Chercher in Nomôdos

22 nov. 2012

Univ. Lausanne, colloq internat. "Les judaïsmes dans tous leurs états aux Ier-IIIe s. (les Judéens des synagogues, les Chrétiens et les rabbins)", Lausanne, 12-14 déc 2012

Information transmise par A. Gonzales:
Université de Lausanne
Colloque international

Les judaïsmes dans tous leurs états 
aux Ier-IIIe siècles
(les Judéens des synagogues, les Chrétiens et les rabbins)

The Panoply of Judaisms in the 1st-3rd Centruries
(Christians, Rabbis and Synagogues)

Lausanne
12-14 décembre 2012 
Organisé par 
Claire CLIVAZ (Université de Lausanne – IRSB) – Simon Claude MIMOUNI (Ecole Pratique des Hautes Etudes – CNRS) – Bernard POUDERON (Université de Tours – IUF) 

En collaboration avec
  • FEJUNIL 
En collaboration avec

  • Centre national de la Recherche scientifique (CNRS)
  • École pratique des Hautes études (EPHE)
  • Fondation des études juives-Université de Lausanne (FEJUNIL)
  • Fondation nationale suisse de la science/Swiss National Science Foundation (FNS/SNF) Institut romand des sciences bibliques (IRSB)
  • Institut universitaire de France (IUF)
  • Université de Lausanne
  • Université de Tours 

Avec la participation de / With : 
Marie-Françoise Baslez, Ra’anan Boustan, Bogdan Bucur, Claire Clivaz, José Costa, Jörg Frey, Emmanuel Friedheim, David Hamidovic, Hervé Ingelbert, Daniel Marguerat, Simon Mimouni, Ron Naiweld, Etienne Nodet, Bernard Pouderon, Annette Yoshiko Reed, Benjamin Bertho, Simon Butticaz, Charlotte Touati. 

Argument 
Les recherches historiques sur le judaïsme des premiers siècles de notre ère subissent de nombreux changements de perspectives depuis près d’une décennie. 

Durant longtemps, on a pensé que si le judaïsme est divers avant 70, la destruction du temple de Jérusalem en 70 a entraîné une rapide simplification du paysage, provoquant le déclin voire la disparition des sadducéens, des esséniens et des zélotes et favorisant l’ascension du mouvement des pharisiens ou des rabbins. 

Ce scénario est devenu de plus en plus problématique et il a été remis en cause par un certain nombre de chercheurs. Ce qu’il faut surtout retenir c’est que le judaïsme d’après 70, qui ne se réduit pas au seul mouvement rabbinique, est constitué de plusieurs variétés, mouvances majoritaires ou marginales, au point qu’on peut parler de « judaïsmes » (au pluriel) pour cette époque. Les bouleversements des recherches actuelles imposent des changements de perspectives pour toutes les formes du judaïsme : celles des mouvements rabbiniques ou des mouvements chrétiens, mais aussi pour les Judéens synagogaux. 

C’est en fonction de ces changements de perspectives que les organisateurs de ce colloque de caractère international se proposent de revenir sur toutes les formes de judaïsmes d’après 70, afin de faire un bilan d’étape dans une recherche performante dont les résultats sont de plus en plus abondants et évolutifs. 

Pour ce faire, ils ont envisagé de considérer ensemble les trois formes de judaïsmes du Ier au IIIe siècle, une période fondatrice à tout point de vue (y compris identitaire) : celles des Judéens synagogaux, des mouvements chrétiens et des mouvements rabbiniques. Puis, ils ont défini une problématique considérant non pas les origines de ces trois ensembles, qui s’ancrent de toute façon dans le judaïsme d’avant 70, mais leur développement et leur coexistence aux IIe et IIIe siècles dans l’empire romain à partir de leurs documentations respectives (« sacrées » ou « mystiques ») et de leurs caractéristiques culturelles par rapport à un environnement gréco- romain. 

Presentation 
Historical research of Judaism in the first centuries of the common era has been undergoing numerous changes in perspective for almost the past decade. 

For many years, it was thought that while Judaism may have been varied up to 70 CE, after the destruction of the Temple the picture quickly became more unified, with the decline and even the disappearance of the Sadducees, the Essenes and the Zealots and the rise of the Pharisee and rabbinic movements. This picture has been increasingly questioned by a certain number of scholars. 

