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19 déc. 2012

RT "Normes, déviances et réactions sociales", appel à communications: congrès AFS, "Les dominations", Nantes, 2-5 sept. 2013 (limite: 31 janv. 2013)

Information transmise par L. Kondratuk:

Réseau thématique Normes, déviances et réactions sociales (RT 3) 
Appel à communications 

Congrès Association française de sociologie

Les dominations

Nantes
2-5 septembre 2013
(limite: 31 janvier 2013)

Présentation
Dans le prolongement des dernières conférences et journées scientifiques organisées par le réseau « normes, déviances et réactions sociales »1, cet appel à communication invite à interroger les liens entre la question des dominations et les thèmes de recherche du RT3. La question de la domination a été au fondement de la naissance d'une sociologie du crime et des normes. Dès le début du vingtième siècle, la sociologie marxiste rompt avec les premières théories du comportement criminel reposant sur une lecture biologique, en insistant sur les liens entre le développement du capitalisme et la répression de certains comportements non productifs2. Ces travaux ont nourri tout un courant de recherches sur le crime et la production de normes pénales, appréhendés comme le résultat de rapports de domination entre groupes sociaux. Le courant interactionniste, en mettant en avant la notion de déviance, prolonge et renouvelle cette lecture. La déviance est définie comme la transgression de normes, lesquelles sont perçues comme le produit de négociations entre groupes sociaux. Dans ces négociations, individus et groupes d'individus ne partagent pas les mêmes capacités pour produire et faire appliquer les normes3. 
Pour autant, les déviances et leur contrôle ne peuvent s'analyser simplement comme le résultat d'une opposition entre « dominants » et « dominés ». Les rapports de domination paraissent rarement unilatéraux et bien définis. En ce sens, plusieurs théorisations contemporaines rendent compte de l’autonomie relative des dominés4. Les relations qui se tissent au quotidien entre différents acteurs, membres de groupes déviants, bandes de rue, groupes de supporters, entre les jeunes, les populations « à risque » et les autorités judiciaires, policières, les travailleurs sociaux, etc., donnent à voir des jeux de pouvoirs, des logiques de résistance, de défiance, tant d’éléments que le sociologue cherche à saisir. De plus, si les rapports de domination entre les acteurs du contrôle social et les acteurs déviants ont longuement été analysés, la question des rapports de domination qui se développent entre les acteurs du contrôle social et/ou entre les individus considérés déviants reste peu explorée. 
Ainsi pourrons-nous nous demander en quoi la notion de domination permet de saisir les processus normatifs, les processus de déviance, les mécanismes de régulation et les dispositifs de contrôle social et, à l'inverse, en quoi l’étude des normes, déviances et réactions sociales permet de réinterroger la notion de domination et les théories s’y rapportant. 
Nous pourrons également nous demander comment, dans le champ couvert par le RT3, la notion de domination s’articule avec d’autres notions plus ou moins reliées (inégalités, pouvoir, autorité, contrainte, consentement, soumission, résistance, etc.), notamment avec des notions couramment mobilisées dans le champ de la sociologie de la déviance et du contrôle social (ordre/désordre, violence, répression, coercition, discipline, entrepreneur de morale, etc.) 
Dans cette perspective, les communications pourront notamment porter sur l’un des quatre axes suivants: 
■ Les rapports de domination au sein des groupes déviants 
Comment et sous quelles formes les dominations socioéconomiques, culturelles et genrées s’exercent-elles dans les milieux marginalisés, déviants ou délinquants ? (ex: hiérarchisation interne des bandes, relations entre détenus, etc.) 
■ Les rapports de domination intra et inter institutions chargées du contrôle social 
Quels rapports de domination, de pouvoir ou d'autorité se développent-ils entre les différents acteurs en charge du contrôle social et au sein des différentes institutions, entre le personnel y travaillant et entre les professionnels et les usagers ? 
(ex : jeux de pouvoir et dissymétrie des relations dans les dispositifs partenariaux de sécurité et de prévention de la délinquance, processus de segmentation des groupes professionnels chargés du contrôle social, etc.) 
■ Les rapports de domination entre les acteurs (désignés comme) déviants et les acteurs chargés de les contrôler 
Quel est le rôle des institutions et des acteurs du contrôle social dans le maintien de l’ordre social, des inégalités et des rapports de domination et au contraire, dans les résistances en oeuvre ? Quelles 
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stratégies les populations déviantes et délinquantes mettent-elles en oeuvre pour résister, déjouer et défier ces rapports de domination ? (ex: rapports jeunes/population/police, usagers/professionnels du social et de l’éducation, détenus/personnel des établissements pénitentiaires, malades/professionnels de santé, etc.)
■ La domination dans les rapports sociaux de genre 
Cet axe invite à réfléchir sur les mécanismes de domination à l’oeuvre dans les rapports sociaux de genre dans des milieux à l’épreuve de la déviance et de la violence. Qu’en est-il de ces rapports au sein de groupes à dominante masculine (monde policier, monde carcéral, monde sportif) et pour certains d’entre eux étiquetés déviants (« bandes » de jeunes de quartier, groupes radicaux politiques ou militants, groupes de supporters, crew de graffeurs) ? Quelles pratiques, ruses, stratégies de résistance les femmes évoluant dans ces milieux majoritairement masculins adoptent-elles ? - 1 - Les résumés des propositions de communication devront indiquer : nom, prénom, adresse électronique et institution d'attache du ou des auteur(s). Ils n’excéderont pas 1500 signes (espaces compris), devront être rédigés en français ou en anglais et devront parvenir au plus tard le 31 janvier 2013, sous format Word, à claire.lebailbonnard@ids.fr 
- 2 - Les avis du comité de sélection seront transmis aux auteurs mi-février 2013. Les résumés des propositions acceptés seront enregistrés sur le site de l’AFS en février et figureront dans le volume édité pour le congrès (1500 signes). 


Notes
1 Colloque « Regards croisés sur la régulation sociale des désordres », les 26 et 27 octobre 2010 à l’Institut du Développement Social à Rouen ; colloque « L’Etat social dans tous ses états », les 8 et 9 décembre 2011 à l’Institut Régional de Travail Social PACA Corse ; journées scientifiques « Normes, déviances et réactions sociales : méthodes d’enquête et expériences de recherche » le 10 décembre 2012 à l’Université de Bordeaux II et le 8 février 2013 à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme. 
2 On pense notamment à deux ouvrages classiques de la sociologie du crime : B. Bonger, Criminalité et conditions économiques, 1905 ; G. Rusche, O. Kirchheimer, Punishment and Social Structure,Presses de l'Université de Columbia, 1939 ; [traduction française Peine et structure sociales de Rusche et Kirchheimer, Peine et structure sociale; histoire et « théorie critique » du régime pénal, texte présenté et établi par R. Lévy & H. Zander, Paris, Cerf, 1994, coll. Passages]. 
3 Becker, Howard S., 1985 (première édition 1963). 
4 Citons C. Grignon et J.C. Passeron (1989) et leur tentative de dépasser les positions misérabilistes et populistes, J.C. Scott (2009) et son analyses des « discours cachés » et des résistances des dominés, ou encore la notion « d’acteurs faibles » développée par J.P. Payet, F. Guiliani et D. Laforgue (2010).