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2 nov. 2011

B. Hibou "Anatomie politique de la domination", La Découverte, 2011

Information transmise par A.-S. Chambost:
Béatrice Hibou
Anatomie politique de la domination 

Paris, La Découverte (Hors collection Sciences Humaines), avr. 2011, 300 p., ISBN:9782707167668, 24€
Présentation éditeur
Qu'est-ce que la domination ? Comment s'exerce-t-elle ? Par quels mécanismes se reproduit-elle ? Quels sont les critères et les pratiques qui permettent aux pouvoirs de se légitimer ? De quelles manières y participons-nous ?...
En relisant Marx, Weber, Gramsci et, plus près de nous, Bourdieu ou Foucault, Béatrice Hibou s'affronte à son tour à l'une des questions centrales de la théorie politique et sociale, celle de l'exercice de la domination d'État. Dans cet ouvrage, l'auteure renouvelle cette problématique avec une approche alliant comparatisme, analyse du quotidien et économie politique.
Elle met en évidence les dispositions, les compréhensions et les pratiques qui rendent la domination concevable, supportable, voire acceptable ou rassurante. Celle-ci apparaît d'autant plus insidieuse et indolore qu'elle renvoie souvent à la question du désir d'État.
Pour mener à bien cette démonstration, Béatrice Hibou s'appuie sur une analyse de situations autoritaires ou totalitaires - en particulier sur la reprise des cas paradigmatiques du fascisme, du national-socialisme et du socialisme soviétique - qui nous permet aussi de saisir ce qu'est la domination dans le cadre démocratique contemporain. Ce faisant, elle nous fournit les instruments nécessaires à l'élaboration d'une critique renouvelée des dérives du politique dans la cité contemporaine.

Auteur
Béatrice Hibou est directrice de recherches au CNRS (rattachée au Centre d’études et de recherches internationales ? Sciences Po). Ses recherches sont consacrées à l’économie politique des réformes et de la domination en Afrique subsaharienne, au Maghreb et en Europe du Sud. Elle est l’auteur de plusieurs livres dont, à La Découverte, La Force de l’obéissance. Économie politique de la répression en Tunisie (2006), paru en anglais chez Polity Press.

Sommaire
Remerciements
Introduction

I / Les processus de légitimation de la domination autoritaire. Disposition à obéir et constellation d'intérêts 

1. Désir de normalité, processus normatifs et pouvoir de normalisation 

  • Vivre « normalement » 
  • Légitimités clientélistes
  • Économie du don et exercice légitime de la domination
  • La lutte contre le déviant : l’exemple de l’anticorruption 
2. Le croire et le faire croire, ou les ressorts subjectifs de la légitimité 

  • Normalisation, persuasion et langage du politique 
  • Langage politique et interprétation de la vie en société 
  • La force du formalisme 
  • La vie quotidienne des énoncés idéologiques 
  • Normalité imaginée, normalité ressentie
3. Désir d’État et dispositifs de contrôle

  • Demandes de protection et culture politique du danger : le cas tunisien
  • Demande d’ordre, de sécurité et de stabilité
  • Déclinaisons de la stabilité : le salazarisme dans tous ses états
  • Sollicitude de l’État et demande de justice
  • Demande d’État et construction nationale
  • Désir d’État et violence d’État
  • Des articulations différenciées de la violence et de l’exercice de la domination
  • La construction coercitive du consensus économique : le cas d’école tunisien 
  • La violence du consensus
  • La violence de l’État de droit et des jeux asymétriques autour des règles 
  • État de droit et état d’exception : la violence d’État au service de l’efficacité
4. Modernité et technocratisation

  • Désir d’État comme désir de modernisation
  • Légitimité technocratique et « production sociale de l’indifférence morale » 
  • Variations sur les ambiguïtés de la légitimité par le savoir
  • La technocratie, ou la victoire de la rénovation politique
  • L’expertise en développement comme « machine antipolitique » 
  • L’expertise en développement : un redéploiement négocié du contrôle et de la domination 
II / Les « complications » de la domination. Une critique des problématiques del'intentionnalité 

5. Ni « collaborateurs » ni « opposants » : des acteurs économiques pris dans des logiques d’actions diverses et dans des enchaînements aléatoires

  • Une histoire sur-politisée, 1 : la « participation » des grands entrepreneurs à l’économie politique nazie
  • Une histoire sur-politisée, 2 : les entrepreneurs tunisiens entre « résistance » et « soutien sans faille » 
  • L’indéfinition du politique et de l’économique, ou les « effets aveugles » des micro-décisions 
  • L’ambivalence du monde du travail 
6. Ni « achat » ni « compensation »: des configurations imprévues 

  • Comment Hitler n’a pu acheter les Allemands 
  • L’illusion du volontarisme de l’État développementaliste 
  • L’impossible calcul machiavélique de « dépolitisation » en Tunisie 
  • Le complexe café-cacao, ou les méandres du contrat social ivoirien 
7. Pas de contrôle absolu, mais des convergences et des opportunités circonstancielles 

  • Convergence d’intérêts entre acteurs nationaux et acteurs internationaux : l’exemple du contrôle des zones touristiques 
  • Indétermination des dispositifs économiques et exercice de la domination 
  • Improvisations et interprétations économiques : l’inventivité et la liberté au service de la domination 
  • Le rôle imprévu mais fonctionnel des conflits 
8. Ni expression de tolérance ni instrument de répression : le laisser-faire économique comme mode improvisé de domination

  • Leçons des travaux africanistes sur « l’économie informelle » 
  • Interdépendances des acteurs aux logiques multiples et autonomes 
  • Saisir localement et conjoncturellement des opportunités
9. Interpréter les relations de domination : la plasticité de l’exercice autoritaire du pouvoir

  • Leçons de l’analyse du travail par l’école de l’Alltagsgeschichte
  • L’impossible monopole sur la signification politique des actions publiques 
  • Pluralité de sens, d’appréhensions et de représentations : les contours de la domination 
Conclusion.