What is especially important to see is that after 70 CE Judaism cannot be reduced to the rabbinic movement alone but is made up of several strands, whether mainstream or fringe, in such a way that it makes it possible to speak of Judaisms for this period. The profound change that research is currently undergoing demands a shift in thinking about all forms of Judaism, not just the rabbinic or Christian movements but also synagogue Judaism. 

For several centuries, both the Christians and the Rabbis ‘attempted’ to achieve a Utopian unity, as improbable as it is impossible, by defining their boundaries in terms of notions such as heresy and canon. In so doing, they each diminished the influence of synagogue Judaism and in places smoothed it over to the point of apparently effacing it forever. 

It is in the light of these changes in perspective that the organisers of this colloquium would like to reconsider all the forms of Judaism after 70CE, with the aim of taking stock of the increasingly numerous shifts occurring in this area of high-level research. 


12 décembre
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Après-midi
15h00-15h15

  • IntroductionClaire Clivaz (Université de Lausanne) Simon C. Mimouni (École pratique des hautes études) Bernard Pouderon (Université de Tours)
Sous la présidence de Frédéric Amsler (Université de Lausanne)

15h15-16h15

  • Marie-Françoise Baslez (Université de Paris IV-Sorbonne), La synagogue et la cité: pour une approche phénoménologique du «judaïsme synagogal» en pays grec (IIesiècle avant notre ère-IIIesiècle de notre ère)

«Judaïsme synagogal» est une expression qui, aujourd‟hui, semble d‟abord s‟appliquer à une période chronologique, pour rendre compte d‟une phase antérieure à la mise en place du judaïsme rabbinique. Mais on peut en tenter une définition structurelle à partir d‟une étude phénoménologique des communautés juives antiques qui en fournissent le support documentaire. Inscriptions, sources littéraires et archéologiques sont aujourd‟hui commodément rassemblées, mais les historiens de la synagogue antique l‟abordent souvent comme un phénomène transitoire en utilisant comme référence le modèle du Temple tout en reconstituant son fonctionnement à partir des textes rabbiniques (Arieh Kasher, 1995). Comme le « judaïsme synagogal » est caractérisé aussi par son hellénisation, mon propos est de l‟aborder à travers les interactions des synagogues avec leur environnement grec, c‟est-à-dire la cité. Pour la diaspora hellénophone, un grand nombre d‟inscriptions est utilisable – qu‟elles aient été conservées par Flavius Josèphe ou retrouvées sur pierre – qui nous permet de saisir non pas seulement l‟insertion de la communauté « à l‟intérieur » de la cité à travers l‟histoire des réseaux (TessaRajak, 1999 et 2003), mais tout à la fois une self-identification et une certaine perception dujudaïsme par les pouvoirs publics, qui en détermine le fonctionnement. On envisagera successivement l‟inscription territoriale de la synagogue, comme lieu de réunion, lieu de prière ou lieu saint, puis l‟élaboration de formes de plus en plus spécifiques d‟organisation associative, qui résultent – par l‟immersion puis par la différenciation de son imbrication dans la structure communautaire de la cité. Cela permet, dans un troisième temps, d‟aborder à travers une étude lexicale le déploiement du « judaïsme synagogal » entre espace public et lieu saint.

16h15-17h15

  • Étienne Nodet (École biblique et archéologique française de Jérusalem), Flavius Josèphe et la «reconstruction» du judaïsme entre 70 et 100

Flavius Josèphe s‟est voulu restaurateur du judaïsme depuis Rome, mais apparemment sans succès. On esquissera quelques points : (1) les Antiquités ont été conçues comme un manuel à l‟usage des Juifs du monde romain, (a) la Vie, qui en a été à l‟origine un appendice justifiant cette prétention, ne raconte que d‟obscurs détails locaux sans intérêt pour les Grecs, alors que la Galilée juive du temps a été de première importance (de part et d‟autre du lac), (b) la fiction littéraire de s‟adresser aux Grecs est la même que celle de la Lettre d’Aristée, (c) il paraphrase en grec et prolonge la Bible hébraïque (avec une certaine crainte de violer un tabou) car il n‟y a pas de Bible grecque dans les bibliothèques publiques ; (2) culte, enseignement : (a) il s‟est voulu pharisien, ie rattaché au parti le plus populaire depuis l‟État asmonéen (héritier d‟Esdras et Néhémie), mais pratique surtout l‟Écriture, (b) « Dieu est parti en Italie » et il a voulu instituer la Pâque à Rome, d‟où conflit avec ceux de Judée et il a bricolé le calendrier (babylonien + julien), (c) il affirme qu‟un certain culte s‟est rétabli à Jérusalem, avec des prêtres, il s‟inspire vaguement de Philon, qui distingue la métropole (Jérusalem) de la patrie (Alexandrie ou ailleurs). Plusieurs remarques : (1) La tradition rabbinique est issue d‟un croisement de pharisiens laïcs (attaches babylonienne, Hillel, Galilée) et d‟esséniens peu soucieux du temple (haberim, prosélytes), sa référence est le temple d‟avant Hérode : après 70, courants divers, controverses, poussées zélotes... (2) L‟école dominante (R. Aqiba) a entièrement rejeté Josèphe, en particulier à cause du grec. (3) Josèphe n‟a connu le christianisme (avec mélange Juifs-Grecs) qu‟à Rome après 75.

