France-Culture
Podcast
Du Grain à Moudre (J. Clarini & Br. Coutirier)
émission du 24 nov. 2009
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Du Grain à Moudre (J. Clarini & Br. Coutirier)
émission du 24 nov. 2009
Proudhon, libéral ou socialiste?
La pensée de Proudhon, dont on célèbre le deux-centième anniversaire cette année, semble faire l’objet d’une redécouverte. Le grand rival de Marx au sein du mouvement ouvrier de leur temps, semble émerger d’une bien longue éclipse. On aurait pu s’attendre à ce que la défaite du socialisme autoritaire, il y a vingt ans, remette au goût du jour le théoricien de la libre association des travailleurs, l’ennemi déclaré de toute autorité, de toute contrainte et de toute coercition, l’adversaire des idéologies sectaires. Pourquoi alors ce long purgatoire ? Parce que cet ennemi de l’Etat se méfiait de la politique et des politiciens, qu’il jugeait inaptse à résoudre la question sociale, alors que la gauche française s’est construite sur l’alliance des républicains et des socialistes ? Est-ce en raison du caractère ambigu de sa postérité – qui compte des socialistes libertaires, mais aussi les proto-fascistes du Cercle Proudhon ?
Quant à sa résurrection actuelle, elle est tout aussi ambiguë, puisque le théoricien de l’anarchisme est invoqué à la fois par les critiques les plus radicaux du capitalisme et par les libéraux les plus extrémistes.
Pourtant, la pensée de Proudhon pourrait retrouver une singulière actualité : théoricien du crédit gratuit et fondateur d’une Banque du Peuple mutualiste, il est permis de voir en lui l’ancêtre du micro-crédit. Sa conception de la justice comme ensemble de droits à actualiser peut le rapprocher de John Rawls comme d’Amartya Sen. Sa critique des potentialités autoritaires et sectaires du marxisme anticipe Orwell et Camus.
Bref, Pierre-Joseph Proudhon mérite peut-être le détour.
Quant à sa résurrection actuelle, elle est tout aussi ambiguë, puisque le théoricien de l’anarchisme est invoqué à la fois par les critiques les plus radicaux du capitalisme et par les libéraux les plus extrémistes.
Pourtant, la pensée de Proudhon pourrait retrouver une singulière actualité : théoricien du crédit gratuit et fondateur d’une Banque du Peuple mutualiste, il est permis de voir en lui l’ancêtre du micro-crédit. Sa conception de la justice comme ensemble de droits à actualiser peut le rapprocher de John Rawls comme d’Amartya Sen. Sa critique des potentialités autoritaires et sectaires du marxisme anticipe Orwell et Camus.
Bref, Pierre-Joseph Proudhon mérite peut-être le détour.
Invités
- Anne-Sophie Chambost. Maître de conférence en histoire du droit (Paris Descartes)
- Vincent Valentin. Maître de conférences en droit à l'Université Paris-1
- Edouard Jourdain. Doctorant en études politiques à l'EHESS
les livres
- Anne Sophie Chambost, Proudhon: l'enfant terrible du socialisme, Armand Colin, nov. 2009
[Cf. annonce de parution antérieure sur Nomôdos: http://nomodos.blogspot.com/2009/11/s-chambost-proudhon-lenfant-terrible-du.html].
- Edouard Jourdain, Proudhon: un socialisme libertaire, Michalon, juin 2009.
4e de couverture:
Proudhon, « Qu'est-ce que la propriété ? C'est le vol ! », « Dieu, c'est le mal ».
On ne retient le plus souvent de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) que ces formules provocatrices, dont l'écho n'a d'égal que leur incompréhension.
Il a été taxé de petit-bourgeois, de communiste, ou de réactionnaire par ses adversaires de tous bords. Sa pensée mérite pourtant d'être redécouverte, car sa critique radicale des institutions sociales ouvre sur une pensée du droit très originale.
Proudhon n'envisage jamais la justice comme une simple idée abstraite : elle constitue avant tout une force en prise avec l'histoire. En critiquant la Loi pervertie par l'Etat, la religion ou la propriété, il entend redonner toute sa crédibilité et toute sa puissance au droit afin qu'il se rapproche au mieux de la Justice. « Pour qu'il y ait une société entre des créatures raisonnables, il faut qu'il y ait engrenage réciproque : ce qui ne peut se faire qu'à l'aide d'un autre principe, le principe mutuelliste du droit. »
L'anarchie prônée par Proudhon est une philosophie du droit.
- Anne Sophie Chambost, Proudhon et la norme: pensée juridique d'un anarchiste, Presses Universitaires de Rennes, avril 2004
- Pierre-Joseph Proudhon, Liberté, partout et toujours. Textes choisis, ordonnés et présentés par Vincent Valentin, Les Belles Lettres, janv. 2009.
Présentation de l'éditeur:
Un Proudhon certes foncièrement anarchiste, fédéraliste, anti-étatiste pour tout dire, mais parfois plus proche d'être un libéral anticapitaliste et antibourgeois qu'un socialiste et dont le combat constant pour l'émancipation de la classe ouvrière va de pair avec une rude opposition au communisme. Voici le Proudhon (1809-1865) que ce volume dévoile en bousculant nombre d'idées convenues à son sujet : entre autres, que la propriété est loin d'être forcément un «vol».
Ces textes sélectionnés, ordonnés et présentés par Vincent Valentin, maître de conférences à l'université Paris-I, soulignent le caractère complexe, souvent paradoxal et évolutif, d'une oeuvre foisonnante à laquelle le lecteur contemporain n'a plus directement accès depuis longtemps. Et dont la conception vive de la liberté individuelle qui l'irrigue donne toujours à penser.