclopédistes?»
- la diversité des écritures encyclopédiques: articles et mémoires, écritures individuelles ou collaboratives, comptes rendus d'ouvrages, comptes rendus de cours, notes, correspondances
- les adaptations et les usages du modèle économique de l'encyclopédisme, dans un contexte de mécanisation de l'imprimerie et de baisse des coûts de l'imprimé, dont il s'agira d'étudier la dimension politique
- la sociabilité encyclopédique, ses spécificités et ses rapports avec les sociabilités politiques
- la définition et la construction du public de l'encyclopédisme: celle-ci peut s'étudier du point de vue des producteurs, mais aussi du point de vue des usages sociaux et politiques des publications encyclopédiques par leurs lecteurs
Programme
N.B.: chaque communication dispose de 45 minutes pour la présentation (30 minutes environ) et la discussion (15 minutes environ).
Vendredi 11 septembre 2015
9h30. - Accueil des participant-e-s et du public
- 10h. - Introduction
Contours et définitions de l'encyclopédisme
Présidence: Nathalie Richard (Université du Maine, Centre Alexandre Koyré)
- 10h15. - Jean-Luc Chappey (Paris I, IHMC), L’encyclopédisme est-il un anachronisme? Questions sur les enjeux politiques et intellectuels des revues encyclopédiques au tournant des XVIIIe et XIXe siècle
- 11h. - Julien Vincent (Paris I, IHMC), L'encyclopédisme est-il une science comme les autres? Les sciences morales et politiques dans l'enjeu encyclopédique du premier XIXe siècle (France, Grande-Bretagne).
- 11h45. - Frédéric Dupin (Paris I, Phico), Science politique et politique de la science: le statut de la sociologie dans l'encyclopédie positive d'Auguste Comte.
12h30 Déjeuner au restaurant de l'ENS
L'encyclopédisme à l'épreuve de l'international
Présidence: Edward Castleton (UFC, MSHE Claude-Nicolas Ledoux, Logiques de l'Agir)
- 14h. - Barbara Revelli (EuroCité), Pratiques de lecture encyclopédiques à l’époque de la Restauration. La Revue Encyclopédique (1819-1831) un projet méthodologique à vocation européenne.
- 14h45. - Blaise Wilfert (ENS, IHMC), La Grande Encyclopédie et le rapport national/international.
Des encyclopédismes populaires
Présidence: Vincent Robert (Paris I, Centre d'histoire du XIXe siècle)
- 15h30. - Carole Christen (Lille III, IRHiS, IUF), La construction d'un encyclopédisme populaire dans le premier XIXe siècle.
- 16h15. - Valérie Tesnière (EHESS, CRH), Revues et encyclopédies chez Jean-Augustin Barral et Eugène Lacroix: outils d’accès au savoir et d’émancipation politique au XIXe siècle en France.
17h : Table-ronde
Samedi 12 septembre 2015
9h: Accueil des participant-e-s et du public.
De la Revue encyclopédique à l'Encyclopédie nouvelle
Présidence: Wolf Feuerhahn (CNRS, Centre Alexandre Koyre)
- 9h30. - Aurélien Aramini (Université de Franche-Comté, Logiques de l'agir), Traditions religieuses et synthèse républicaine dans la Revue Encyclopédique: de la philologie à la politique.
- 10h15. - Vincent Bourdeau (Université de Franche-Comté, Logiques de l'agir), Le noyau
- dur républicain de l'Encyclopédie Nouvelle: de la défense de la république à l'entreprise encyclopédique. Le cas de Jean Reynaud.
- 11h. - Lucie Rey (Université de Lyon, Labex COMOD), Lecture de la Réforme protestante et de l'athéisme philosophique dans l'Encyclopédie Nouvelle.
Conclusions et discussions générales
- 11h45 : Edward Castleton, Wolf Feuerhahn, Nathalie Richard, Vincent Robert
12h45 Déjeuner dans la cour de l'ENS (plateaux-repas)
Lieu
- Ecole normale supérieure, 45 rue d'Ulm, 75005, salle W