17h15-18h15

  • Emmanuel Friedheim (Université Bar Ilan, Israël), Sur la thèse de la paganisation des Judéens au temps de la Mishna et du Talmud: une nouvelle approche
Les historiens du judaïsme ancien pensaient précédemment qu‟aux premiers siècles de l‟ère commune, la menace religieuse, doctrinale et sociale, qui guettait le peuple juif était principalement celle du judéo- christianisme, lequel était considéré comme étant susceptible de miner le judaïsme en son sein même, puisqu‟il en était issu. On minimisait alors les autres dangers sociaux et religieux, pour finalement les reléguer aux marges de la société juive ou encore à un lointain passé depuis longtemps évanoui. Tel fut le cas du rapport de la recherche vis-à-vis de l‟idolâtrie/paganisme, dont l‟attrait sur les Judéens fut considéré comme – pour ainsi dire nul, car considéré comme en perte de vitesse et de vitalité tant au sein des Juifs que dans leur entourage non- juif. Or voilà, la recherche a récemment considérablement évolué en modifiant plusieurs paradigmes. Ainsi par exemple, s‟étant rendu compte que les cultes païens étaient vigoureux, voire même en pleine recrudescence pour nombre d‟entre eux, notamment pour le cas des cultes orientaux, ceci précisément aux IIIe-IVe siècles ! On affirme aujourd‟hui que le paganisme perdura en terre d‟Israël et dans ses environs jusqu‟au VIe siècle, soit plusieurs siècles après le concile de Nicée, et qu‟une (re)lecture des textes rabbiniques permet de dévoiler un autre péril, celui du paganisme à l‟encontre des Juifs. Les textes, en effet, font état de Juifs à comportement polythéiste, prouvant que ce phénomène extrinsèque au judaïsme fut en réalité tout aussi menaçant qu‟une intimidation intrinsèque telle que le judéo-christianisme, et peut-être même davantage! Pouvons-nous néanmoins réellement défendre la thèse de la paganisation des Judéens et ceci dans quelle proportion ? C‟est là une des interrogations essentielles à laquelle on tentera de répondre lors de notre intervention.

Sous la présidence de Jacques Ehrenfreund (Université de Lausanne)
Conférence d’introduction grand public à 18h30
(en collaboration avec la FEJ-UNIL)

  • Simon C. Mimouni (École pratique des hautes études), Histoire du judaïsme et du christianisme antiques Remarques épistémologiques et méthodologiques

Dans ces remarques épistémologiques et méthodologiques sur les problèmes que posent les études historiques du judaïsme et du christianisme antiques on se penche notamment sur les phénomènes de continuité et de discontinuité dont les incidences peuvent être « redoutables » dans les élaborations idéologiques contemporaines. On parle aussi des rapports entre judaïsme et christianisme à l‟époque où ce dernier n‟est qu‟un mouvement parmi d‟autres dans le cadre du premier, et des questions de légitimités qui ont débouché sur des conflits engendrant la distinction ou la séparation et la mise en place progressive de deux religions. On donne enfin de succincts éléments d‟analyse sur les Judéens en Palestine et en Diaspora qui permettent de comprendre les conceptions temporelles et spatiales sur lesquelles repose l‟idée même du « peuple judéen » dans l‟Antiquité et du « peuple juif » aux époques postérieures.

