Collège international de Philosophie
Programme des Séminaires Philosophie/Politique et Société février-juillet 2011
Infra, présentation de:
- Br. BERNARDI: Société civile: genèse et actualité d’un concept
- M.-Cl. CALOZ-TSCHOPP: Exil, création philosophique et politique. Philosophie et citoyenneté contemporaine
- Chr. LAVAL: Du public au commun
- S. LUSTE BOULBINA: De la grande nuit au jour nouveau: Fanon et la décolonisation
- R. NIGRO: L’exception et la règle dans les arts de gouverner modernes. Coups d’État et révolutions
- R. NOLLEZ-GOLDBACH et J. SAADA: La justice pénale internationale. Perspectives juridiques et philosophiques
- G. ROCKHILL: Penser l’histoire/Thinking Through History
- D. SARDINHA: Devenir mineur: le renversement de l’appel kantien
- N. TAZI: Politiques de la virilité ordinaire en Islam (IV)
Bruno BERNARDI
Société civile: genèse et actualité d’un concept
18h30-20h30Société civile: genèse et actualité d’un concept
Salle JA05, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 2 fév, Mar 22 mars, Jeu 28 avr
Séminaire organisé avec le soutien du SHADYC, UMR 8562, EHESS-CNRS, Marseille.
Cette enquête a pour objet d’éclairer la signification du retour contemporain du concept de société civile en l’inscrivant dans l’histoire de la modernité politique et, en retour, de revisiter cette histoire à partir de son usage présent.
Nous avons formé au cours des premières étapes de la recherche trois hypothèses principales :
- Du point de vue de l’histoire conceptuelle, la société civile apparaît comme un concept-champ, à partir duquel se sont successivement constitués, en s’en distinguant, ceux d’État et de marché : deux principes totalisants qui tendent à subsumer sans reste l’ensemble des rapports sociaux.
- Loin d’épuiser son concept, ces mutations inciteraient paradoxalement à reconnaître dans la société civile la possibilité d’un troisième paradigme pour la modernité politique : à côté de ceux d’administration et de transaction que portent l’état et le marché, un paradigme de l’association.
- Le retour présent du concept de société civile serait donc à la fois l’effet de la concurrence que se sont livrés sur le long terme l’État et le marché comme principes structurants de la société, et l’expression d’une résistance de la société à sa subsomption sous leurs paradigmes respectifs. Les prochaines étapes auront pour objet de tester, de préciser, et de complexifier ces hypothèses.
Le travail de l’année 2010-2011 portera sur la période 1750-1850, une des plus décisives dans l’histoire du concept de société civile : celle du déplacement de problématique opéré par l’École anglo-écossaise (Hume, Smith, Ferguson), de sa théorisation par Hegel dans les Principes de la philosophie du droit, et de sa reprise critique par Marx dans ses premières oeuvres. Prenant appui sur les travaux existants concernant ces moments essentiels, on montrera que durant cette période, loin de se dissoudre sous l’effet de la polarisation entre économie et politique, le concept de société civile est le terreau d’un renouvellement en profondeur du concept même de société.
Ce séminaire se tient également à Marseille, où il sera accueilli par le SHADYC (École des Hautes Études en Sciences Sociales), Centre de la Vieille Charité : ces séances auront lieu de 17h30 à 19h30, les mercredis 9 février, 16 mars, et 11 mai 2011.
Marie-Claire CALOZ-TSCHOPP
Exil, création philosophique et politique.
Philosophie et citoyenneté contemporaine
Exil, création philosophique et politique.
Philosophie et citoyenneté contemporaine
Salle Berenstein, Université Ouvrière de Genève (UOG), 3 place des Grottes, 1210 Genève (Suisse)
Jeu 17 fév, Jeu 10 mars : 18h-20h30
Sam 19 mars : 14h-17h
Jeu 31 mars, Jeu 14 avr, Jeu 5 mai, Jeu 19 mai : 18h-20h30
Séminaire organisé avec le soutien de l’Université Ouvrière de Genève (UOG).
