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24 janv. 2013

Sc. Po REASOPO 6e Rencontre européenne d’analyse des sociétés politiques: "L’Etat de papier: matérialisation et dématérialisation de la citoyenneté", Paris, 31 janv.-1 févr 2013

Sciences Po
Réseau européen d’analyse des sociétés politiques
Sixième Rencontre européenne d’analyse des sociétés politiques 

L’Etat de papier: matérialisation et dématérialisation de la citoyenneté

Paris
31 janvier-1er février 2013 
Présentation
La bureaucratisation du monde, à laquelle le Réseau européen d’analyse des sociétés politiques avait consacré sa deuxième rencontre, les 5 et 6 février 2009, s’est appuyée sur des procédures et des documents écrits, dont les formes numériques contemporaines ne sont que des avatars. Dans le contexte de l’universalisation de l’Etat-nation et de la globalisation, le papier, matériel ou virtuel, a été depuis plus de deux siècles un vecteur majeur de contrôle social et politique, d’accumulation primitive et de reproduction du capital, d’exploitation de la force de travail, d’extraction fiscale, mais aussi de subjectivation. C’est par son intermédiation que l’on se définit, ou que l’on est défini, civiquement et moralement. Les papiers officiels ou personnels sont devenus inhérents à notre vie au point d’être, pour certains d’entre eux, des « papiers d’identité ». Qu’une photo cachée soit dévoilée, qu’un document soit égaré, volé, falsifié ou refusé, c’est toute une destinée qui peut basculer, preuve s’il en est de l’indiscernabilité de l’image, de l’écrit et de la vie. 

Ainsi, l’invention de la photo anthropométrique par Alphone Bertillon a rendu possibles des modes inédits de surveillance et de coercition de la population (atelier I). Mais on ne peut se limiter à une vision univoque de ces derniers. Papiers et photos d’identité ne valent que par leurs usages effectifs, que par les pratiques qu’en ont les acteurs, dans des situations et des circonstances données. Il est ainsi loisible d’en faire la biographie, dans la lignée des travaux anthropologiques d’Igor Kopytoff et d’Arjun Appadurai sur la « vie sociale des choses » : procédures et documents sont matière à contestation, négociation, interprétation, détournement, imagination, et même à esthétique bureaucratique, comme l’atteste l’étude des conditions concrètes des demandes d’asile politique, de reconnaissance des titres de propriété, de recherche des migrants disparus en mer, ou de rédaction des procès-verbaux policiers (atelier II). A la limite, les conflits politiques trouvent une traduction abrégée dans des disputes de papier, qui ne sont pas moins sanglantes pour autant ainsi que l’a illustré de manière tragique la crise ivoirienne : la problématique de l’autochtonie s’est nouée autour de la délivrance de cartes d’identité et de titres de propriété, indissolublement liée à l’exercice ou à l’exclusion du droit de vote (atelier III). 

La citoyenneté contemporaine est donc bien une citoyenneté de papier. Néanmoins, elle ne coule pas de source(s) puisque précisément elle est l’objet, en tant que telle, de pratiques énonciatives contradictoires. Sous la fausse évidence de l’écrit se cachent de redoutables questions de méthode tant pour les chercheurs en sciences sociales que pour les administrations et les associations qui contrôlent leur pouvoir. Vieux problème, que l’historienne démêle à propos de l’immigration polonaise dans la ville de Lens, dans le nord de la France, ou au détour d’une microstoria de la Shoah (Leçon). Il en ressort que l’ordre bureaucratique n’est pas la négation légal-rationnelle des luttes sociales, mais au contraire l’un de leurs champs. 

Jeudi 31 janvier 2013 (17h-20h) 
CERI-SciencesPo, 56, rue Jacob 75006 - Paris 
  • Leçon du Cycle européen d’études africaines du Reasopo: Autour de l’oeuvre d’Eric de Rosny (1930-2012) avec Roberto Beneduce (Turin) et Peter Geschiere (Amsterdam), sous la présidence de Richard Banégas (Paris) 

Vendredi 1er février 2013 (9h45-12h30) 
Cinéma Saint-Germain-des-Prés, 22, rue Guillaume Apollinaire 75006 - Paris 

9h45 : Accueil des participants
 
(10h–12h30)
  • Atelier I : Autour de la photo anthropométrique 
Projection du film 48 (2009, 93 minutes) de Susana de Sousa Dias (Lisbonne),  en présence de la réalisatrice, suivie d’un débat avec la participation de Victor Pereira (Pau) et de Pierre Piazza (Cergy-Pontoise) 
12h30-14h30 : Pause déjeuner 

Après-midi (14h30 à 19h30)
CERI-SciencesPo 56, rue Jacob 75006 - Paris 
  • 14h30-15h30. - Leçon Etre (ou ne pas être) étranger : cela ne coule pas de sources 
Président : Giovanni Levi (Venise) 
avec Claire Zalc (Paris) 

(15h30 – 17h30)
  • Atelier II : La vie sociale des papiers d’identification : biens et personnes 
Présidente : Françoise Mengin (Paris) 
avec Mirco Göpfert (Mayence), Patrice Berline (Nîmes), Abderrhamane Hdili (Tunis), Barbara Sorgoni (Bologne) et Sara Berry (Baltimore) 
17h30 – 18h: Pause café 

(18h-19h30) 
  • Atelier III : Côte d’Ivoire, 1994-2013 : une citoyenneté de papier 
Président : Laurent Fourchard (Bordeaux) 
avec Richard Banégas (Paris), Dino Cutolo (Sienne) et Epiphane Zoro Bi (Abidjan)