13 décembre
Matinée 9h00-10h00
  • Annette Y. Reed (University of Pennsylvania), Old Testament Pseudepigrapha and post-70 Judaism

This paper will consider whether and how materials from the so-called "OT pseudepigrapha" might be useful for reconstructing the religious landscape of post-70 Judaism. Traditionally, these and other Christian-transmitted parabiblical materials have been treated as valuable primarily as Jewish "background" for Christian Origins, and they have been presumed to reflect the diversity of Judaism prior to the destruction of the Second Temple and the rise of the Rabbis. In light of recent revisions to traditional scholarly narratives about the early rabbinic movement and late antique Judaism, on the one hand, and the Nachleben of "OT pseudepigrapha," on the other, I will revisit issues of dating and interpretation surrounding these texts.

10h00-11h00

  • David Hamidovic (Université de Lausanne), Le judaïsme synagogal à la lumière des inscriptions découvertes

Entre la période d‟Alexandre le Grand au IVe siècle avant notre ère et l‟époque de Muhạ mmad au VII e siècle de notre ère, on dénombre plus de 3 500 inscriptions qualifiées de « juives » dans les différentes publications
principes. Une majorité d‟inscriptions correspond à des épitaphes. Elles demeurent une source privilégiée pour l‟étude de la vie et de la pensée juives durant l‟Antiquité. 70 % de ces inscriptions sont en grec alors que les 30 % d‟inscriptions restantes sont en hébreu, en araméen ou en latin. Cette proportion en faveur de l‟écriture grecque témoigne de l‟influence de la culture hellénistique sur toute la période considérée, en Diaspora comme en Israël. Même des rabbins et leur famille font écrire les épitaphes en grec dans un haut-lieu du rabbinisme, à Beth She„arim en Galilée. Doit-on en déduire que l‟écriture voire la langue sont un critère pour fonder la reconnaissance d‟un courant juif ? La majorité des inscriptions en grec signifie-t-elle une plus large diffusion voire une prééminence du judaïsme dit synagogal ? Si l‟on suit l‟hypothèse récemment formulée de A. Edrei et D. Mendels (« A Split Jewish Diaspora: ItsDramaticConsequences », JSP 16 (2007), p.91-137 et 17 (2008), p.163-187) d‟une séparation progressive à partir du IIe siècle entre le judaïsme de la Diaspora occidentale hellénophone et le judaïsme oriental d‟expression araméenne, les inscriptions grecques dites « juives » devraient se raréfier dans la partie orientale de la Méditerranée. Il n‟en est rien, bien au contraire dans le monde byzantin. L‟écriture et la langue apparaissent comme des critères qui ne sont ni définitoires du judaïsme par rapport au christianisme ou aux paganismes durant l‟Antiquité tardive, ni d‟un courant juif par rapport à un autre. La question des critères pour reconnaître la « judaïté » d‟une inscription est alors posée si l‟on veut en faire une
source pour l‟étude du judaïsme et/ou d‟un courant juif en particulier. D‟un point de vue méthodologique, les inscriptions demeurent une source de première main si on combine, si on cumule différents critères ; ils deviennent alors un ensemble de critères indissociables les uns des autres fonctionnant comme un seul critère pour juger de la « judaïté » d‟une inscription et donc de son usage comme source dans le débat sur la caractérisation des courants juifs durant l‟Antiquité tardive.

11h30-12h30
Pause (11h00-11h30)

Sous la présidence d’Éric Junod (Université de Lausanne)

«Mouvements chrétiens»
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  • Daniel Marguerat (Université de Lausanne), Le judaïsme vu par l’auteur des Actes des apôtres

Si l‟on postule que l‟écriture des Actes des Apôtres date des années 80, l‟image du judaïsme qui s‟y déploie reflète vraisemblablement plus la situation contemporaine de l‟auteur que l‟époque historique dont il fait mémoire. Quel type de judaïsme peut-on reconstruire derrière ce récit ? Sur quoi, selon Luc, l‟auteur de ce texte, porte la crise ouverte avec le christianisme naissant ?

Après-midi 14h30-15h30
  • Simon Butticaz (Université de Lausanne), Les adversaires de Paul en Galatie: un dossier sorti du formol pour longtemps?

