Appel à contribution
Revue Confrontations, n°3 - décembre 2010
Revue Confrontations, n°3 - décembre 2010
Monnaie, fausse monnaie
Currency and Fake Currency
(limite: 31 octobre 2010)
Présentation
Thème du N°3 de Confrontations, parution en décembre 2010
À partir du XVe siècle, on atteste la fabrication de fausse monnaie par des sociétés secrètes comme la Coquille. La falsification portait principalement sur la reproduction physique de la monnaie avec la mainmise des faussaires divers, rogneurs ou autres billonneurs sur la contrefaçon. Deux siècles plus tard, Jean Bodin dénoncera également les princes comme des truqueurs. En effet, ceux-ci sous l'influence des courtisans n'hésitaient pas à jouer avec la valeur de la monnaie. Il est vrai que son support métallique ne portant pas explicitement d'unité de compte facilitait la falsification. Les abus étaient tels que la question monétaire fut bien souvent abordée à partir de celle de l’altération de la véracité monétaire. Dès lors, le rapport de la monnaie à la souveraineté est mis en exergue. Le postulat principal réside dans le pouvoir exclusif du roi veillant à la frappe de la monnaie. Par conséquent, son battage illicite constituait un crime de lèse-majesté. Aussi, la punition qui attendait les faussaires était à la mesure de leur faute : on les rôtissait et on les bouillait. L'idée principale réside au moment du déroulement du crime. Celui-ci est forgé par des individus non-dépositaires du droit du souverain et s'oppose donc à la vraie monnaie frappée sur ordre royal. Ainsi la distinction entre vraie et fausse monnaie d'emblée s'impose. Elle a le mérite de la clarté: seul le pouvoir avec ses attributs législatifs et exécutifs fabrique la vraie monnaie. Ce concept fondé sur l'aspect purement matériel de la monnaie perdure puisque la contrefaçon (ou la falsification) de la monnaie métallique reste un acte criminel. Le faux-monnayeur risque une lourde peine de prison et une forte amende. Néanmoins, cette force probante de l'autorité publique n'exclue nullement la coexistence de la monnaie avec sa contrefaçon. À partir de ce moment, cette dernière peut être considérée comme une monnaie privée puisque sa fabrication relève d'une initiative extra-étatique. Néanmoins, cette monnaie contrefaite possède des fonctions assimilables à celles de la monnaie publique. Par exemple, la circulation de l'une comme de l'autre permet l'accumulation lorsque sa mise sous numéro intervient par le biais de mécanismes comptables. À ce moment, la problématique centrale apparaît : c'est celle de la création monétaire avec ses conséquences politiques, économiques et sociales.
L'hypothèse de la véracité de la monnaie corrélée exclusivement au pouvoir de frappe de l'autorité publique exclue donc - a priori - la totalité des monnaies privées de la légalité. Par conséquent, comprendre ce mécanisme permet d'évaluer le potentiel criminogène des monnaies autres que celles relevant du fait de l'État.
Dès lors, plusieurs pistes de réflexion sont donc possibles. Celle de la création monétaire du fait du grand banditisme constitue un premier axe d’interrogations. En quoi les fonctions de cette fausse-monnaie différent-elles de celles de la monnaie légale? À quel moment la technologie ou le fonctionnement macroéconomique deviennent-ils générateurs de rupture dans les formes de la monnaie contrefaite? De même avec cette conception «souverainiste» de la monnaie on peut aborder la dimension du pouvoir bancaire, en effet, comment la monnaie fabriquée par les banques commerciales peut-elle être considérée plus vraie que celle fabriquée par des faux monnayeurs? La question semble se poser avec d’autant plus d’acuité à un moment où la dématérialisation progressive de la monnaie contribue à la facilité de sa reproductibilité et participe d'autant à l’affaiblissement de la monnaie publique. D'autre part, en recadrant cette question dans sa dimension historique, il apparaît que la création monétaire par l'octroi de crédit permet d'enrayer les crises boursières malgré le risque d'inflation. Dès lors, il est aisé de faire le lien entre hausse des prix et abondance monétaire. Ce constat offre la possibilité d'un axe de réflexion complémentaire et ouvre la porte à une dimension géopolitique plus vaste. En effet, l'érosion de l'ordre financier mondial par le libre-échangisme ne constitue-t-elle pas un facteur aggravant à cette prolifération de monnaies privées? Le champ du rôle de la monnaie est ainsi ouvert et l'on pourra s'attacher finalement à définir précisément le faussaire? Est-ce un bandit, est ce un spéculateur? L’objectif serait donc de souligner le rapport social du fabricant de monnaie avec une autorité publique avec la société et a fortiori avec les individus.
Les intentions de publier peuvent parvenir à la revue jusqu’au 31 octobre 2010. La dimension de chaque contribution est de 40000 signes, espaces compris.
Comité de rédaction:
redaction@revue-confrontations.org
URL
- Pierre Bastien, docteur en histoire (Metz), affiliation éducation nationale
- Laurent Erbs, docteur en histoire (Metz), affiliation éducation nationale
- Antoine Poix, ingénieur, secteur privé
redaction@revue-confrontations.org
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http://revue-confrontations.org/
Source: «Monnaie, fausse monnaie», Appel à contribution, Calenda, publié le vendredi 18 juin 2010, http://calenda.revues.org/nouvelle16941.html
Source: «Monnaie, fausse monnaie», Appel à contribution, Calenda, publié le vendredi 18 juin 2010, http://calenda.revues.org/nouvelle16941.html