Louis Assier-Andrieu
L'autorité du passé
Essai anthropologique sur la common law
Paris, Dalloz (Les sens du droit/Essai), nov. 2011, 272 p., ISBN:978-2-247-11404-7, 20€
Présentation éditeur
Pourquoi le passé exerce-t-il sur nous cette influence qui nous invite à suivre son exemple ?
Ce livre se penche sur le rapport particulier qu'ont certaines cultures avec l'histoire, un rapport qui les incite à suivre la tradition plutôt qu'à rompre avec elle. Parmi celles-ci la culture anglo-saxonne est en Occident la seule qui revendique hautement son caractère plus que millénaire et cette longévité assumée prend corps dans cette concrétisation spécifique de la culture qu'est le droit.
La conception médiévale faisait du passé la source de toute légitimité dans le monde clos de la Chrétienté. Avec la Renaissance commence un processus d'ouverture au monde que la tradition accompagne pour perdurer dans un élan qui ne s'est jamais arrêté. La découverte de l'Amérique et la nécessité d'en gérer les Indiens ont suscité un ordre de controverses où la « civilisation » s'adresse aux « nations » et aux « tribus » pour les reconnaître et pour les subordonner selon des processus dessinés par de grands juges comme Coke et Marshall.
À l'opposé d'une culture juridique française qui, comme on l'évoque, semble réprouver le passé, la culture anglo-saxonne le magnifie. Elle doit à son enracinement dans le temps son pouvoir de conquête. A l'heure où la mondialisation met aux prises les grands systèmes juridiques de la planète, le régime anglo-saxon de Common Law est en train d'acquérir une prépondérance qui intrigue et inquiète les observateurs. La perspective anthropologique permet de saisir son histoire et son «esprit» d'un seul élan, comme une introduction à cet univers qui s'adresserait à sa dimension la plus forte, celle d'une loyauté sans cesse renouvelée envers le passé.
Auteur
Louis Assier-Andrieu est directeur de recherche au CNRS (CEE, Sciences Po) et professeur à l'École de droit de Sciences Po, Paris.