Est-il exagéré de qualifier forfaitairement la lettre aux Galates d‟écrit anti-juif, attendu la propension de Paul à y polémiquer contre les œuvres de la Loi et la circoncision ? Les opposants galates de l‟apôtre se font-il les chantres d‟un retour au judaïsme légaliste, comme le supposaient Luther et toute la vulgate protestante à sa suite ? Les travaux d‟Ed Parish Sanders sur le judaïsme palestinien du Ier siècle nous ont rendu attentifs à l‟image biaisée et réductrice que les biblistes appliquaient jusqu‟au seuil des années 1970 à l‟examen des lettres pauliniennes. Depuis en effet, il n‟est plus permis de relire l‟opposition de Paul aux « fauteurs de trouble » qui menacent les communautés de Galatie à la lumière de la dualité-phare en théologie luthérienne « Loi versus Evangile ». Ce paradigme classique mis en faillite, il est devenu urgent de rendre justice aux parentés comme aux écarts, aux continuités comme aux ruptures qui relient Paul à ses détracteurs : assistons-nous à une dispute intra-juive, typique des rivalités du second Temple, qui opposerait deux expressions messianiques du judaïsme ? Comment caractériser et évaluer l‟incidence sur l‟identité chrétienne (en devenir) de la critique paulinienne à l‟encontre de la piété juive et sur quoi s‟oriente-t-elle précisément ? Autant de points d‟interrogation qui guideront notre radiographie des adversaires de Paul en Galatie.

15h30-16h30

  • Jörg Frey (Université de Zürich), The Johannine Prologue and the References to the Creation of the World in the Second Century

The Prologue composed as a programmatic introduction to the Johannine story of Jesus at the beginning of the 2nd century, providing a tight link between the story of Jesus and the Biblical traditions of Wisdom, the revelation on Mount Sinai, and, in the beginning, the creation of the world. The paper will briefly describe the reference to the Scriptures in the Johannine Prologue and then investigate the reception of the Prologue in early Christian and Christian Gnostic writings of the 2nd century from the first traces of reception down to Irenaeus and Clemens with a particular focus on the reception of the creation motif. I will be demonstrated that the reference to the creation is a major theme within the development of the early Christian writings and an important motif of the reception of the Johannine Prologue. The interpretation of the creation through the lense of the Johannine Prologue and the application of the Prologue to focus on creation or on protological speculation is a helpful paradigm to describe developments within 2nd century Christianity in its ongoing debate with Jewish tradition.

Pause (16h30-17h00)

17h00-18h00

  • Bogdan Bucur (Duquesne University, Pittsburgh), Early Christian Exegesis of Biblical Theophanies and the Parting of the Ways

The scholarly discussion of the parting of ways between early Christianity and early Judaism must also take into consideration the exegetical, doctrinal, and liturgical complex that is derived from the special way in which early Christians such as Justin Martyr and Clement of Alexandria interpreted biblical theophanies. My paper will first enquire about the degree to which their approach is both part of an inherited tradition, with significant precursors in pre-Christian literature, and a novel approach, driven by specific polemical concerns, and involved in a specific type of identity-construction. I will then reflect on the impact that their exegesis of theophanies had on the religious discourse associated with the “transformational mysticism” Second Temple Jewish apocalypticism (e.g., the language of “angel,” “spirit,” “heaven,” “throne,” and “worship”), and on the relevance that the exegesis of biblical theophanies illustrated by Justin and Clement had for the institutional parting of ways between early Christianity and other forms of Judaism.

18h00-19h00

  • Benjamin Bertho (Université de Lausanne), Judaïsme, historiographie et apologétique chez Théophile dEntiche: dAbraham à Flavius Josèphe

L‟importance de l‟influence de la pensée juive sur les trois livres A Autolycus de Théophile d‟Antioche a été mise en lumière depuis longtemps, et a fait l‟objet d‟un certain intérêt depuis les travaux de R.M. Grant. Toutefois, les études d‟envergure à ce sujet font encore défaut, et la figure de Théophile d‟Antioche n‟a pour l‟instant jamais été étudiée en détail dans le cadre du Parting of the Ways, ce qui est d‟autant plus regrettable que l‟Ad Autolycum – le seul vestige de l‟œuvre de l‟évêque qui nous soit conservé se prête particulièrement bien à l‟insertion dans ce contexte. Je me propose donc de réinterpréter le travail de Théophile d‟Antioche à l‟aune de ses sources et de ses influences juives, multiples : qu‟il s‟agisse de sa mise en avant systématique des prophètes de l‟Ancien Testament (au détriment, par exemple, d‟un Jésus qui n‟est pas même cité une seule fois), de son travail exégétique dont on retrouve de très nombreux parallèles dans la littérature rabbinique de l‟époque, ou encore de ses références à Philon d‟Alexandrie et à Flavius Josèphe (dont le Contre Apion sert de base à la chronologie de l‟histoire humaine établie par Théophile), on se trouve, dans l‟Ad Autolycum, devant un travail apologétique qui peut convenir aussi bien au christianisme qu‟au judaïsme hellénistique. C‟est cet aspect de l‟œuvre de Théophile d‟Antioche que je souhaiterais mettre en avant, ainsi que l‟éclairage qu‟il apporte sur la forme et le caractère du (des ?) christianisme(s) à Antioche au IIe siècle, et sur les raisons de l‟apparition – puis de la disparition – de la forme particulière de christianisme professée par l‟évêque d‟Antioche dans l‟Ad Autolycum.