L’exil est souvent associé à la mort civique. Il est utilisé par les États pour isoler, réduire à la passivité, couper de leurs liens vitaux individus, populations, diasporas. Dans la modernité, depuis le XXe siècle il est lié aux déplacements à la précarisation des populations. Face aux inégalités abyssales, violences, pertes, souffrances, deuils, les populations élaborent des stratégies, tactiques de résistance de création politique pour inventer une citoyenneté transnationale.
Question de départ : est-il possible d’envisager l’exil aujourd’hui dans la perspective de la création philosophique et politique et de la lier avec la citoyenneté ? Quel statut, rôle, place tient l’exil dans les violences contemporaines, la (re)construction de la politique après un siècle de massacres de masse (guerre totale, bombardements, génocides, tortures) précédé d’une longue genèse historique (Arendt) ? Comment considérer l’exil depuis les camps, les expulsions, la fragilisation des conditions d’existence ? Quel message est envoyé aux populations (et non seulement aux exilé(e)s) par le bannissement contemporain ? Philosophie d’hommes jetables (Ogilvie), d’humains superflus (Arendt) ?
En bref, l’objectif général est de « reconceptualiser l’exil » en renouvelant la démarche philosophique et les droits. Quelles formes de résistance vécues par les individus, populations, diasporas dans l’exploitation, l’expulsion, la prison, la torture, l’exil ? Philosophies essentialistes, racistes et du mouvement, de la relation sont en tension entre violence d’État et résistance des exilés, professionnels, citoyens.
Comment construire une approche critique, en renouvelant des schèmes théoriques des politiques d’immigration, du droit d’asile, du travail, du chômage, du service public, etc. ?
Le travail de 2011 (première étape d’un cycle quinquennal) est la mise en place de l’abord philosophique à partir de Spinoza, d’Arendt (avec André Tosel, Rada Ivekovic), du cadre historique (XXe siècle en priorité), de l’étude du rapport entre violences, guerres contemporaines et exil. On s’appuiera sur un inventaire de témoignages, constats de pratiques cliniques, professionnelles, notions, concepts, représentations de l’exil/des-exil.
Ce séminaire est organisé avec le soutien et le partenariat d’associations de migrants, réfugiés, sanspapiers, de syndicats, d’associations professionnelles de Service public (social, santé, enseignement, éducation, formation, médias, recherche, culture, artistes, etc.), d’institutions publiques locales, cantonales et fédérales suisses. La liste en sera communiquée ultérieurement.
Intervenants: André Tosel, Rada Ivekovic (la liste complète des intervenants sera communiquée lors de la première séance).
Jeu 17 fév, Jeu 10 mars : 18h-20h30
Sam 19 mars : 14h-17h
Jeu 31 mars, Jeu 14 avr, Jeu 5 mai, Jeu 19 mai : 18h-20h30
Séminaire organisé avec le soutien de l’Université Ouvrière de Genève (UOG).
L’exil est souvent associé à la mort civique. Il est utilisé par les États pour isoler, réduire à la passivité, couper de leurs liens vitaux individus, populations, diasporas. Dans la modernité, depuis le XXe siècle il est lié aux déplacements à la précarisation des populations. Face aux inégalités abyssales, violences, pertes, souffrances, deuils, les populations élaborent des stratégies, tactiques de résistance de création politique pour inventer une citoyenneté transnationale.
Question de départ : est-il possible d’envisager l’exil aujourd’hui dans la perspective de la création philosophique et politique et de la lier avec la citoyenneté ? Quel statut, rôle, place tient l’exil dans les violences contemporaines, la (re)construction de la politique après un siècle de massacres de masse (guerre totale, bombardements, génocides, tortures) précédé d’une longue genèse historique (Arendt) ? Comment considérer l’exil depuis les camps, les expulsions, la fragilisation des conditions d’existence ? Quel message est envoyé aux populations (et non seulement aux exilé(e)s) par le bannissement contemporain ? Philosophie d’hommes jetables (Ogilvie), d’humains superflus (Arendt) ?
