Grande Conférence des Archives H. Poincaré
Archives Henri Poincaré (UMR 7117)
Département de Philosophie de l'Université Nancy 2
Colloque permanent transfrontalier Nancy-Saarbrücken
MSH Lorraine (USR 3261)
Département de Philosophie de l'Université Nancy 2
Colloque permanent transfrontalier Nancy-Saarbrücken
MSH Lorraine (USR 3261)
Claudine Tiercelin
(Institut Jean Nicod, Paris),
Sur la valeur intrinsèquement sociale de la connaissance
Sur la valeur intrinsèquement sociale de la connaissance
Nancy
mercredi 8 décembre 2010 (17h-19h)
mercredi 8 décembre 2010 (17h-19h)
Résumé
Nous sommes presque tous prêts à considérer qu’une connaissance a plus de valeur qu’une croyance, celle-ci fût-elle vraie et justifiée ; mais nous avons beaucoup de mal à dire pourquoi : Parce que la connaissance vise nécessairement le vrai, le bien ? Parce qu’on est parvenu à connaître en suivant une méthode fiable ? Parce que la connaissance suppose certaines vertus de l’agent intellectuel, certaines performances que l’on peut porter à son crédit ? Aussi diverses et difficiles soient les réponses, elles semblent s’accorder sur un point : si la connaissance a une valeur, et si cette valeur a quelque chose d’intrinsèque, alors, il est douteux que la connaissance, non seulement soit intégralement asservie à l’intelligence et à nos intérêts pratiques et sociaux, y compris aux types et méthodes de raisonnements que cela le plus souvent implique, mais plus encore, qu’elle se définisse en ces termes, comme le voudraient certains auteurs tentés par telle ou telle dérive pragmatiste ou sociologique de la connaissance. N’avons-nous le choix qu’entre, d’un côté, le purisme des « véritistes » souvent sourds aux liens que doit avoir la connaissance avec l’action et le bien commun, et, de l’autre, le relativisme « compréhensif », plein de « sollicitude » des néo-pragmatistes ?
Je m’efforcerai de montrer comment ce faux choix est souvent à l’origine des difficultés que l’on voit affleurer dans les discussions récentes sur le problème de la « valeur » de la connaissance ou sur son supposé « noyage », ou encore sur la place que l’on est prêt ou non à accorder, au sein de l’épistémologie, à l’épistémologie sociale. Pour sortir de ce dilemme, je proposerai une autre définition de la connaissance elle-même. Il s’agira de considérer 1) la connaissance non comme une enquête, mais comme la visée même de l’enquête ; 2) l’enquête elle-même non pas comme un simple processus communicationnel et délibératif de questions-réponses, mais comme une méthode scientifique et réaliste d’investigation du réel. Je soutiendrai que cette méthode est soumise à des contraintes externes (rendant parfois impossible le doute lui-même) et à des normes communes qui nous obligent à une éducation rationnelle et sentimentale constante de nos dispositions-habitudes ou de notre sens commun critique, mais qui enracinent aussi la connaissance dans le principe social. Peut-être la connaissance n’a-t-elle en définitive aucune valeur. Après tout, libre à chacun de brûler tous les livres et de préférer le backgammon. Mais si elle en a une, alors cette valeur est intrinsèquement sociale. Les Grandes conférences de l'année universitaire 2010-2011 portent sur le thème de l'épistémologie sociale.
Les Grandes conférences sont organisées par :
Je m’efforcerai de montrer comment ce faux choix est souvent à l’origine des difficultés que l’on voit affleurer dans les discussions récentes sur le problème de la « valeur » de la connaissance ou sur son supposé « noyage », ou encore sur la place que l’on est prêt ou non à accorder, au sein de l’épistémologie, à l’épistémologie sociale. Pour sortir de ce dilemme, je proposerai une autre définition de la connaissance elle-même. Il s’agira de considérer 1) la connaissance non comme une enquête, mais comme la visée même de l’enquête ; 2) l’enquête elle-même non pas comme un simple processus communicationnel et délibératif de questions-réponses, mais comme une méthode scientifique et réaliste d’investigation du réel. Je soutiendrai que cette méthode est soumise à des contraintes externes (rendant parfois impossible le doute lui-même) et à des normes communes qui nous obligent à une éducation rationnelle et sentimentale constante de nos dispositions-habitudes ou de notre sens commun critique, mais qui enracinent aussi la connaissance dans le principe social. Peut-être la connaissance n’a-t-elle en définitive aucune valeur. Après tout, libre à chacun de brûler tous les livres et de préférer le backgammon. Mais si elle en a une, alors cette valeur est intrinsèquement sociale. Les Grandes conférences de l'année universitaire 2010-2011 portent sur le thème de l'épistémologie sociale.
Les Grandes conférences sont organisées par :
- Archives Henri Poincaré (UMR 7117)
- Département de Philosophie de l'Université Nancy 2
- Colloque permanent transfrontalier Nancy-Saarbrücken
- MSH Lorraine (USR 3261)
Nota: Conférence initialement programmée le 12 octobre
Lieu
Salle Internationale de la Maison des Sciences de l'Homme de Lorraine (91 avenue de la Libération, Nancy, 3e étage, salle 324).
Le programme mis à jour : http://poincare.univ-nancy2.fr/Activites/?contentId=5293
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