14 décembre
Matinée 9h00-10h00
  • Bernard Pouderon (Université de Tours), Les Pères à la recherche d’une identité chrétienne nouvelle
Les Pères, et plus généralement les écrivains chrétiens du second siècle, donnent une image très contrastée des relations unissant (ou discriminant) juifs et chrétiens. De prime abord, on peut distinguer trois courants. D‟une part, ceux qui posent comme a priori que chrétiens et juifs forment deux  distinct, honorant un même Dieu, partageant les mêmes Écritures et bénéficiant de la même tradition prophétique : c‟est le cas des apologistes athéniens Aristide et Athénagore. D‟autre part, ceux qui ont été formés au sein de courants chrétiens encore très proches du judaïsme, ou qui sont eux-mêmes issus du judaïsme, parmi lesquels on peut ranger un Méliton, un Justin ou un Théophile. Enfin, ceux qui revendiquent pour eux l‟appartenance chrétienne, mais qui ne se sont point pour autant détachés du judaïsme : ce sont les judéo-chrétiens au sens strict, parmi lesquels figurent le ou les premiers rédacteurs pseudo-clémentins. L‟objectif de ce colloque sera de montrer que ces catégories, très commodes, ne rendent compte qu‟imparfaitement de la réalité, et tendent à introduire une trop grande distance entre deux branches qui, à cette époque, appartiennent encore à un même tronc.

10h00-11h00

  • Claire Clivaz (Université de Lausanne), Pratiques de lecture et identités: la question des miniatures et du biblaridiond’Ap 10,2.8

Parmi tous les paramètres avec lesquels la recherche tente d‟évaluer les repères identitaires antiques, les pratiques de lecture et d‟écriture, la forme même des manuscrits, représente un lieu-test important, bien qu‟encore à développer. Comme Robert Bagnall l‟a encore réaffirmé (2009), les premières générations chrétiennes semblent avoir adopté massivement la pratique du codex, un fait qu‟il explique par des raisons politico-ecclésiales, tandis que Roger Chartier l‟explique par des considérations de pratiques de lecture (2001). A première vue, le récit des sept prosternations devant les rouleaux de la Torah rapporté dans la Lettre d’Aristée, aussi bien que les analyses quantitatives du contenu des bibliothèques (Daniel Stoekl-Ben Ezra, 2011), sont autant d‟indices qui inviteraient également à légitimer des différences identitaires via les supports et les pratiques de lecture. Cette contribution visera toutefois à bousculer en partie cette idée reçue en se centrant sur la question des rouleaux et codex miniatures, tant dans leur matérialité que dans la terminologie qui les représente. On cherchera à savoir s‟il existe un lien entre lecture individuelle et identité. A priori, là aussi, pratiques chrétiennes et païennes semblent se distinguer de pratiques judéennes (Thomas Kraus, 2010). Toutefois, l‟existence de rouleaux miniatures, l‟examen de la terminologie des diminutifs du biblos et les occurrences du terme très rare biblaridion en Ap 10, 2.8 et dans le Pasteur dHermas (Visio 2, 5, 3 ; 2, 8, 3) permettront de réviser en partie cette impression.