En bref, l’objectif général est de « reconceptualiser l’exil » en renouvelant la démarche philosophique et les droits. Quelles formes de résistance vécues par les individus, populations, diasporas dans l’exploitation, l’expulsion, la prison, la torture, l’exil ? Philosophies essentialistes, racistes et du mouvement, de la relation sont en tension entre violence d’État et résistance des exilés, professionnels, citoyens.
Comment construire une approche critique, en renouvelant des schèmes théoriques des politiques d’immigration, du droit d’asile, du travail, du chômage, du service public, etc. ?
Le travail de 2011 (première étape d’un cycle quinquennal) est la mise en place de l’abord philosophique à partir de Spinoza, d’Arendt (avec André Tosel, Rada Ivekovic), du cadre historique (XXe siècle en priorité), de l’étude du rapport entre violences, guerres contemporaines et exil. On s’appuiera sur un inventaire de témoignages, constats de pratiques cliniques, professionnelles, notions, concepts, représentations de l’exil/des-exil.
Ce séminaire est organisé avec le soutien et le partenariat d’associations de migrants, réfugiés, sanspapiers, de syndicats, d’associations professionnelles de Service public (social, santé, enseignement, éducation, formation, médias, recherche, culture, artistes, etc.), d’institutions publiques locales, cantonales et fédérales suisses. La liste en sera communiquée ultérieurement.
Intervenants: André Tosel, Rada Ivekovic (la liste complète des intervenants sera communiquée lors de la première séance).
Christian LAVAL
Du public au commun
18h30-20h30Du public au commun
Amphithéâtre 45 B, Université Paris 6-Pierre et Marie Curie,
4 place Jussieu, 75005 Paris
Mer 9 fév, Mer 9 mars, Mer 6 avr, Mer 11 mai, Mer 8 juin
Séminaire organisé avec le soutien de l’Université Paris 6-Pierre et Marie Curie.
Ce séminaire s’inscrit dans un programme de recherches, dont l’un des quatre axes vise à élaborer une pensée des « communs de la connaissance ».
Nous commençons par une réflexion collective intitulée « Du public au commun », qui prend le relais d’un séminaire qui s’est tenu au premier semestre à la Maison des sciences économiques (Université Paris 1).
L’intention du séminaire est rien moins que l’élaboration du « commun » comme espace de problème et comme champ de questionnement. Il s’agit pour nous de frayer de nouvelles voies à la pensée sociale et politique, en dehors de la simple alternative du marché et de l’État. Le défi n’est pas mince. La logique néolibérale de privatisation et de concurrence s’est épanouie sur les ruines du « socialisme » et du « communisme » dans leurs expressions historiques étatiques. Nous sommes convoqués à penser autrement l’avenir, à penser avec de nouveaux concepts. Le « commun » n’est pas un spectre, il est à nos yeux une idée neuve.
Construire le concept de « commun » suppose pour nous de se déprendre d’une conception métaphysique pour le concevoir comme une production, de revenir à l’histoire des « commons » et de clarifier les discussions théoriques auxquelles ils ont donné lieu, d’examiner rigoureusement les pratiques réelles de co-production et de coopération dans de multiples champs, de considérer avec soin les implications et traductions sociales, politiques et juridiques du « commun » en termes de droits collectifs, de penser ce que peuvent être les normes et les modes de subjectivation qui relèveraient de ce « commun », de comprendre ce que pourrait être le passage du public au commun à partir de la production de nouvelles normes, et donc d’affronter la question de l’institution du commun.
