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10 nov. 2013

ANR "Médias 19": Appel à communications, colloq internat. "Presse et opéra en France, 1750-1850", Lyon, 13-15 nov. 2014 (limite: 15 janv. 2014)

ANR Médias 19
Appel à communications
Colloque international

Presse et opéra en France, 1750-1850

Lyon
13-15 novembre 2014
(limite: 15 janvier 2014)


Présentation
Cette manifestation, qui aura lieu à Lyon du 13 au 15 novembre 2014, se situe à la fois dans le prolongement du colloque « Presse et scène au XIXe siècle » organisé dans le cadre de l’ANR Médias 19 (voir les actes publiés en ligne surwww.médias19.org), des travaux sur la presse et sur le rapport entre critique et presse conduits par les équipes XVIIIe siècle de l’UMR LIRE Lyon 2 et Grenoble 3, et des recherches menées dans l’axe « Littérature et arts » de LIRE. Il se place aussi dans le sillon des travaux sur la poétique du journal et sur la parole vive et la chanson menés au sein du Rirra 21, et de l’ouvrage collectif La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse au XIXe siècle (1800-1914) (dirigé par D. Kalifa, P. Régnier, M.-E. Thérenty, A. Vaillant, Nouveau monde éditions, 2011).
Cette rencontre scientifique ne se donne pas pour objectif l’analyse des modalités critiques de la réception des spectacles d’opéra et de la musique dans la presse, la question faisant actuellement l’objet d’investigations multiples, dans le cadre de séminaires de recherches à l’université Grenoble 3 ou pour la période suivante dans le sillage des travaux pionniers et ambitieux d’Emmanuel Reibel sur la critique musicale, de la part de l’AHRC « Francophone Music Criticism 1789-1914 » dirigé par Katharine Ellis et Mark Everist.
Il s’agira plutôt de déterminer les relations croisées (institutionnelles, sociologiques, esthétiques, politiques) entre le monde de l’opéra et celui de la presse, entre fin de l’Ancien Régime et époque romantique. Sur une période comprise entre 1750 et 1850, nous chercherons à dégager les continuités ou au contraire les points de rupture ; nous nous attacherons à saisir les similitudes de certains phénomènes malgré des différences certaines de structure, du côté de la presse comme dans le champ de l’opéra.
Voici les axes à partir desquels une réflexion pourra être menée dans le domaine de l’opéra, de l’opéra-comique et de leurs sous-genres saisis dans leur existence « médiatique » ou au miroir de la presse :

1-Les supports médiatiques et leurs évolutions sur la période
a-La place de l’opéra dans la presse généraliste. Quelles sont la nature et l’évolution des discours et des rubriques : comptes rendus, chroniques puis feuilletons ; nouvelles et échos des coulisses ; portraits d’artistes et nécrologies…etc ? L’opéra s’immisce-t-il dans des rubriques où on ne l’attend pas ?  Pour cette approche privilégiant la poétique du journal, la presse provinciale sera examinée autant que la presse nationale.
b-Les journaux musicaux spécialisés. Des journaux spécialisés naissent au XVIIIesiècle, comme le Journal de musique ou L’Almanach musical ; au XIXe siècle, avec laRevue musicale, la Revue et gazette musicale de Paris ou Le Ménestrel, cette presse prend un autre essor, trouve une stabilité, un autre lectorat, qui lui faisaient en partie défaut au siècle précédent. Qu’en est-il de ces journaux, peut-on observer sur le long terme des caractéristiques spécifiques ou communes ? Quelle place accordent-ils spécifiquement à l’opéra au sein de leurs discours sur la musique ? Comment cette place évolue-t-elle sur la période ? En quoi cela manifeste-t-il une résistance de l’opéra ou au contraire une émancipation de la musique « pure », hors de la parole et du spectacle ?
c-Dans ce cadre, on pourra s’intéresser au journal comme support éditorial, proposant livrets, partitions détachées, reproductions de décors et costumes, descriptions de mises en scène ou de trucages. Comment un « spectacle (lyrique) dans un fauteuil » se déploie-t-il sur le papier journal ? Quel rôle la presse joue-t-elle alors dans la transmission des productions lyriques vers la province ou vers l’étranger ?
           