Pause (11h00-11h30)

11h30-12h30

  • Charlotte Touati (Université de Lausanne), Le purgatoire dans les textes égyptiens entre le Ie et le IIIe siècle

Au cœur de débats passionnés et contesté depuis des siècles, le purgatoire a été présenté comme une innovation médiévale, sans fondements scripturaires. L‟Antiquité n‟ignore pourtant pas un « espace » pour la purification de l‟âme. Espace-temps autant que lieu, le purgatoire antique que nous allons suivre est précisément l‟enjeu de débats dans les milieux juifs. Ce thème est un cas d‟école car il permet de démontrer qu‟une fracture ne divise pas prioritairement les juifs et les chrétiens, mais les gnostiques et les autres. Lorsque le monde est conçu comme une prison et que le salut consiste à s‟en dégager, le purgatoire peut être l‟espace aérien (l‟hebdomade) qu‟il faut traverser pour gagner le séjour divin, une semaine symbolique menant au « Grand Sabbat » voire une disposition intérieure à la pénitence. Á travers le cas particulier des textes égyptiens, nous allons tenter d‟identifier des groupes humains, leurs interrogations respectives, le langage déployé pour y répondre, les modèles proposés et les discussions, parfois âpres, qui s‟installent entre les auteurs.

Après-midi

14h30-15h30

  • José Costa (Université de Paris III), Les écrits «sacrés» utilisés par les rabbins aux IIe-IIIe siècles (la Bible des rabbins)

L‟objet principal de notre communication est le rapport qu‟entretenaient les rabbins des IIème-IIIème siècles avec le corpus biblique. Ce rapport peut prendre diverses formes et il concerne à la fois le texte même de la Bible (version proto-massorétique ou pas), son contenu avec la fixation définitive du canon, ses traductions en araméen (Targum) ou en grec (Aquila, Symmaque), son interprétation (Midrash) et son rapport à la « Tora orale ». Toutes ses questions ont déjà fait l‟objet d‟un grand nombre de travaux dont il faudra faire le bilan. Il faut cependant noter qu‟aucune étude (à notre connaissance) ne les traite ensemble, comme les différentes facettes d‟un même phénomène intellectuel et historique, ce qui tient peut-être à une ancienne difficulté juive, celle de considérer la Bible en elle-même et pour elle-même. Il sera également nécessaire de reconsidérer les travaux existants à partir d‟un nouveau paradigme, celui d‟un judaïsme pluriel après 70, comprenant le judaïsme rabbinique mais aussi le judaïsme chrétien et le judaïsme helléniste ou synagogal. Il est peu probable que le rapport des rabbins à la Bible, sur tous les plans que nous avons énumérés, n‟ait pas été affecté d‟une manière ou d‟une autre par ces autres judaïsmes. Ce rapport ne doit donc pas être considéré comme un enjeu essentiellement interne (construction d‟un corpus de référence par les rabbins) ou éventuellement externe (relation avec les littératures sacrées païenne et chrétienne) mais comme un enjeu à la fois interne et externe, au croisement de plusieurs judaïsmes.

15h30-16h30

  • Ron Naiweld (Centre nationale de la recherche scientifique), Les fondements du discours halakhique et la machine discursive de la littérature tannaïtique

Bien que pendant l‟époque tannaïtique le mouvement rabbinique n‟ait probablement pas occupé une position dominante au sein de la société juive, il a tout de même posé les bases d‟un système discursif qui deviendra un jour la religion d‟un peuple. Dans cet article je voudrais examiner quelques caractéristiques du discours tannaïtique lesquels ont donnait lieu à cette évolution. La Mishnah et les recueils exégétiques juridiques (MidrasheiHalakhah), qui sont rédigé au cours du IIIe siècle de notre ère, présentent un système discursif que l‟on a l‟habitude d‟appeler la halakhah, ou la loi rabbinique. Quelques études comparatistes ont proposé récemment que la différence entre la halakhah rabbinique et les discours juridiques d‟autres groupes juifs de l‟époque relève plus de l‟ordre de la structure que de celui du contenu. Les rabbins des premiers siècles replacent les lois (qui peuvent être très proches des lois observées par des groupes juifs « non-rabbiniques ») dans un système discursif que plusieurs chercheurs ont qualifié de « nominaliste » - la validité des lois est dérivée du fait que les institutions rabbiniques les formulent, et non pas des considérations « empiriques » concernant la réalité vécue ou imaginée des promulgateurs des lois. Christine Hayes a même pu parler d‟une « épistémologie juridique » rabbinique qui se distingue de celles des Saducéens et de la secte de Qumran. Dans cette contribution je voudrais lier la théorie nominaliste à mes recherches sur la rabbinisation du monde juif de la fin de l‟Antiquité. Je montrerai comment l‟épistémologie juridique rabbinique crée une machine discursive qui intègre en elle et s‟approprie des lois bibliques, de conventions, des coutumes et des normes déjà existantes. Dans ce discours juridique auto-suffisant, le souci principal n‟est pas l‟applicabilité de la loi, mais sa cohérence avec le reste du discours. C‟est pour cela, par ailleurs, qu‟une partie importante des lois discutées dans le corpus tannaïtique n‟est pas applicable aux temps de sa rédaction (et peut-être ne l‟était jamais). Le système avec lequel les lois doivent être cohérentes est suffisamment complexe pour que plusieurs lois, parfois mêmes contradictoires, puissent y être formulées. Ainsi se crée un discours stable et flexible à la fois, qui permettra, lorsque les conditions historiques le permettront, de devenir la base d‟un code légal d‟une religion.