Le séminaire mettra en oeuvre des pratiques communes d’élaboration. Les séances seront consacrées tantôt à des exposés à plusieurs voix, tantôt à des discussions générales en présence de l’ensemble du groupe d’animation. Le détail des séances sera annoncé à l’avance sur le site du Collège : www.ciph.org
Nous commençons par une réflexion collective intitulée « Du public au commun », qui prend le relais d’un séminaire qui s’est tenu au premier semestre à la Maison des sciences économiques (Université Paris 1).
L’intention du séminaire est rien moins que l’élaboration du « commun » comme espace de problème et comme champ de questionnement. Il s’agit pour nous de frayer de nouvelles voies à la pensée sociale et politique, en dehors de la simple alternative du marché et de l’État. Le défi n’est pas mince. La logique néolibérale de privatisation et de concurrence s’est épanouie sur les ruines du « socialisme » et du « communisme » dans leurs expressions historiques étatiques. Nous sommes convoqués à penser autrement l’avenir, à penser avec de nouveaux concepts. Le « commun » n’est pas un spectre, il est à nos yeux une idée neuve.
Construire le concept de « commun » suppose pour nous de se déprendre d’une conception métaphysique pour le concevoir comme une production, de revenir à l’histoire des « commons » et de clarifier les discussions théoriques auxquelles ils ont donné lieu, d’examiner rigoureusement les pratiques réelles de co-production et de coopération dans de multiples champs, de considérer avec soin les implications et traductions sociales, politiques et juridiques du « commun » en termes de droits collectifs, de penser ce que peuvent être les normes et les modes de subjectivation qui relèveraient de ce « commun », de comprendre ce que pourrait être le passage du public au commun à partir de la production de nouvelles normes, et donc d’affronter la question de l’institution du commun.
Le séminaire mettra en oeuvre des pratiques communes d’élaboration. Les séances seront consacrées tantôt à des exposés à plusieurs voix, tantôt à des discussions générales en présence de l’ensemble du groupe d’animation. Le détail des séances sera annoncé à l’avance sur le site du Collège : www.ciph.org
Participeront notamment aux échanges: Pierre Dardot, Ugo Mattei, Antono Negri, Paolo Napoli, Franck Poupeau et Judith Revel.
Seloua LUSTE BOULBINA
De la grande nuit au jour nouveau:
De la grande nuit au jour nouveau:
Fanon et la décolonisation
18h30-20h30Centre Parisien d’Études Critiques, 37 bis rue du Sentier, 75002 Paris
Jeu 3 mars, Jeu 10 mars, Jeu 17 mars : Salle 1
Jeu 24 mars : Salle 2
Jeu 31 mars : Salle 1
Séminaire organisé dans le cadre du programme « 2011, année des Outre-Mer » et avec le soutien du Centre
Parisien d’Études Critiques.
Quelle consistance Fanon donne-t-il à l’idée de décolonisation ?
« Les derniers seront les premiers ». Pour Fanon, « la décolonisation est la vérification de cette phrase ».
Faisant des spectateurs de leur propre vie les acteurs de leur propre existence, la décolonisation apparaît comme un processus qui modifie profondément l’être de l’homme, et fait naître une subjectivité nouvelle.
Ce n’est donc pas seulement à l’aune des phénomènes objectifs de la domination mais à l’échelle subjective de l’aliénation que Fanon, que ce soit en Martinique ou en Algérie, découvre et dévoile la colonie, toujours plus ou moins racialisée, et le passage de frontières qui est constitutif de la décolonisation des esprits comme des pays. C’est ce passage, qui éloigne tant des masques que de la damnation, qui sera étudié ici. Pour cela, chez Fanon, il faut s’éloigner d’une certaine Europe.
Ces séances sont corrélées au séminaire « Sujet, subjectivation, désubjectivation », placé sous la responsabilité de Martine Leibovici, du Centre de Sociologie des Pratiques et des Représentations Politiques (CSPRP) de l’Université Paris 7.
