Chercher in Nomôdos

3 févr. 2010

Appel à contributions, Colloque ED Sc. Po. de l’Université Paris I, "Critique(s) de la domination: Historicité(s), circulation(s), renouveau(x)", [Paris?] 24 sept. 2010 (limite 15 avr. 2010)

Information transmise par Fr. Audren:
Appel à contributions
Colloque de l’Ecole Doctorale de Science Politique de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne
Critique(s) de la domination:
Historicité(s), circulation(s), renouveau(x)

[Paris?]
vendredi 24 septembre 2010
(limite 15 avril 2010)
 
Comité organisateur
Valentine Baleato, Emmanuelle Bouilly, William Herrera, Nedjib Sidi Moussa, Paolo Stuppia (doctorants en science politique, Paris I)
 
Comité scientifique
Patrick Bruneteaux (CESSP-CRPS, Paris I), Elsa Dorlin (CHSPM, Paris I), Michel Pigenet (CHS, Paris I), Johanna Siméant (CESSP-CRPS, Paris I), Isabelle Sommier (CESSP-CRPS, Paris I), Jérôme Valluy (CESSP-CRPS, Paris I), Anne-Catherine Wagner (CESSP-CSE, Paris I).
 
Présentation
Depuis quelques années, le champ scientifique semble marqué par le retour ou la reformulation de concepts liés à la critique de la domination et par l’élaboration de nouveaux concepts pour la penser. À l'occasion de travaux récents dans différents domaines, des outils dans l’analyse des rapports sociaux, économiques et culturels, qui paraissaient tombés en désuétude au même titre que les positions théoriques qui les avaient popularisés au cours des XIXème et XXème siècles, reviennent sur le devant de la scène. Nous avons pu assister, notamment, à un questionnement autour du «retour des classes sociales» (Chauvel, 2001 ; Bouffartigue, 2004), à une discussion autour des notions d'«empire» ou d’«impérialisme» (Steinmetz, 2008). Dans le même mouvement, les recherches mobilisant le paradigme de l’intersectionnalité se sont multipliées (Dorlin, 2009 ; Fillieule et Roux, 2009), tout comme les débats sur l'«ethnicité» (Fassin, 2006) et le « postcolonial » (Bayart, 2010) ou l’identité (Boubeker et Hajjat 2008).
Certains de ces travaux ont devancé ou suivi des mobilisations sociales et/ou politiques (comme la loi du 23 février 2005, les émeutes urbaines d'octobre-novembre 2005, la question du voile islamique, ou encore les grèves de travailleurs sans-papiers), qui se sont accompagnées d'une recomposition de certaines organisations politiques (création du NPA-Nouveau Parti Anticapitaliste) et associatives (Attac, Ni Putes ni Soumises, les Indigènes de la République). A l'agenda des politiques publiques, sont apparus des thèmes comme la «parité», la «discrimination positive», puis la «diversité». Sur le plan international, Chavez, Morales et Correa parlent de «socialisme du XXIème siècle» et participent à l’émergence des processus d’intégration régionale, comme l’ALBA, remettant en cause la prédominance de l’hégémonie états-unienne et du néolibéralisme.
Ces cas illustrent la prégnance des formes de domination, de sa contestation mais également l’idée d’une critique renouvelée qui se déploierait à l’intersection de champs (scientifique, politique, journalistique, militant), au sein d’espaces nationaux et transnationaux. 
En tant qu’objet classique des sciences sociales, la domination a souvent animé la réflexion et parfois suscité le débat entre les différents courants inhérents à chaque discipline, qu’il porte sur l’analyse des systèmes sociaux «simples» (Clastres, 1974) ou complexes (Goffman, 1979 ; Easton 1953). Depuis Max Weber, il est admis que la notion de domination diffère de celle de pouvoir ou d’autorité dans la mesure où elle désigne l’ensemble des relations de commandement et d’obéissance reposant sur le consentement. A partir des acquis
wébériens, mais considérant également la critique marxiste sur la fonction de l’idéologie dans la domination économique, Bourdieu forge la notion de violence symbolique considérant la somatisation des rapports de domination. Les questions d’hégémonie, de consentement ou d’idéologie dans la définition de la domination demeurent contemporaines (Martucelli, 2004).
Cette journée d’étude portera sur l’ensemble des mobilisations, des prises de position, explicites ou non, qui visent à (dé)légitimer ou à contester les rapports de domination, qu’ils soient relatifs au sexe, à la «race», à la classe, ou à l'âge et s’exercent dans un régime démocratique ou autoritaire. D’ailleurs, la réflexion pourra prendra en compte différentes échelles d’analyse - espace privé (Schwartz, 2002), sphère internationale ou transnationale (Tarrow, 2005) -, et types de protestation - «arts de la résistance» (James C. Scott, 1990), pratiques ordinaires (Kott, 2001, Lüdtke, 1994), mouvements conservateurs. Les analyses et enquêtes s’intéresseront aux acteurs de la critique, à leurs registres discursifs, répertoires d’action et trajectoires biographiques. Porter notre attention sur l’historicité des formes de contestation et de l’usage de concepts ayant trait aux dominations, nous permettra d’interroger l’idée d’un «renouveau» de la critique, évitant ainsi les écueils du «jamais vu» et du «toujours ainsi» (Passeron, 1991).