Pause (16h30-17h00)
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«Mouvements rabbiniques»

Sous la présidence de Christophe Nihan (Université de Lausanne)

17h00-18h00

  • Ra’ananBoustan (University of California), The Veneration of the Dead among Rabbinic and Other Jews in Late Antiquity

Scant evidence exists for a fully developed Jewish cult of the righteous or holy dead in late antiquity comparable to what we find at Christian sites and in Christian sources from across the Mediterranean world. Nevertheless, scholars have catalogued a substantial body of archaeological and textual data suggesting that pilgrimage to graves as well as the ritual use of human remains constituted one facet of Jewish piety in the late Roman period. This paper reviews the evidence for the Jewish cult of the dead both within and beyond rabbinic literature. I show that these materials not only reflect a diversity of Jewish attitudes toward the cult of the dead, but also attest growing interest in and latitude toward such practices over time. Certainly, one prominent strain within early rabbinic literature sought to prevent the sanctification of holy places outside of Jerusalem and its destroyed Temple; it was likely part of that wider project that the rabbis of the second to fourth centuries explicitly set restrictions on pilgrimage to and worship at the graves of the special dead, as potentially dangerous sites of interreligious contact and shared worship. Yet, archaeological materials ranging from the Patriarchal and rabbinic tombs at BeitShe„arim to the burial of human bones at the Dura Europos synagogue, alongside textual evidence found within the rabbinic corpus itself, suggest a more complex picture. In our effort to make sense of this pattern, we should neither posit a single “common Judaism” that encompassed this full range of practices and attitudes, nor partition Judaism into clear-cut rabbinic and non-rabbinic forms. Instead, I would suggest that we balance our recognition of the severe limits of rabbinic authority within Jewish society with unromantic consideration of the increasing impact of rabbinic hegemony on Jewish culture toward the end of late antiquity. The dual impact of rabbinization and Christianization transformed the Jewish cult of the dead in ways that the first generations of rabbis could not have foreseen.

Sous la présidence de Simon Claude Mimouni (École pratique des Hautes études)

18h00-19h00

  • Hervé Inglebert (Université de Paris X), Qu’en est-il des «judaïsmes» dans l’empire romain aux IIe-IIIe siècles?

D‟Hadrien à Constantin, de 135 à 312, les Judéens ont vécu de manière apaisée vis-à-vis du pouvoir impérial romain auquel ils se sont résignés ou qu‟ils ont accepté. En particulier, les chrétiens, puis plus tard les manichéens, endossèrent le rôle d‟opposants idéologiques ponctuels à Rome ou du moins furent parfois définis comme tels par le pouvoir romain. Dans le renouveau des définitions des appartenances collectives des Juifs, les empereurs Septime Sévère et de Caracalla jouèrent un rôle important, en permettant l‟intégration des notables judéens à la vie civique, en reconnaissant le patriarche comme ethnarque des Judéens et en octroyant de la citoyenneté romaine à la plupart de pérégrins de l‟Empire, dont les Judéens, en 212. Le IIIe siècle fut non seulement un moment privilégié de coexistence sociale et religieuse entre les Judéens et les autres habitants de l‟Empire, mais aussi de leur participation au modèle gréco-romain de la cité, voire de leur réinclusion au sein du système du pouvoir impérial. On tentera de montrer que tout ceci fut un laboratoire d‟expériences qui purent servir de modèles pour les relations entre les chrétiens et les païens aux IIIe et IVe siècles.
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Conclusion
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Lieu

  • Université de Lausanne, Amphimax UNIL Sorge 414 

Inscription au colloque gratuite dans la limite des places disponibles.
Prière de s’annoncer chez sara.schulthess@unil.ch