Université de Nice Sophia-Antipolis
Soutenance d'habilitation à diriger des recherches en Philosophie
Emmanuel Barot
Le jeune Marcuse (1928-1937)
Esquisses d’une compréhension marxiste
Nice
vendredi 2 décembre 2011 (14h)
Présentation
Le dossier croise des travaux de philosophie politique, centrés sur les traditions marxistes et l'œuvre de J.P. Sartre, et de philosophie des sciences, lesquels articulent un programme d’épistémologie comparée (construction différenciée des objectivités en sciences formelles et en sciences sociales-humaines) et des enquêtes sur les rapports multiples que peuvent entretenir dialectique(s) et régimes dominants de scientificité. Le mémoire inédit qui l'accompagne, dont je joins le résumé ci-dessous, s'intitule Le jeune Marcuse (1928-1937). Esquisses d'une compréhension marxiste, et s'efforce notamment d'affiner les liens entre ces deux groupes d'études.
Jury
- Franck FISCHBACH (garant, Professeur, Université de Nice)
- Jean Yves BOURSIER (Professeur, Université de Nice)
- Jean Jacques SZCZECINIARZ (Professeur, Université de Paris Diderot)
- Eric DUFOUR, (Professeur, Université de Grenoble, rapporteur)
- Pierre CASSOU-NOGUES, (Professeur, Université Paris Saint Denis, rapporteur)
- Juliette SIMONT (FNRS, Université libre de Bruxelles).
Emmanuel Barot
Le jeune Marcuse (1928-1937)
Esquisses d’une compréhension marxiste
Résumé:
On peut faire débuter l’œuvre d’Herbert Marcuse (1898-1979), philosophe allemand exilé aux Etats-Unis à partir de 1934, avec son article de 1928 Contributions pour une phénoménologie du matérialisme historique, et distinguer ensuite trois grandes périodes dans ce demi-siècle de travail et d’engagement.
La première s’arrête autour des débuts de la seconde guerre mondiale : c’est celle des années de «jeunesse», qui s’accomplit sous un premier sceau heideggeriano-marxiste, puis avec l’entrée dans la «théorie critique» francfortoise exilée au travers d’une matrice théorique qui s’impose finalement comme essentiellement hégéliano-marxiste. La seconde court jusqu’à 1968: Marcuse y déploie la théorie critique dans et face à un monde transversalement dominé par la répression, la «réification» et l’opacification de tout ce qui pourrait fournir les moyens, autant les agents «subjectifs» que les supports «objectifs», d’une véritable libération des hommes et de leurs sociétés. Mais alors que prédomine ici le versant diagnostique de la « stratégie dialectique » d’ensemble de la critique marxiste, 1968 relance à ses yeux la machine de la prospective révolutionnaire: début d’une troisième et dernière période où Marcuse renoue avec et réactualise ce qui n’a jamais cessé d’être son fil rouge, le réexamen exigée par l’histoire du XXème siècle du concept de révolution. Par là entendait-il explicitement participer au processus social et historique dont le concept est destiné, simultanément, à dire les conditions et à établir tous les attendus. Ce réexamen, et la détermination unitaire de ses implications politiques comme de ses réquisits épistémologiques, fut ainsi alimenté le temps passant par l’Autre de cette «révolution»: la «contre-révolution», en ses trois principaux visages historiques qu’elle avait pris ou possédait encore, ceux du fascisme, du Spätkapitalismus et du stalinisme, auxquels Marcuse consacra au long cours une enquête comparative des plus aiguisées.
Sur la base de ce fil conducteur, le présent travail étudie la première période, celles des «années de jeunesse» de Marcuse, premier volume d’une monographie d’ensemble dont le second est consacré aux deux autres périodes.
Lieu
Université de Nice Sophia-Antipolis (UFR Lettres Sciences Humaines et Sociales, 98 Bd Ed. Herriot, 06000 Nice, Ecole Doctorale, Salle de Conférences de la Bibliothèque Universitaire)