Intervenants :
- Jeudi 3 mars : Seloua Luste Boulbina
- Jeudi 10 mars : Matthieu Renault (Université Paris 7)
- Jeudi 17 mars : Seloua Luste Boulbina
- Jeudi 24 mars : Sonia Dayan-Hezbrun (Université Paris 7)
- Jeudi 31 mars : Seloua Luste Boulbina
Roberto NIGRO
L’exception et la règle dans les arts de gouverner modernes.
Coups d’État et révolutions
18h30-20h30L’exception et la règle dans les arts de gouverner modernes.
Coups d’État et révolutions
Salle 1, Centre Parisien d’Études Critiques, 37 bis rue du Sentier, 75002 Paris
Jeu 9 juin, Mar 14 juin, Jeu 16 juin, Jeu 23 juin, Jeu 30 juin
Séminaire organisé en collaboration avec l’EHESS et la ZHDK (Université des arts de Zurich), Suisse, et avec le soutien du Centre Parisien d’Études Critiques.
Le coup d’État désigne aujourd’hui une entreprise violente par laquelle un individu ou un groupe s’empare du pouvoir ou encore une mesure par laquelle un gouvernement change, violemment et dans l’irrespect des lois, une constitution. Au XVIIe siècle, on appelait coup d’État une action décisive faite pour le bien de l’État et du prince ; un coup d’État était une opération extraordinaire et salutaire auquel un gouvernement avait recours lorsque les circonstances l’exigeaient. Acte de violence transgressant les lois, le coup d’État n’était pas pour autant en rupture avec la raison d’État. Il s’agissait au contraire d’une forme particulière d’art de gouverner, pratiquée lorsque la raison d’État ne pouvait plus se servir des lois. Un coup d’État éclatait lorsqu’un événement grave et pressant nécessitait qu’on s’affranchisse des lois au nom du salut de l’État.
Avec les révolutions de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, le coup d’État acquiert une signification nouvelle : il devient une action politique subversive, initiée à l’extérieur du lieu d’autorité légitime. Ainsi redéfini, un coup d’État change la personne des gouvernants sans nécessairement modifier l’identité politique de l’État. La pensée moderne rend le coup d’État classique obsolète tout en le couvrant d’une étiquette d’illégitimité. Faut-il cependant croire que celui-ci ait complètement disparu de l’horizon de pensée et de la pratique politique moderne ? Ne pourrions-nous pas voir en lui un pouvoir constituant agissant de l’intérieur même de la pratique gouvernementale pour la tirer au-delà de ses propres limites ?
Si tel est le cas, y aurait-il lieu de repenser le concept et la pratique moderne de la révolution à la lumière d’une généalogie du concept politique de coup d’État ? Peut-on interpréter le fonctionnement normal et régulier du pouvoir comme résidant dans l’exception ? Quel rôle joue la décision (notion-clé dans la pratique du coup d’État) dans les mécanismes de transformation politique ?
Avec les révolutions de la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, le coup d’État acquiert une signification nouvelle : il devient une action politique subversive, initiée à l’extérieur du lieu d’autorité légitime. Ainsi redéfini, un coup d’État change la personne des gouvernants sans nécessairement modifier l’identité politique de l’État. La pensée moderne rend le coup d’État classique obsolète tout en le couvrant d’une étiquette d’illégitimité. Faut-il cependant croire que celui-ci ait complètement disparu de l’horizon de pensée et de la pratique politique moderne ? Ne pourrions-nous pas voir en lui un pouvoir constituant agissant de l’intérieur même de la pratique gouvernementale pour la tirer au-delà de ses propres limites ?
Si tel est le cas, y aurait-il lieu de repenser le concept et la pratique moderne de la révolution à la lumière d’une généalogie du concept politique de coup d’État ? Peut-on interpréter le fonctionnement normal et régulier du pouvoir comme résidant dans l’exception ? Quel rôle joue la décision (notion-clé dans la pratique du coup d’État) dans les mécanismes de transformation politique ?
