Information transmise par Fr. Audren:
Collège de France
Chaire
Professeur Mireille Delmas-Marty, cours 2011[1]
Sens et non-sens de l’humanisme juridique
Ce titre exprime un malaise car les abus de la ritournelle humaniste fragilisent l’humanisation des pratiques juridiques à un moment où, face à la mondialisation, cette humanisation semble plus que jamais nécessaire. Certes l’humanisme «juridique» est en apparence renforcé par le développement des droits de l’homme, l’apparition d’un droit humanitaire et l’émergence d’une justice pénale internationale. Et pourtant les courants antihumanistes ont beau jeu de dénoncer ses non-sens, évoquant les nombreuses contradictions qui sont révélées, et parfois aggravées, par la mondialisation.
Quelques exemples montreront qu’à l’épreuve de la mondialisation, le mythe de l’humanisme juridique ressemble de plus en plus à une mystification: le durcissement du contrôle des migrations souligne la contradiction entre fermeture des frontières et ouverture des marchés; l’aggravation des exclusions sociales contraste avec la croissance des profits économiques et financiers; la multiplication des atteintes à l’environnement liées au développement économique menace la vie, notamment humaine; la persistance des crimes internationaux «les plus graves» révèle les limites d’une justice pénale mondialisée sans force exécutoire; enfin l’ambivalence des nouvelles technologies contribue à résoudre les contradictions, mais aussi à les renforcer.
Pour donner sens à la fois à l’humanisme et à la mondialisation, il ne suffit pas de réaffirmer des principes humanistes. Il faut mettre en œuvre des processus, encore utopiques mais déjà repérables, pour humaniser la mondialisation dans une perspective qui n’est ni l’Etat total, ni le marché total, mais l’organisation interactive et évolutive d’un «pluralisme ordonné».
Introduction - entre mythe et utopie
- Des humanismes à l’humanisme juridique: naissance et métamorphoses du mythe (5 /1/11)
- De l’humanisme juridique à l’humanisation des pratiques : mort et transfiguration (12/1/11)
I - l’humanisme juridique a l’epreuve de la mondialisation
- Durcissement du contrôle des migrations (19/1/11)
- Aggravation des exclusions sociales (26/1/11)
- Multiplication des atteintes à l’environnement (9/2/11)
- Persistance des crimes internationaux « les plus graves » (16/2/11)
- Ambivalence des nouvelles technologies (23 /2/11)
II - humaniser la mondialisation
- Initiatives pour construire une citoyenneté à plusieurs niveaux (2/3/11)
- Propositions sur la responsabilité sociale des Etats et des entreprises (16/3/11)
- Jalons pour la survie des générations futures (23/3/11)
- Propositions pour fortifier la justice pénale internationale (30/3/11)
- Efforts d’innovation juridique face aux innovations technologiques (6/4/11)
Conclusion - un droit en devenir pour une humanité en transit (11/5/11)
[1] Le cours sera prononcé au Collège de France, 11 place Marcelin – Berthelot, amphithéâtre Marguerite de Navarre, de 14h à 15h. Le séminaire prendra la forme de journées d’études les 28-29 avril 2011 sur Hominisation et humanisations : le rôle du droit.