2-Carrières lyriques et carrières médiatiques
a-Doubles carrières, réseaux communs. L’enquête se fera ici sociologique et concernera autant l’histoire de la presse que celle de l’opéra. On envisagera en particulier la formation musicale des journalistes. On observera comment les directeurs de théâtre s’impliquent dans la gestion médiatique, en faisant l’événement ou en prenant en mains des entreprises de presse – inversement, en passant de la presse à l’opéra comme, au XIXe siècle, le Docteur Véron, à la fois directeur de laRevue de Paris et de l’Académie royale de musique. On prendra le cas de compositeurs ou de librettistes journalistes. Au XVIIIe siècle, le rôle de Marmontel ou de Grétry serait intéressant à évaluer comme, dans cette même perspective des carrières croisées, celui de Jouy ou de Berlioz au XIXe.
b-Les liens privés entre comédiens, comédiennes et hommes de presse sont souvent mis à profit par les premiers, pour favoriser leur carrière, par les seconds, pour seconder des projets plus intimes. Comment est exploitée médiatiquement la rumeur de ces petits arrangements privés ?
c-Les sociabilités construites à l’Opéra et dans la presse seront étudiées dans leurs codes et leurs évolutions, au fil des transformations socio-politiques de la période. En quoi les loges et le foyer de l’Opéra ou de l’Opéra-Comique sont-ils des lieux de rencontres entre artistes et journalistes ? Que s’y joue-t-il ? Quels sont les autres lieux d’échanges, à Paris comme en province ? Par quels codes ces échanges sont-ils régulés ?

3-Représentations croisées
a-L’opéra comme manifestation du politique. Comment la lecture de la presse permet-elle de ressaisir à distance, aujourd’hui, les enjeux socio-historiques d’une représentation lyrique donnée ? Comment le compte rendu ou la polémique, dans le journal, aident-ils à interpréter, en contexte et en cotexte, la « socialité » d’une œuvre lyrique, du livret, de la partition ou du spectacle ? La presse vient-elle expliciter un sens rendu latent par le poids de la censure ? Ou dénonce-t-elle l’exploitation politique de l’Opéra et de l’Opéra-Comique sous tel régime ?
b-Les carrières lyriques se construisent (aussi) dans la presse. Comment, avec quels outils médiatiques, par quelles représentations récurrentes ou quelles rubriques (les récits de « débuts » ou de « bénéfices » par exemple), selon quelles évolutions se constitue l’image des chanteurs, des musiciens, des librettistes mais aussi des institutions lyriques ? La presse joue-t-elle un rôle dans la naissance du « vedettariat » lyrique ? et dans l’évolution des types vocaux et théâtraux de « vedettes » célébrées ? Le traitement médiatique des changements de salles (catastrophes, incendies, déménagements, faillites) fait-elle évoluer la place occupée par telle institution lyrique ?
c-Fictions en miroir. D’un côté, le sous-genre des nouvelles « musicales » se développe autour de 1830 dans les revues spécialisées ou non (Sarrasine, Gambara, Massimila Doni de Balzac sont des exemples fameux). Certains romans « de l’artiste » ou romans « musicaux » (tel Consuelo de Sand) peuvent puiser leur matériau artistique et historique dans la presse. D’un autre côté, on peut penser aux cas où la presse est représentée à l’opéra, dans le cadre d’opéras-comiques ou de parodies. Comment le journaliste ou le lecteur de journal est-il montré sur les scènes lyriques ? Et quelle place « l’objet » journal prend-il au sein de certaines intrigues lyriques ?
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Les propositions de communication, sous forme d’un argumentaire de 2000 signes et d’une brève présentation personnelle, sont à envoyer aux trois organisateurs avant le 15 janvier 2014 :
Les articles définitifs devront être envoyés dans le mois suivant le colloque pour une publication en ligne sur le site www.médias19.org
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Organisateurs : Olivier Bara (Univ. Lumière Lyon 2, LIRE), Christophe Cave (Univ. Stendhal Grenoble 3, LIRE) et Marie-Eve Thérenty (Univ. Paul-Valéry Montpellier 3, RIRRA 21)
Comité scientifique : Mark Everist, Michael O’Dea, Alban Ramaut, Emmanuel Reibel, Pierre Saby, Thomas Vernet, Jean-Claude Yon
Source: http://www.medias19.org/index.php?id=15563