Raphaëlle NOLLEZ-GOLDBACH et Julie SAADA
La justice pénale internationale.
La justice pénale internationale.
Perspectives juridiques et philosophiques
16h30-19h30Amphi 50, Université Paris Diderot-Paris 7,
Dalle les Olympiades, Immeuble Montréal, 105 rue de Tolbiac, 75013 Paris
Mer 6 avr, Mer 27 avr, Mer 4 mai, Mer 11 mai
Séminaire organisé en collaboration avec le CSPRP (EA 2376, Université Paris 7, master de philosophie
et sociologie politique), NoSoPhi/Philosophies contemporaines, (EA 3562, Université Paris 1) et
Triangle (UMR 5206, ENS LSH).
Ce séminaire portera sur le rôle de la justice pénale et les transformations qu’elle opère dans les relations internationales et dans les transitions politiques, en particulier lors des sorties de guerre. Dans ces contextes, l’une des principales questions est de savoir que faire des structures politiques, des victimes et des criminels du régime passé. Le recours à justice pénale suscite nombre d’attentes : celle-ci doit non seulement juger les criminels, définir des mesures de réparations, mais elle devrait aussi réconcilier les parties, contribuer à une refondation du lien social et des institutions propres à un État de droit, enfin, avoir un rôle de dissuasion et de prévention. Le développement relativement récent de la justice pénale internationale, sous ses multiples formes, doit cependant être interrogé du point de vue de ses présupposés : quels sont les fondements philosophiques de la justice pénale internationale ? Dans quelle mesure cette dimension pénale suppose-t-elle une communauté internationale à laquelle le criminel aurait porté atteinte, alors que, dans les faits, cette communauté n’existe pas ? Quelle ontologie sociale pour penser la responsabilité morale et la responsabilité pénale au plan international ? Le recours au concept d’humanité permet-il de penser le caractère universel de cette justice ? Quel est le sens et la mesure de la peine pour un « crime de masse », un crime contre l’humanité, un génocide ? La justice pénale internationale doit aussi être pensée à partir de son effectivité : est-elle une justice de vainqueurs ? Quelle est sa réception parmi les populations concernées par les crimes ? Les amnisties n’expriment-elles pas le paradoxe d’un droit qui suspend sa propre effectivité ? Les impunités ne signalent-elles pas l’impuissance ou la politisation de cette justice ? Articulant les approches descriptives et normatives, ce séminaire fera dialoguer des juristes, des philosophes et des politologues.
Intervenants:(la liste sera communiquée ultérieurement sur le site du Collège : www.ciph.org)
Gabriel ROCKHILL
Penser l’histoire/Thinking Through History
Penser l’histoire/Thinking Through History
17h30-20h
Villanova University, 800 Lancaster Avenue, Villanova, PA 19085 (États-Unis)
Mar 1 fév, Mar 8 fév, Mar 15 fév, Mar 22 fév, Mar 8 mars, Mar 15 mars,
Mar 22 mars, Mar 29 mars, Mar 5 avr, Mar 12 avr, Mar 19 avr
(s’adresser à l’accueil pour la salle),
Séminaire organisé en collaboration avec Villanova University (États-Unis).
Villanova University, 800 Lancaster Avenue, Villanova, PA 19085 (États-Unis)
Mar 1 fév, Mar 8 fév, Mar 15 fév, Mar 22 fév, Mar 8 mars, Mar 15 mars,
Mar 22 mars, Mar 29 mars, Mar 5 avr, Mar 12 avr, Mar 19 avr
(s’adresser à l’accueil pour la salle),
Séminaire organisé en collaboration avec Villanova University (États-Unis).
Ce séminaire examine la transformation historique du rapport entre la philosophie et l’histoire. Nous commencerons par nous intéresser aux pratiques philosophiques européennes avant l’historicisation massive de la philosophie vers la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Nous nous pencherons ensuite sur les changements fondamentaux de la pratique philosophique qui ont eu lieu au cours de cette transformation.
