Les Belles Lettres, 2010 (3e tirage), 680 p., index, ISBN-10 2-251-32673-1 / ISBN-13 978-2-251-32673-3, 69€
Présentation éditeur
Homère fascine, et son rayonnement demeure encore immense et ce de l'Antiquité à nos jours (Paul Claudel, Gabriel Audisio, Joyce, Cavafy, Kazantsakis). Mais certains ont sévèrement critiqué la poésie homérique (Xénophane, Platon, Epicure). Xénophane (6e a.C.) reprochait à Homère de donner aux dieux une image peu flatteuse et immorale; quant à Platon il estimait que l'étude la philosophia devait sublimer l’étude la poésie homérique alors fondement de l’éducation de la jeunesse grecque.
Pourtant les Anciens n’ont cessé de se pencher sur les mythes d’Homère afin d’y déceler des arrière-plans. Ils leur fallait réconcilier la poésie homérique et la philosophie dans une recherche de la signification cachée des mythes. C’est ce qu’on nomme l’exégèse allégorique. Elle débute dès le 6e a.C. avec Théagène de Rhégium et perdure jusqu’à Proclos (5e p.C.).
Pour les Grecs, le mythe est une enveloppe trompeuse dont il faut percer le secret et tirer l’idée de l’image.
L’exégèse homérique s’est développée dans trois directions:
- La physique: pour les allégoristes, les mythes d’Homère recouvrent des notions scientifiques sur les structures mêmes de l’univers. Exemple : les dieux ne sont rien d’autres que des éléments primordiaux (air, éther, eau, feu, terre) qui se livrent à des conflits cosmiques.
- La morale: les mythes sont une réflexion sur la vertu (Plutarque, Maxime de Tyr) et apprennent aux individus à avoir une conduite héroïque, raisonnable, sage.
- La théologie: pour les néoplatoniciens (Porphyre, Proclus), les dieux d’Homère trouvent leur correspondance avec les dieux et les démons du néoplatonisme et dans la croyance à la transmigration de l’âme (aventures d’Ulysse de Calypso, de Circé, des sirènes). Les mythes d’Homère révèlent la structure de la réalité du monde car ils ne sont plus des fictions mais des vérités pures.