Cette réflexion sur la critique de la domination nous invite à privilégier la
transversalité (tenant compte des enjeux de convergence, de hiérarchisation et d’intersectionnalité) ainsi que l'interdisciplinarité. L’objectif du colloque est ainsi de réunir les contributions de chercheurs, jeunes ou confirmés, sur des espaces sociaux et temporels différenciés. Ces contributions pourront s’appuyer sur une analyse empirique approfondie et tendront vers une analyse théorique des notions introduisant un questionnement du renouveau, des formes et acteurs de la critique de la domination, sans oublier d’expliciter les outils méthodologiques à mettre en oeuvre. Nous proposons ainsi d'interroger le «renouveau» de la
critique selon les axes suivants:
  • Historicité, cyclicité de la critique : entre ruptures et continuités.
Il s’agit ici de s’intéresser aux dynamiques historiques des processus de critique de la domination, et des acteurs l’incarnant. Il importe en effet de replacer les critiques de la domination dans leur contexte d’émergence et de les considérer sur un temps long. Les héritages, filiations, crises mais aussi les repositionnements et reconversions des acteurs de la critique seront envisagés. Dans quelle mesure les altermondialismes ou le «socialisme du XXIe siècle» s’inscrivent-ils dans une continuité avec l'anti-impérialisme, le tiers-mondisme ou le mouvement ouvrier? Peut-on parler de capital cognitif au sens d’une ressource mobilisable fondée sur une mémoire des mobilisations antérieures? Comment perdurent certaines lectures de la domination, et ressurgissent d’autres qui avaient été abandonnées? Et comment certains acteurs s’en emparent-ils? 
  • Mécanismes et acteurs de la critique: qualifier / requalifier / disqualifier la domination.
Au-delà des dispositifs de reproduction de la domination, il s’agit d’étudier les mécanismes d’identification, de dénonciation, ou de (dé)construction de celle-ci. Comment certains acteurs, individuels ou collectifs, désignent-ils la domination, et comment viennent-ils à la contester? Ceci nous invite à étudier le travail interprétatif et argumentatif, les registres discursifs et les répertoires d’action, aussi bien que les caractéristiques sociologiques et processus de politisation des dominé-e-s, ou d’entrepreneurs de cause parlant en leur nom. Les représentations concurrentielles de la domination au sein des groupes des dominés et les effets élitistes à l’intérieur des mobilisations peuvent permettre de saisir les luttes de construction ou de labellisation (étiquetage, Becker 1963) de la domination.
Par ailleurs, existe-t-il des conflits entre types de domination ou au contraire des formes de cumul, de gradation ou de hiérarchisation (genre priorisé face à la race, à la classe ou inversement etc.)? Ceci amenant à regarder du côté de la construction des problèmes publics (Gusfield, 1981), de mise sur l’agenda de telle ou telle forme de domination et de la carrière d’une cause (Bereni, 2007). Selon quelles modalités certaines critiques de la domination fontelle l’objet de politiques publiques? S’en trouvent-elles dès lors associées, incorporées, ou désamorcées?
  • Circulation, diffusion de la critique : la place et le rôle du champ scientifique.
Les dynamiques et les ressorts de diffusion et de circulation de cadrages cognitifs, de représentations de la domination, notamment entre différents espaces et champs, tant à l’échelle nationale qu’internationale, nous intéressent ici particulièrement. Quelles interactions peuvent-être repérées entre champs scientifique, militant ou éditorial? Et quel peut être le rôle joué par certaines figures d’intermédiation, ou de courtage, telles que l’intellectuel engagé, ou partisan (Siméant, 2002) ? Il s’agit par exemple de s’interroger sur les importations sémantiques, la circulation des subaltern studies, des postcolonial studies (Bayart, 2009) ou des cultural studies, l’intersectionnalité (Dorlin, 2009) ou la création de cursus académiques (Cîrstocea). Cette dernière question nous invite à penser les effets produits sur les champs nationaux (politique, étatique, social et mobilisationnel, scientifique etc. – Dezalay et Garth, 2002) par la circulation des acteurs, des élites et des formes de critique de la domination.
 
Pratique
  • Les propositions de communication d’une longueur maximum de 4000 signes rédigées en français ou en anglais sont à adresser aux organisateurs avant le 15 mars 2010 à l’adresse mail suivante: colloque.scpoparis1@gmail.com.
  • La liste de propositions retenues sera communiquée le 15 avril. La version finale des communications devra être envoyée avant le 15 août 2010.
  • Le colloque se tiendra le vendredi 24 septembre 2010.