Ces changements, comme nous le verrons, étaient liés à une nouvelle conception du temps historique comme un processus linéaire de développement où le passé s’est autonomisé et l’avenir s’est transformé en champ ouvert de possibilités. C’est dans ce nouveau régime de temporalité que les projets utopiques du XIXe siècle se sont développés, qu’ils soient philosophiques, esthétiques ou politiques.
Nous nous y intéresserons tout particulièrement en suivant l’évolution de quelques-uns de ces projets à l’époque contemporaine afin de réfléchir sur les catégories historiques utilisées pour essayer d’encadrer notre ère : la fin de l’histoire, l’épuisement des forces utopiques, la fin des illusions, l’âge des crises, etc.
Ces changements, comme nous le verrons, étaient liés à une nouvelle conception du temps historique comme un processus linéaire de développement où le passé s’est autonomisé et l’avenir s’est transformé en champ ouvert de possibilités. C’est dans ce nouveau régime de temporalité que les projets utopiques du XIXe siècle se sont développés, qu’ils soient philosophiques, esthétiques ou politiques.
Nous nous y intéresserons tout particulièrement en suivant l’évolution de quelques-uns de ces projets à l’époque contemporaine afin de réfléchir sur les catégories historiques utilisées pour essayer d’encadrer notre ère : la fin de l’histoire, l’épuisement des forces utopiques, la fin des illusions, l’âge des crises, etc.
Diogo SARDINHA
Devenir mineur:
Devenir mineur:
le renversement de l’appel kantien
18h30-20h30Salle JA01, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mer 2 fév, Mer 9 fév, Mer 2 mars, Mer 9 mars, Mer 16 mars, Mer 23 mars,
Mer 30 mars, Mer 6 avr
Séminaire organisé en collaboration avec NoSoPhi - Normes, sociétés, philosophies (Université Paris 1).
Si la libération est la sortie d’un état d’oppression, l’émancipation est la sortie d’un état de minorité. De ce point de vue, la liberté et l’émancipation se distinguent, comme le montre Kant lorsqu’il écrit que pour parvenir à la seconde, rien d’autre n’est requis que la première. On pourrait croire ainsi que la condition de possibilité de l’émancipation ne se confond pas avec l’émancipation elle-même.
Or, une partie de la modernité s’est attachée à compliquer le rapport entre ces termes, et on pourrait même dire que le XXe siècle français y a joué un rôle original. On le remarque à la lecture de Sartre et de son livre sur Baudelaire : en prétendant rester dans l’enfance, le poète aurait préféré se placer sous la tutelle des autres, prétend Sartre. Pourtant, contre l’idée d’un mineur qui ne serait pas libre, Bataille rétorque que l’enfant seul est libre, dans la mesure où il n’instaure pas les obligations auxquelles il devra se plier par la suite. Cette tension se prolonge jusque dans les travaux de Foucault et de Deleuze. Le premier reprend Baudelaire par une voie éthique qui lui permet de prendre ses distances par rapport à Sartre et à Bataille. À son tour, Deleuze, seul ou avec Guattari, pousse encore plus loin la puissance de la minorité. En faisant cela, il renverse, peut-être de manière définitive, l’appel kantien à devenir majeur.
C’est donc au croisement de la philosophie et de la littérature qu’on fera l’histoire de ce renversement.
À l’horizon de ce travail reste la question non pas du rôle de l’homme dans l’histoire, mais celle du rôle de chacun d’entre nous dans la vie avec soi-même et avec les autres.
Or, une partie de la modernité s’est attachée à compliquer le rapport entre ces termes, et on pourrait même dire que le XXe siècle français y a joué un rôle original. On le remarque à la lecture de Sartre et de son livre sur Baudelaire : en prétendant rester dans l’enfance, le poète aurait préféré se placer sous la tutelle des autres, prétend Sartre. Pourtant, contre l’idée d’un mineur qui ne serait pas libre, Bataille rétorque que l’enfant seul est libre, dans la mesure où il n’instaure pas les obligations auxquelles il devra se plier par la suite. Cette tension se prolonge jusque dans les travaux de Foucault et de Deleuze. Le premier reprend Baudelaire par une voie éthique qui lui permet de prendre ses distances par rapport à Sartre et à Bataille. À son tour, Deleuze, seul ou avec Guattari, pousse encore plus loin la puissance de la minorité. En faisant cela, il renverse, peut-être de manière définitive, l’appel kantien à devenir majeur.
C’est donc au croisement de la philosophie et de la littérature qu’on fera l’histoire de ce renversement.
À l’horizon de ce travail reste la question non pas du rôle de l’homme dans l’histoire, mais celle du rôle de chacun d’entre nous dans la vie avec soi-même et avec les autres.
Références:
Salle JA01, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 1 fév, Mar 8 fév, Mar 1 mars, Mar 8 mars
- Kant: Réponse à la question: qu’est-ce que les Lumières?
- Baudelaire: Le Peintre de la vie moderne, Mon coeur mis à nu, Fusées, Hygiène
- Sartre: Baudelaire
- Bataille: «Baudelaire», dans La Littérature et le mal
- Foucault: «Qu’est-ce que les Lumières», dans Dits et écrits, n° 339
- Deleuze : Mille plateaux (avec Guattari), Critique et clinique
Nadia TAZI
Politiques de la virilité ordinaire en Islam (IV)
18h30-20h30Politiques de la virilité ordinaire en Islam (IV)
Salle JA01, Carré des Sciences, 1 rue Descartes, 75005 Paris
Mar 1 fév, Mar 8 fév, Mar 1 mars, Mar 8 mars
On abordera cette année les attributs et les tribulations de la virilité ordinaire dans sa confrontation à la modernité. Son espace n’est autre que la rue (la fameuse « rue arabe ») son expression politique le populisme, avec des poussées fascistoïdes. Putative à son tour, réputée être ce qu’elle n’est pas au regard de l’idéalité masculine (ghazalienne), elle trompe également la représentation emphatique ou spectaculaire qu’elle donne d’elle-même. Statutaire, elle s’arc-boute d’autant plus sur ses droits patriarcaux qu’elle se mesure désormais à une hétérosocialité publique. Identitaire, elle se fond dans l’élément insaisissable et grégaire de la banalité : faute d’affirmer une axiologie en propre, elle semble à la fois conforme et informe.
C’est qu’il s’agit surtout d’une virilité par défaut, qui, pour exister et se voir reconnue, s’adosse à son autorité sur les femmes, au lieu de poursuivre la souveraineté à l’image des modèles aristocratiques ou conquérants, ou de s’attacher à l’estime de soi comme le veut l’éthique classique. On examinera les répercussions de ce basculement, et notamment l’évolution de la notion d’honneur. Plus généralement, on s’attachera aux antinomies qui traversent cet homme désappointé dans ses rapports à « l’Occident » et au pouvoir, noeud complexe de fascination et de répulsion qui trouble et disjoint encore. Cette incursion vise surtoutà introduire la réaction islamiste qui s’ensuivra.
C’est qu’il s’agit surtout d’une virilité par défaut, qui, pour exister et se voir reconnue, s’adosse à son autorité sur les femmes, au lieu de poursuivre la souveraineté à l’image des modèles aristocratiques ou conquérants, ou de s’attacher à l’estime de soi comme le veut l’éthique classique. On examinera les répercussions de ce basculement, et notamment l’évolution de la notion d’honneur. Plus généralement, on s’attachera aux antinomies qui traversent cet homme désappointé dans ses rapports à « l’Occident » et au pouvoir, noeud complexe de fascination et de répulsion qui trouble et disjoint encore. Cette incursion vise surtoutà introduire la réaction islamiste qui s’ensuivra.